Seize prototypes de meubles innovants et design

Ces seize meubles de demain, qu'ont-ils donc en commun ? Des lignes simples, une beauté épurée, un style intemporel, à l'image de la suspension de Laurent Bloedt. "Je voulais utiliser les Leds pour créer une lumière indirecte, mais ce résultat a pris forme de manière totalement empirique" nous raconte-t-il. Jean-François Bellemère, quant à lui, est parti de recherches sur les plis, pour créer un vestiaire en tissu et papier plissés. "Pour l'instant, le plissage se fait à la main, mais le but de ce projet est de lancer des pistes auprès des industriels français" explique le créateur.

Un peu d'art, beaucoup de design

D'autres projets sont plus simplement ancrés dans une volonté artistique, à l'image du luminaire Waelice de NoDesign. "C'est un objet décoratif, pas tout à fait une lampe ni une œuvre d'art. Plutôt une stimulation créative" soutient Jean-Louis Frechin, l'un de ses créateurs. Les modules en forme de Y, connectés entre eux, changent de couleur au gré de la volonté du maître des lieux - et en un simple contact de la main. La suite de l'article et les photos des prototypes lauréats en pages suivantes.

Mais au-delà de leur design attractif, ces seize prototypes sont le reflet d'une vraie réflexion, la réponse à une problématique tirée du quotidien. "Pour imaginer un objet, nous pensons à la vie que l'on va mener avec, aux différents usages qu'il peut avoir" raconte Loïc Lobet. Avec sa collaboratrice Anaïs Triolaire, ils créent ainsi Uno, une lampe modulable qui fait également office de vide-poches. "Il est solide, léger et aime la tension. Pourquoi ne pas l'utiliser dans l'aménagement ?" En réponse à cette question, Mathieu Girard et ses collaborateurs de l'atelier Cocorico se sont penchés sur le carbone, pour en tirer un prototype de table, aux pieds modulables et au poids ultra-léger.

Une "Parades" de meubles

Petite nouveauté cette année : le Programme ameublement. Il s'agit, pour un designer d'expérience, d'imaginer une collection de meubles, en raisonnant à l'échelle de la pièce, en prenant en compte les considérations d'ergonomie et de circulation. Mathilde Bretillot, première à se lancer dans l'exercice, propose ainsi "Parades", un salon modulable. "Je me suis inspirée des ballets russes, j'ai costumé les meubles pour animer le théâtre du quotidien" nous explique la créatrice. Une vision toute poétique de l'aménagement de demain... Découvrez les prototypes des lauréats 2012 en pages suivantes.

L'architecte Jean-François Bellemère s'est intéressé au tissu, souvent utilisé de la même manière dans l'ameublement. "On reste dans le surfaçage. Je me suis demandé si on ne passait pas à côté de quelque chose" nous explique-t-il. Il le travaille alors en le pliant, "pour créer un volume mais de manière à ce qu'il reste autoportant". Le tissu se transforme ainsi en un volume qui se ploie et se déploie en coulissant sur une tringle. Le vestiaire Silex est né ! Matériau constitutif : tissu Mahé de Dickson et Drop Paper de Procédés Chénel International (produits classés M1) Technique : complexage et prépliage sur machine Finition : pliages d'un double composant : tissé et non tissé Dimensions : 185 cm (H) × 140 (L) × 70 cm (l) Prototypiste : Procédés Chénel International

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Pour concevoir ce canapé, Caroline Ziegler et Pierre Brichet sont partis de l'idée de confort. "Nous voulions un canapé moelleux, mais pas mou" expliquent-ils. Très vite, ils travaillent la couette, et réalisent que l'ordinateur ne leur sera d'aucune aide... "Nous avons tout plié à la main, en faisant un grand nombre de maquettes" se souvient Pierre Brichet. La grande surface matelassée enveloppe une structure intérieure, et les coutures travaillées graphiquement soulignent la forme et indiquent le schéma de pliage. Matériaux : structure bois et résine polyester Techniques : tapisserie Finitions : tissu Kvadrat Pause 100 % coton Prototypistes : Ufacto (structure), Selaneuf (couette et sellerie) Dimensions : 75 cm (H) × 165 cm (L) × 95 cm (l)

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La suspension se compose d'un profilé extrudé en polyuréthane à l'intérieur duquel est placé un fil métallique. "Je pensais pouvoir le mouler directement, mais j'ai dû le mouler à plat, et l'étirer par la suite" nous explique Laurent Bloedt. La forme en spirale est ainsi créée par la torsion du fil qui impulse un mouvement dynamique. Des Leds apportent une lumière douce, à la fois directe et indirecte. La forme étant généré par le fil, il est possible à partir du même moule de décliner ce modèle en applique ou en lampe à poser. Matériaux : polyuréthane, polyamide, acier, bandeau de leds Finition : peinture polyuréthane Technique : moulage et frittage de poudre Prototypistes : Euromodel Dimensions : 85 cm (H) × 25 cm (L) × 25 cm (l) laurentbloedt.com

"On ne peut pas laisser aux gens le simple rôle de payeurs" affirme Jean-Louis Frechin. Waelice en est une traduction, à mi-chemin entre l'œuvre d'art et l'objet interactif. Ce système interactif de modules lumineux, reliés entre eux au sein d'un réseau informatique, forment une constellation au gré de la volonté de l'utilisateur. Les modules sont dotés d'une adresse IP, et l'utilisateur peut intervenir sur chacun d'eux afin d'en modifier l'intensité lumineuse et la couleur, et ainsi créer des combinaisons uniques et poétiques. Cette action peut se faire à distance via un smartphone ou directement par une simple commande gestuelle, le luminaire étant équipé de capteurs permettant de lire les mouvements. Matériaux : impression 3D en polyamide blanc, circuits imprimés et électronique, leds Finitions : blanc mat Techniques : impression 3D, impression PCB Prototypistes : Sculpteo, Eurocircuits N.V., Soixante Circuits Dimensions : un module : 3,2 cm (E) x 32 cm (L) x 22 cm (l) Configuration présentée : 210 x 270 cm

