La choucroute, une source d'électricité pour l'Alsace

    Publié le 6 février 2013 par Valentin Boudonnet
    Choucroute
    Choucroute © mdid / Wikimedia Commons
    En novembre dernier s'est ouverte à une vingtaine de kilomètres de Strasbourg la toute première centrale de France carburant au jus de choucroute. Quatre mois après son inauguration, les différents acteurs régionaux du projet font le point sur cette utilisation nouvelle du légume.
    "La choucroute, il faut en manger matin, midi et soir pour bien se porter." Cette déclaration bien que surprenante nous vient d'un ancien président de la République française. C'est au Salon de l'agriculture qu'elle a été entendue, de la bouche même de Jacques Chirac. Si l'on peut contester ou non la pertinence de cette affirmation, on ne peut cependant nier désormais les bienfaits de son utilisation dans la production des biogaz.
    Cela fait bientôt quatre mois que la station d'épuration de Krautergersheim, la capitale "autoproclamée" de la choucroute, a ouvert sa centrale de traitement du jus de choucroute et le bilan est plus que positif. Sébastien Muller, président de l'Association pour la Valorisation de la Choucroute d'Alsace (AVCA) nous explique la genèse du projet.

    Une nouvelle énergie verte

    "Tout est parti de l'idée que le retraitement du jus de choucroute coûtait trop cher et était compliqué à réaliser." En effet, lors de la fermentation du chou, le légume est conservé pour son utilisation prochaine dans les plats, alors que son jus, considéré comme un déchet doit être retraité comme les eaux usées. Seulement ce liquide, en plus d'être excessivement nocif pour l'environnement, n'est pas adapté à la circulation dans des canalisations en béton et son passage est même capable de les endommager. Il fallait donc trouver une solution moins coûteuse que le transport par citerne vers la station de Strasbourg. C'est comme ça qu'est née l'idée de doter la station de Krautergersheim d'une centrale capable de transformer ce jus en électricité.
    A l'issue d'une méthanisation, processus chimique, qui consiste à produire du biogaz à partir de certains déchets polluants, l'électricité obtenue est telle qu'elle est capable d'alimenter plus de 1.500 foyers pendant une année. Pour l'instant, elle est surtout utilisée pour subvenir aux besoins énergétiques de la station, mais le surplus est quant à lui destiné au réseau EDF. "Tout le monde est gagnant, des choucroutiers économisant sur les transports du jus, aux élus qui peuvent se targuer d'utiliser une nouvelle énergie verte purement locale" résume ainsi Sébastien Muller.
    Ce que l'on sait moins en revanche, c'est que la choucroute dispose de nombreux bienfaits, à commencer par sa très forte teneur en Vitamine C. Et contrairement à l'idée reçue, elle est également très peu calorique car gorgée en eau et meilleure pour la santé lorsqu'elle est mangée crue. La choucroute, avec ses propriétés énergétiques et diététiques, serait-elle l'aliment du futur ?

    De nombreux moyens insolites pour produire de l'électricité

    Nous vous en parlons assez régulièrement sur MAP, mais la production d'électricité par d'autres biais que les énergies fossiles ou renouvelables n'est plus si rare qu'auparavant. Comme le jus de choucroute, l'utilisation des propriétés des aliments est souvent préférée et on a ainsi pu voir un entrepreneur breton mélanger de la graisse de porc à l'éthanol pour faire fonctionner ses machines ou encore une brasserie se servir de sa propre bière pour se chauffer.
    Des initiatives un peu plus loufoques (mais efficaces le plus souvent) ont aussi fait parler d'elles. Par exemple, cet artiste américain qui avait inventé un système qui permettait aux lampadaires d'un parc de fonctionner grâce à des crottes de chien. L'idée d'utiliser à bon escient le quotidien routinier a donné naissance à de curieuses inventions comme ce trottoir produisant de l'électricité lorsque l'on marche dessus ou nettement plus polémique, le crématorium alimentant une piscine municipale.
    En mars dernier, on a pu aussi voir des chercheurs américains de l'université de Clarkson réussir à transformer le glucose et l'oxygène présent dans le sang d'escargot en électricité grâce à des min-piles à biocombustible. Si la quantité d'électricité produite est infime (de l'ordre de 7,45 microwatts), l'avancée scientifique est majeure et promet de nouvelles découvertes dans ce domaine dans les prochaines années.
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