Débat sur les nanotechnologies : des interrogations subsistent

    Publié le 14 avril 2010 par Leslie Cottenceau-Mathurin
    nanotechnologies débat
    nanotechnologies débat © Le débat sur les nanotechnologies est lancé.
    La commission particulière du débat public (CNDP) sur les nanotechnologies vient de livrer son compte-rendu. Au terme de plusieurs mois d'étude, le sujet continue d'attiser les craintes du public, d'autant que beaucoup de questions restent en suspens. Explications.
    Pour ou contre les nanotechnologies ? Devant l'absence de réponse ferme concernant les risques sanitaires et écologiques, des associations et des représentants syndicaux brandissaient encore, il y a quelques mois, l'idée d'un moratoire. Mais c'était sans compter avec le débat public. Les résultats indéniables de ces nouveaux produits ont réorienté la discussion de leur potentielle suppression vers la nécessité de davantage de transparence quant à l'utilisation et aux effets de cette microtechnologie.

    Risques et performances

    Au terme du débat, les nouveaux matériaux qui intègrent des nanotechnologies continuent de susciter la méfiance : peuvent-ils, notamment, présenter un risque pour les utilisateurs ? Parmi les chercheurs et les industriels qui ont pris part au débat, beaucoup ont reconnu que ce sujet devait être davantage pris en compte dans les études de toxicité. Seul problème : celles-ci, qui n'en sont qu'à leurs balbutiements, sont encore incapables d'apporter une réponse définitive sur le sujet.
    Il n'empêche, les capacités de ces nouveaux matériaux sont telles qu'elles ont gommé toute idée de moratoire, même partiel. Car cette microtechnologie pourrait bien révolutionner l'habitat de demain : "Le développement de surfaces nanostructurées va apporter un meilleur rendement aux panneaux solaires", affirme Philippe Belleville du CEA (Commissariat à l'Energie Atomique) d'Orsay. Dans un avenir proche, des matériaux isolants nanostructurés et "des vitrages que l'on appelle électrochromes" pourraient également permettre la rétention de davantage de chaleur en hiver, ajoute Philippe Belleville du CEA d'Orléans.

    La solution de l'étiquetage

    Dès lors se pose la question de l'information des consommateurs. Aujourd'hui, personne ne sait où se trouvent les nanomatériaux dans les produits de la vie courante. Une intervenante, à Toulouse, déclarait :"On voit que les nano-objets ont envahi l'habitat, l'énergie, les matériaux, les biens d'équipement, les applications multiples comme [...] le textile [...]. Il faudrait a minima une identification, un logo spécifique qui puisse informer les consommateurs, les citoyens afin que ceux-ci puissent choisir d'en utiliser ou non".
    L'Etat va-t-il légiférer dans ce sens ? La réponse reste là encore en suspens. Seule certitude : la porte-parole du ministère de l'Ecologie, Catherine Larrieu, présente lors de la remise du compte-rendu, a indiqué que ce débat n'avait pas été lancé en vain : "Des décisions vont être prises dans un délai maximum de trois mois", a-t-elle assuré. A suivre.
    Pour en savoir plus : Les nanotechnologies en débat

    L'avis de l'Agence santé et environnement (Afsset)

    Dans un rapport publié fin mars, l'Agence santé et environnement (Afsset) a passé au crible plusieurs produits contenant des nanoparticules, dont un ciment auto-nettoyant, rappelle l'AFP. Résultat : le ciment auto-nettoyant au Ti02 pourrait présenter des risques pour les bricoleurs ou les professionnels exposés par voie respiratoire à ces nanoparticules. Il existe de "fortes incertitudes concernant l'exposition", faute d'études permettant de savoir si ces particules risquent d'être disséminées ou non dans l'environnement, lors de la dégradation des constructions. Et d'ajouter : "Les personnes souffrant d'une pathologie respiratoire, plus vulnérables aux réactions d'inflammation du système respiratoire que pourrait engendrer l'inhalation de ces nanoparticules, constituent une population sensible".
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