Clarice Cliff ou la céramique joyeuse

Des couleurs vives, des dessins joyeux, un style "captivant, spontané et fluide", un travail à la fois "ambitieux" et "naïf"... La céramique signée Clarice Cliff ne laisse pas indifférent et aujourd'hui, les œuvres de cette artiste, notamment celles réalisées dans sa période faste des années 30, suscitent un regain d'intérêt dans les salles des ventes. C'est pourquoi l'événement organisé le 18 mars prochain par Bonhams à Londres peut être qualifié d'exceptionnel. La collection personnelle de Sevi Guatelli, lui-même artiste peintre, réunit en effet une centaine de lots, soit la plus grande collection de ses oeuvres jamais mise aux enchères. Mais qui est donc Clarice Cliff ? Comment expliquer l'engouement actuel autour de cette artiste qui traversa le vingtième siècle ?

Une personnalité hors du commun

Clarice Cliff est tombée dedans quand elle était petite : née le 20 janvier 1899 dans la ville de la poterie Tunstall, quatrième d'une famille de huit enfants, elle commence le travail de la céramique dès ses 13 ans, en tant qu'apprentie émailleur. Elle rejoint à 17 ans la grande manufacture A.J. Wilkinson's Royal Stattfordshire Pottery, comme lithographe et est très vite repérée pour ses talents. Elle y rencontre Colley Shorter, son futur mari, qui lui permet d'assister à des cours du soir à l'Ecole d'art de Burslem, puis la sculpture au  Royal College of Art de Londres. Et retourne tranquillement travailler dans un petit studio de création chez Wilkinson. Le déclic a lieu en 1927-1928 : Colley Shorter organise une vente test de soixante de ses pièces baptisées la collection "Bizarre" : les revendeurs de Wilkinson, non seulement découvrent à cette occasion l'incroyable talent de Clarice, mais également sont soufflés par la rapidité avec laquelle ces pièces sont vendues. Alors que l'époque de la céramique britannique est à la porcelaine blanche ou traditionnelle, les œuvres de Clarice détonnent : l'art déco explose, ses dessins présentent des couleurs vives, des traits de pinceau audacieux, elle ose des motifs encore jamais vus... C'est le succès ! "Bizarre" ou encore baptisée "Fantasque", ces collections posent les grandes lignes de ce qu'on appellera désormais la céramique Clarice Cliff. Une explosion de couleurs, des modèles innovants et une joie communicative.

La première femme "directeur artistique"

La jeune femme détonne et étonne. Forte de son succès, elle obtient le poste de directeur artistique : pour une femme à cette époque, c'est une première ! Elle s'adjoint alors une équipe de jeunes artistes peintres qui partagent ses idées, comme Laura Knight ou encore Vanessa Bell (par ailleurs sœur aînée de Virginia Woolf), tous plus talentueux les uns que les autres. Une période faste pour Clarice : la production explose, elle supervise près de 150 employés avec qui elle conçoit près de 500 formes nouvelles, pour plus de 1000 modèles de dessins ! Au milieu des années 30, les pièces sorties d'usine prennent officiellement son nom. Clarice et Colley se marient en 1940. La guerre casse cette belle mécanique. Jamais la production ne retrouvera le faste d'avant conflit, tandis que Colley et Clarice passent moins de temps à la manufacture. Colley meurt en 1963 et Clarice décide de prendre sa retraite. La manufacture est revendue et la production des modèles de l'artiste s'arrête avec ce retrait. Le 23 octobre 1972, alors qu'elle écoute une émission de radio, assise sur sa chaise favorite, dans son jardin, l'artiste s'éteint paisiblement. Modernité et joie caractérisent l'œuvre de Clarice Cliff qui retrouve aujourd'hui l'engouement qu'elle n'aurait jamais dû perdre. Pour découvrir quelques-unes des pièces mises en vente le 18 mars, cliquez sur suivant. Vente Collection Sevi Guatelli de pièces de Clarice Cliff - Bonhams Le 18 mars à Londres Plus d'informations : Site du Clarice Cliff collectors club Site officiel : Clarice Cliff website