L'artisanat égyptien dépoussiéré

Lorsque son frère lui a demandé de l'aide pour développer durablement la petite Oasis de Siwa (Ouest de l'Egypte), il y a dix ans, Leïla Neamatalla n'a pas hésité. Déjà à l'origine d'une entreprise de bijoux née il y a près de trente ans, cette femme de caractère a décidé de faire appel aux jeunes femmes célibataires de la localité, habituellement mises au ban, pour dépoussiérer l'artisanat égyptien et lui redonner tout son prestige.

Des textiles de qualité

Chaque région d'Egypte a une spécialité artisanale, explique Leïla Neamatalla : "La Haute-Egypte produit le tissage à la main et la broderie nubienne, le Caire est connu pour sa couture... Quant au village de Siwa, il est réputé, depuis plus de deux millénaires, pour ses fines broderies et sa qualité de main d'œuvre". Problème : les grands-mères ont cessé de transmettre leur savoir-faire artisanal aux jeunes générations : "En parcourant les marchés, je suis tombée nez à nez avec des tissus soi-disant typiques et en fait synthétiques et extrêmement bas de gamme", explique Leïla. Son premier travail a donc été de convaincre les deux générations du village de travailler ensemble. Et pour leur donner une idée de la qualité à atteindre, elle leur a présenté des tissus en matériaux naturels datant du début du siècle, que ces femmes devaient considérer comme standard d'excellence concernant la finesse des points.

Un souffle de renouveau

Mais Leïla Neamatalla ne s'est pas contentée de redonner vie à l'artisanat traditionnel. Elle a insufflé un réel renouveau à ces textiles : "A l'origine, les femmes ne confectionnaient des tissus qu'aux couleurs de la datte et de l'olivier (NDLR : rouge, orange, vert, marron, noir), précise-t-elle. Désormais, toute la palette des teintes est utilisée. Les motifs naïfs ont également évolué en figures géométriques et en fleurs". Leïla Neamatalla a d'ailleurs été félicitée par les plus grands comme le designer Jean-François Lesage qui a vu là, non pas de simples copies de l'art traditionnel égyptien, mais de véritables créations. Le succès est tel que "Siwa créations" a récemment élargi sa collection de textiles au linge de maison : "Le travail de ce type de tissu a, en outre, un avantage social indéniable, souligne Leïla. Il peut être confié aux femmes mariées dont les sorties sont limitées car, une fois le motif donné, la broderie d'une nappe peut durer jusqu'à trois mois". Un laps de temps qui est loin d'être excessif pour Leïla car, selon elle, seule une qualité irréprochable pourra redonner à cet art traditionnel égyptien, le prestige acquis en plus de deux millénaires. Pour avoir un aperçu des produits "Siwa Creations", cliquez sur suivant.