"J'aime quand le musée est considéré d'abord comme une extension de ville", J. Nouvel

    Publié le 16 mai 2012 par Céline Galoffre
    jean nouvel
    jean nouvel © Céline Galoffre
    Le musée du Quai Branly, la Fondation Cartier à Paris et le futur Louvre d'Abu Dhabi ont en commun leur concepteur : Jean Nouvel. Tous ces espaces muséographiques, réalisés par la "starchitecte" française, ont marqué le public en suscitant l'événement, l'engouement et parfois même la polémique. A travers ses créations, Jean Nouvel revient sur sa vision du musée. Point de vue.
    Que faisait Jean Nouvel au Louvre ce mercredi 11 avril ? Il exposait tout simplement sa vision du musée qui tient une place importante dans son éventail de réalisations. A son actif : l'Institut du monde arabe (1981), la Fondation Cartier(1991), le musée gallo-romain de Périgueux (1993), l'extension du musée Reina Sofia à Madrid (1999) ou encore le musée du quai Branly (1999). Des conceptions poétiques et sensibles, qui, au-delà de leur diversité, ont été réalisées avec la permanence d'une attitude et le respect des œuvres d'art.
    Inspiré par différents sites pour leur singularité et leur franchise, l'architecte avoue avoir un petit faible pour "le musée du Caire, et son accumulation de petits objets regroupés mais pas classés", à la manière "d'un marché aux puces". Une présentation "involontaire mais remarquable", confie-t-il.
    Un musée tient donc dans la relation entre le contenu et le lieu, voire son environnement. "J'aime quand le musée est considéré d'abord comme une extension de la ville", glisse le prix Pritzker 2008. Par exemple, la Fondation Cartier, espace d'art contemporain situé dans le 14ème arrondissement de Paris, joue et s'appuie sur la relation intérieur/extérieur. Certains artistes ont même utilisé l'ensemble des espaces, y compris le jardin, pour leurs expositions. Bref, organiser une communion entre les objets, qui vont vivre temporairement ou en permanence dans le musée, et le bâtiment : l'objectif est peut-être là...

    L'émotion avant tout

    Au cœur de tout cela, la question du didactisme et de l'émotion. Comment allier les deux ? Est-ce possible d'y parvenir sans privilégier une de ces notions ? "Bien sûr qu'il est important d'expliquer mais il faut mélanger, dissocier et pour moi l'émotion doit prévaloir", analyse Jean Nouvel. Avant d'ajouter : "Il est vrai que l'on ne peut pas être en émotion permanente lors d'une visite. Du coup, lorsque l'on est ému, on doit pouvoir chercher de l'information supplémentaire, sur des écrans par exemple. Mais l'un ne doit pas interférer avec l'autre".

    L'avenir des musées

    Une fois le musée réalisé, inauguré et ouvert au public, quid de son avenir ? L'architecte, passionné d'art et d'images, ne se fait pas d'illusions sur la pérennité de ses projets, qui une fois achevés, ne lui appartiennent plus : "L'architecte n'est pas responsable du devenir de ses bâtiments. Ils sont comme des personnes : ils peuvent avoir des accidents, on peut en prévenir certains mais parfois malheureusement il y a la mort au bout", lâche-t-il. Toutefois, une chose est sûre, les musées ne sont pas encore enterrés. Loin de là. Puisqu'on peut voir une démultiplication de ces équipements culturels dans les plus grandes métropoles du monde. Quitte parfois à suivre une logique écrasante. Un peu comme on retrouve dans les villes "Un Gehry", "Un Zaha Hadid" ou encore "Un Nouvel", comme le souligne avec une pointe d'ironie l'architecte et historien Jean-Louis Cohen.
    "J'aime quand le musée est considéré d'abord comme une extension de ville", J. Nouvel
    Articles qui devraient vous intéresser
     
    Recevez gratuitement
    La newsletter Maison à Part
    L'e-magazine de l'habitat sous tous les angles
    Vous pouvez vous désabonner en un clic