Un iceberg dans la ville

L'hôtel Seeko'o aurait pu tenir l'un des rôles principaux dans le film de James Cameron, Le Titanic. Avec ses lignes élancées, ses arrêtes irrégulières et sa façade immaculée, il présente une ressemblante frappante avec un iceberg. Mais, pour faire carrière dans le cinéma, encore aurait-il fallu qu'il n'échoue pas à Bordeaux mais dans l'océan atlantique nord ! Neuf ans auront été nécessaires à Alain Dhersin et Chantal de Knyff pour concrétiser ce projet inédit. C'est en mettant à profit leurs expériences respectives - lui, dans le bâtiment et elle dans la restauration - qu'ils y sont parvenus. L'idée de départ était d'ériger dans un tissu urbain dense un hôtel haut de gamme emblématique de la "nouvelle hôtellerie". Pour concevoir cet établissement "exceptionnel", le couple a fait appel à l'atelier d'architecture bordelais King-Kong. C'est à lui que l'on doit la forme atypique du bâtiment qui, contrairement à ce que l'on aurait pu penser, ne s'inspire pas de celle d'un iceberg. "La forme de la parcelle et les reculs réglementaires ont dicté la morphologie allongée du bâtiment dont la disposition reste inhabituelle pour un hôtel", confirme Jean-Christophe Masnada, responsable du projet. Une façade unique au monde  Les architectes ont cherché à inscrire l'hôtel dans la continuité architecturale des façades de l'agglomération bordelaise. Un travail complexe qui repose sur l'élaboration d'une foule de détails. Les fenêtres installées sur le bâtiment sont par exemple plus hautes que larges de manière à respecter les proportions des ouvertures mitoyennes. "Nous sommes parvenus à créer une grande continuité visuelle tout en osant la modernité", se félicite le responsable du projet. La façade du Seeko'o présente en effet la particularité d'être entièrement recouverte de Corian®, un matériau à base de résine acrylique. Jusqu'ici principalement utilisé pour fabriquer des objets ou agrémenter des cuisines, il a été mis en œuvre pour couvrir une surface de 1000 m2, une première mondiale ! Un choix audacieux que les architectes justifient en dressant la liste de ses atouts. On le dit tour à tour "facile d'entretien", "étanche", "imputrescible" mais également "malléable" et "extrêmement résistant"... Sans compter que, sur le plan visuel, son extrême blancheur le rend unique : "grâce au Corian®, l'hôtel change d'apparence en fonction des heures du jour et de la nuit", commente Jean-Christophe Masnada. Des chambres cocons A l'intérieur, d'autres surprises attendent les visiteurs. Cela commence dès la réception avec la présence d'une suspension en verre reprenant les éléments de la charte graphique de l'hôtel. Avec les tapisseries visibles dans le bar, le décor de l'ascenseur et les jetées de lit, elle fait partie des créations originales imaginées par le graphiste Bilto Ortéga à la demande des propriétaires.   La deuxième surprise vient des couloirs non seulement baignés de lumière mais également agrémentés de matériaux nobles : de l'ardoise, du bois et du verre. Un raffinement qui se retrouve d'ailleurs jusque dans les chambres. Afin d'offrir aux clients une sensation de bien-être, ces dernières ont été conçues comme des espaces ouverts : la salle de bain, le coin nuit et le salon sont en effet complètement décloisonnés. "L'aménagement est en rupture totale avec les standards de l'hôtellerie classique. Il préfigure celui des chambres de demain", commente Jean-Christophe Masnada. La décoration quant à elle se veut "sobre et graphique". C'est Chantal de Knyff en personne qui en assuré la cohérence. Elle a opté pour des meubles aux formes arrondies, des baignoires habillées de wengé et une présence marquée de tissus : "le voyageur est quelqu'un en déséquilibre, qui a perdu ses repères, l'hôtel doit être là pour le rassurer", commente-telle. Certains détails ludiques et ingénieux rendent les chambres uniques : le n° de la chambre est inscrit en lieu et place de la tête de lit, un plafond tendu noir délimite le coin nuit ... Bref, de quoi laisser un souvenir impérissable ! Découvrez l'hôtel Seeko'o en images, en cliquant sur suivant.