Copropriétés : Attention aux fissures et à l'eau stagnante sur les balcons

    Mis à jour le 16 mai 2017
    Date de publication et auteurs
    Publié le 3 avril 2017 par G.N.
    Balcon fissuré
    Balcon fissuré © Ginger CEBTP
    Présents dans de nombreuses copropriétés, les balcons méritent une attention toute particulière tant sur le plan de la construction que de l'entretien. Les fissures et l'eau stagnante peuvent représenter des dangers mettant en péril leur solidité. Mélina Démure, chef du service Diagnostic, Pathologie et Structure de l'agence lyonnaise de Ginger CEBTP, nous en dit plus sur les problèmes les plus fréquemment rencontrés...
    En octobre 2016, un fait d'hiver tragique a malheureusement mis à la lumière du jour les soucis techniques rencontrés par les balcons. A Angers, une fête avait tourné au drame lorsqu'un balcon s'était effondré sous le poids de plusieurs personnes. Suite à cet accident, de nombreuses copropriétés ont diligenté des expertises, notamment auprès de Ginger CEBTP. Mélina Démure, chef du Service Diagnostic, Pathologie et Structure au sein de l'agence lyonnaise du groupe, nous raconte : "Des copropriétaires se sont manifestés après l'accident d'Angers, pour être rassurés. Notre métier, en tant que spécialistes des matériaux et des structures, est de réaliser des missions d'expertise et de diagnostic afin de déceler des vieillissements ou des comportements structurels anormaux".
    Pour y parvenir, les spécialistes utilisent plusieurs méthodologies distinctes, de la plus simple à la plus invasive : "Tout d'abord il y a l'inspection visuelle. Les désordres constatés qui peuvent trahir des problèmes structurels sont le fléchissement de la dalle, l'apparition de fissures longitudinales à la façade, ou encore le fait qu'un garde-corps béton se désolidarise". Les experts peuvent également ausculter les éléments structurels. Mélina Démure poursuit : "C'est une méthode non destructive. On recourt à l'électromagnétisme pour détecter les armatures et à des études utilisant la vitesse de propagation du son dans le matériau pour étudier sa densité. Voire à une technologie radar afin de rechercher des hétérogénéités".
    L'étape suivante, celle du sondage, imposera de réaliser des micro-percements de quelques centimètres, afin d'évaluer l'état des armatures métalliques au cœur du béton et de déterminer leurs diamètres, profils et leur état de corrosion. Enfin, dernière technique dans leur arsenal, le prélèvement par carottage ou forage, permettant de recueillir des échantillons du matériau afin de les soumettre en laboratoire à des tests de résistance physique ou des analyses chimiques.

    L'eau de pluie, l'ennemie de l'armature métallique

    "Les différentes pathologies constatées peuvent être liées à des formulations du béton qui ne sont pas forcément bonnes au départ du projet. Au fil du temps, il peut se déliter. Mais des soucis peuvent également être liés à un problème de mise en œuvre sur le chantier même, avec un mauvais positionnement des armatures dans la dalle ou un décoffrage prématuré de cette dernière. Le béton armé ne présente alors pas ses caractéristiques optimales", nous révèle la chef de service. Les signes avant-coureurs peuvent être discrets, mais il est recommandé de faire attention lors de l'apparition de fissures. Elles facilitent le passage d'eau dans la structure ce qui entraîne un phénomène de corrosion des armatures métalliques. "Ces infiltrations sont insidieuses", prévient-elle. Des signes de stagnation d'eau contre la façade sont des éléments à surveiller, ainsi qu'une éventuelle surcharge de la plateforme qui doit être suffisamment dimensionnée pour des surcharges ponctuelles telles que des bacs jardinières de dimensions importantes.
    Les traces de rouille visibles en surface peuvent être révélatrices mais n'indiquent pas forcément un risque structurel pour l'ensemble du balcon. "Des épaufrures en nez de dalle sont souvent observées, et induisent des éclats de béton, qui ne sont pas dangereux pour la stabilité de l'ensemble mais pour les personnes qui sont exposées à leur chute", relate l'experte. Selon elle, "ces problématiques de balcons sont assez constantes en nombre et parfois insuffisamment connues par les gestionnaires de patrimoine, mais seuls les assureurs pourraient dire si la sinistralité évolue, car de notre côté, nous ne sommes sollicités qu'en cas de désordre". En tout, une dizaine d'expertises seraient réalisées chaque année par la seule agence lyonnaise de Ginger CEBTP, qui mobilise au moins quinze personnes sur ces sujets, sans même compter le personnel de laboratoire.
    Balcon armatures corrosion
    Balcon armatures corrosion © Ginger CEBTP
     
    Mélina Démure conclut : "Certains balcons sont plus sujets que d'autres aux problèmes, comme ceux des derniers étages, plus exposés à la pluie. Certains modes constructifs sont également plus délicats, comme la dalle brute qui protège moins le béton du risque d'infiltrations au droit des armatures que la dalle avec revêtement d'étanchéité et forme de pente".
    Concernant les autres modes constructifs, qui n'utilisent pas forcément du béton, la spécialiste nous précise que l'attention devra se porter sur le choix du matériau (bois ou métal), sur la nature des ancrages, la qualité des assemblages et le dimensionnement des pièces. Dans tous les cas, les experts rédigent des constatations et formulent des recommandations aux maîtres d'ouvrages qui peuvent aller jusqu'à la démolition-reconstruction du balcon, en cas de danger avéré.
    Copropriétés : Attention aux fissures et à l'eau stagnante sur les balcons
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