Des moucharabiehs futuristes pour des logements parisiens

Il flotte comme un petit air oriental dans la Zac Masséna (Paris 13e). Depuis quelques temps, un immeuble moderne utilisant le moucharabieh, procédé de ventilation naturelle employée dans l'architecture traditionnelle des pays arabes, a émergé dans ce nouveau quartier. Porté par Vinci Immobilier, ce programme comprend 55 logements : "Lors du concours, c'est l'aménageur Semapa, qui portait le projet avant que le promoteur privé ne prenne le relais à partir du permis de construire", précise Anne Demians, architecte du projet. Une explication peut-être à l'audace affichée du programme. Mais pour l'intéressée, l'occasion d'affirmer sa volonté de faire des bâtiments d'habitations qui soient aussi durables que ceux du tertiaire. C'est d'ailleurs dans cet état d'esprit qu'elle a opté pour des façades en aluminium anodisé teinté dans la masse. Au total, ce sont 170 panneaux tous différents qui ont été dessinés par l'agence avec comme objectif de faire passer les motifs cubiques d'une partie à l'autre de manière continue : "Nous avons travaillé avec un ferronnier pour optimiser la construction. L'idée était d'offrir un paysage vertical grâce à ce tissage, cette sculpture", relève Anne Demians. Et de poursuivre : "Mon idée était de renouveler le genre et le raffinement des immeubles haussmanniens qui sont remarquables par leur durée dans le temps, leur pierre et leur modénature très riches. Certes, le métal est un matériau plutôt destiné aux immeubles de bureaux, sachant que la notion de pérennité est forte dans le tertiaire. Pourquoi ne l'est-elle pas dans le logement contemporain ? ", s'interroge-t-elle. Au-delà de sa créativité, cette vêture renferme une réelle utilité. En effet, les pièces sont imaginées et disposées en fonction des orientations. "Les façades sont pleines avec de la tôle emboutie au sud et à l'ouest on a des loggias avec des creux. Par ailleurs, les volets coulissants permettent aux habitants de régler le degré d'ouverture à leur guise", indique l'architecte.

Une organisation et trois filtres

Quant aux intérieurs, ils ont également été soignés avec une priorité à la modularité dont le but est de s'adapter aux envies et aux évolutions du foyer. De plus, la pièce principale, située à proximité de la cuisine, se veut spacieuse avec dans son prolongement une loggia. Concernant la distribution, trois filtres successifs organisent l'espace. Le premier repose sur la membrane protectrice en métal, le deuxième est représenté au-delà de la loggia, c'est-à-dire là où l'on reçoit ses convives et le dernier prend forme avec les pièces de vie plus personnelles (salle de bains, chambre, etc).

Un sol complexe

Enfin, si le bâtiment, en lui-même, a tenté de répondre à des exigences architecturales, il a fallu également qu'il résolve une contrainte de taille : son implantation. En effet, situé à proximité du chemin de fer et au-dessus d'un parking, il est doté d'un sol complexe : "De nombreuses poutres ont été posées pour stabiliser la réalisation. Des boîtes à ressorts ont été déployées pour empêcher les vibrations. C'est d'ailleurs pour cela que le projet a été en suspens pendant trois-quatre ans", explique un des architectes de l'agence d'Anne Demians. Aujourd'hui, l'édifice est achevé et l'ensemble des appartements est vendu. Reste encore à trouver les activités qui viendront se loger dans les locaux au rez-de-chaussée pour faire vivre pleinement ce nouveau quartier.