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"Nous nous sommes demandés quel usage une lampe éteinte pouvait avoir" se souvient Loïc Lobet. Uno est une lampe à poser qui, grâce aux propriétés du miroir sans tain, propose des configurations variées. Lorsque la lampe est allumée et que la source lumineuse est positionnée à l'extérieur, la glace sans tain reste opaque et réfléchissante : on obtient un éclairage direct. En revanche, si l'on fait pivoter cette demi-sphère à l'intérieur, l'effet miroir s'atténue et la façade s'illumine uniformément par rétroéclairage. Éteinte dans cette position, elle fait office de miroir d'appoint et de vide-poche. Matériaux : verre Antelio Saint-Gobain, ABS, polyamide, leds, aluminium et laiton Finitions : extérieur vernis brillant, intérieur vernis mat (diffusant), laque et vernis (cloche et base), aluminium anodisé (parties mécaniques) Techniques : découpe jet d'eau, frittage de poudre polyamide, moulage silicone, fraisage et tour Prototypistes : Sermab (découpe jet d'eau), Initial (éclairage et coques), Cockpit (pièces mécaniques) Dimensions : 34 cm (H) × 30 cm (L) × 31,5 cm (l)

"Mathieu Girard a choisi de travailler un matériau un peu oublié dans l'espace domestique : la fibre de carbone renforcée. Cette table simple, fine et très résistante n'est composée que d'un plateau légèrement replié sur ses longueurs et de pieds en métal à positionner. Après avoir été contraint, le piètement se déploie dans les replis latéraux et maintient la table par un jeu de tension. Ce système d'assemblage simplifié permet différentes configurations : variation du positionnement et du nombre des pieds, assemblage de plusieurs plateaux pour répondre aux différents besoins." Matériaux constitutifs : fibre de carbone renforcée (plateau), acier (piètement) Techniques : transformation par infusion : injection sous vide d'une résine dans un stratifié (plateau) Finition : gelcoat blanc brillant (plateau), peinture thermolaquée (piètement) Dimensions : 72 cm (H) × 300 cm (L) × 100 cm (l) Prototypistes : AFL Groupe (piètement), CRPM (moule), Aotech (plateau), Hexcel (fibre de carbone) ateliercocorico.fr

"La lampe Arche associe la technique du luminaire à un savoir-faire manuel et traditionnel utilisé notamment dans la confection, l'industrie du luxe ou des transports : la sellerie. Renaud Thiry s'appuie sur le procédé de fabrication dit du "sandwich" : la rigidité de la forme est assurée par une âme en feuillure de métal enchâssée entre deux pièces de cuir ciré. Le système d'éclairage à leds est placé dans la partie haute de l'objet, dissimulé sous une casquette un peu plus large. Lorsqu'on pose cet objet épuré, son emprise délimite l'espace éclairé." Matériaux : cuir, métal et leds Techniques : sellerie, cintrage et découpe laser Finitions : cuir ciré Prototypistes : Selaneuf,Acri Concept Dimensions : 27,5 cm (H) x 81,2 cm (L) x 15,6 cm (l) www.renaudthiry.com

"Conçue comme une colonne vertébrale, la structure de ce banc permet des torsions importantes tout en conservant une grande rigidité. Les lames de bois s'encastrent les unes aux autres grâce à un système d'encoches et sont maintenues toutes ensemble par une sangle centrale mise en tension aux deux extrémités du banc. Celui-ci peut être réalisé à la dimension souhaitée sans longueur limite et ainsi répondre, grâce à sa structure flexible, à différents usages, voire s'adapter à différents espaces." Matériaux : hêtre massif et sangle à cliquet Finitions : vernis mat incolore Techniques : menuiserie Prototypistes : Prototype Concept Dimensions : 45 cm (H) × 260 cm (L) × 50 cm (l) gregoiredelafforest.com

"Avec le banc Judo, Jean Couvreur manipule le bois suivant une géométrie rigoureuse et obtient un meuble qui se plie et se déplie d'un seul geste. Les pans qui le composent sont reliés entre eux par des charnières fixées sur leurs chants biaisés. Les faces étant ainsi solidaires, chaque mouvement de l'une ou de l'autre entraîne le déploiement de l'intégralité du banc. Dépliée, la structure a l'apparence d'un objet en bois massif et tend à faire disparaître sa catégorie de meuble pliable. Créé lors d'une résidence en 2010, organisée par le Pôle expérimental métiers d'art de Nontron, dans le cadre des résidences de l'art en Dordogne." Matériaux : châtaignier Finitions : cire naturelle Techniques : usinage numérique Prototypistes : La Fabrique Dimensions : 43 cm (H) × 90 cm (L) × 36 cm (l) www.jeancouvreur.com

Mathilde Bretillot a imaginé une scène du quotidien, "comme un théâtre de la vie", nous explique-t-elle. La chorégraphie de mobilier crée un espace de vie mobile, qui s'adapte à ses utilisateurs, se distances ou se fusionnent, pour créer un décor nouveau. De haut en bas, puis de gauche à droite : luminaire Ring, écran lumineux Voile de lumière, canapé et méridienne Loveuses, berceuse Berceuse, table Minérale, miroir deux faces Psyché, chaise Soleil. www.mathildebretillot.fr