Des scientifiques percent le secret du ciment romain

    Publié le 17 juillet 2013
    Temple romain à Pozzuoli
    Temple romain à Pozzuoli © Wikimedia
    Comment expliquer l'incroyable résistance des constructions romaines dans la baie de Naples, 2.000 ans après leur édification ? C'est la question à laquelle ont répondu des chercheurs internationaux qui se sont penchés sur la composition du ciment antique.
    Les Romains n'étaient pas si fous qu'Obelix le pensait : leurs constructions font preuve d'une remarquable résistance aux éléments, en particulier aux assauts de la mer. Des chercheurs américains de l'université de Berkeley (Californie) ont scruté à la loupe (et au microscope électronique à balayage) la structure du ciment utilisé voilà 2.000 ans par les bâtisseurs de la péninsule pour découvrir son secret de longévité. Ils ont notamment observé des échantillons prélevés sur des vestiges romains lacustres, datant de 37 av-J.C., situés à Pozzuoli (Campanie), à l'extrémité nord du golfe de Naples, une zone à forte activité volcanique. Une particularité qui conférerait à ce ciment antique d'excellentes propriétés, bien supérieures à celles du Portland, couramment utilisé de nos jours.

    Plus résistant et moins gourmand en ressources

    Car le mortier romain contient de la chaux et du sable fin constitué de "pouzzolanes", un granulat de scories volcaniques basaltiques, abondantes autour du Vésuve. Le mélange, mouillé à l'eau de mer, donnerait naissance à un ciment particulièrement résistant en raison de la présence d'aluminium dans les roches volcaniques qui agirait comme un stabilisant dans le complexe d'hydrate de silicate de calcium. De plus, le mortier romain durcirait en vieillissant par un phénomène chimique de carbonatation.
    Et les avantages du ciment antique ne s'arrêteraient pas à ses propriétés mécaniques. Là où les composants du ciment Portland doivent être portés à 1.450 °C dans des cimenteries actuelles, les Romains se contentaient de chauffer le calcaire à 900 °C. Une piste plus qu'intéressante pour réduire la consommation de combustible et donc, les émissions de gaz à effet de serre. D'autant que les réserves de pouzzolanes seraient abondantes, y compris en France (Auvergne, Velay, Vivarais, Provence) et que l'eau de mer ne manque pas encore à la surface du globe... Si les structures antiques ont traversé deux millénaires sans trop souffrir des assauts du temps et des éléments, la durée de vie estimée des édifices réalisés avec du Portland est de... 50 ans. Là encore, nous avons beaucoup à apprendre des Romains. De quoi envisager à l'avenir des constructions plus pérennes et plus vertes, par Vulcain !
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