Une extension en bois brûlé dans un secteur protégé du Morbihan

    Publié le 27 août 2014 par Amélie Pierquin
    Un pavillon breton s'est vu ajouter une extension dans un matériau inattendu pour la région : le bois brûlé. Dans un souci de traitement durable du bois, l'architecte Marc-Antoine Durand a su s'inspirer de cultures variées pour concevoir cette pièce supplémentaire des plus originales.
    Non, cette maison n'a pas été victime d'un incendie. Non, il ne s'agit pas d'une grange ou d'un cabanon de jardinier, mais bien d'une extension recouverte d'un bardage en bois brûlé.
    Au départ, les propriétaires voulaient une chambre supplémentaire à leur résidence secondaire, ainsi qu'une nouvelle entrée dans une extension en bois.
    Dans le village breton protégé pour ses monuments classés historiques, les architectes Marc-Antoine Durand (MAD Architecture) et Thibault Marca (Nem Architectes) ont imaginé une dépendance originale à ce pavillon, tirant leur inspiration du pays du soleil levant et de l'architecture typique du Morbihan.
    Découvrez les étapes de cette réalisation ainsi que sa technique dans les pages suivantes.
    Une extension en bois brûlé dans un secteur protégé du Morbihan

    Une réplique miniature de la maison principale

    Une réplique miniature de la maison principale - Extension en bois brûlé dans le Morbihan
    Une réplique miniature de la maison principale - Extension en bois brûlé dans le Morbihan © Thibault Montama
    "Nous nous trouvions sur un site protégé, il y avait donc quelques contraintes à respecter au niveau de la volumétrie et de la forme de l'extension. Pour répondre à ces exigences, nous avons opté pour ne architecture typique de la région, en jouant plutôt sur la matière", nous explique l'architecte Marc-Antoine Durand.
    L'extension a donc été conçue comme une réplique miniature de la maison principale, ce qui crée une certaine harmonie malgré le contraste frappant de matière et de couleur entre les deux bâtisses.
    Les fenêtres sont également un point de divergence entre le pavillon et la maisonnette. Pour cette dernière, une ouverture dans la largeur des lames a été préférée au style traditionnel, permettant de mettre en valeur le bardage, sans le dénaturer.
    Une réplique miniature de la maison principale

    Une extension au style métissé

    Une extension au style métissé - Extension en bois brûlé dans le Morbihan
    Une extension au style métissé - Extension en bois brûlé dans le Morbihan © Thibault Montama
    C'est en observant les cabanes ostréicoles colorées, peintes avec les restes des peintures marines, ou enduites d'une peinture au goudron appelée parfois le "colta", que le choix s'est porté sur l'utilisation du bois brûlé. "Nous cherchions à obtenir un rendu similaire avec un traitement du bois plus naturel", nous confie Marc-Antoine Durand.
    Les associés sont allés chercher leur seconde inspiration sur un tout autre continent, auprès de l'architecte Terunobu Fujimori. A travers ses créations, notamment la maison Yakisugi, ils ont découvert la technique du shou-sugi-ban ou du bois brûlé. Au Japon, les pêcheurs et les agriculteurs utilisent cette technique naturelle depuis des siècles, afin de rendre le bois plus résistant à l'eau, à la moisissure et au feu.
    Une extension au style métissé

    Un traitement durable du bois

    Un traitement durable du bois  - Extension en bois brûlé dans le Morbihan
    Un traitement durable du bois - Extension en bois brûlé dans le Morbihan © Thibault Montama
    Utiliser un bardage en bois brûlé sur une extension de 90 m2 n'est pas chose aisée. Après avoir d'abord effectué un test de brûlage au papier qui s'est avéré concluant, les architectes sont partis, l'échantillon sous le bras, à la recherche de l'entreprise qui accepterait d'expérimenter. Sans résultat.
    "Nous avons très vite compris qu'il allait falloir que nous le fassions nous même. Nous avons donc fait des tests de brûlage à la manière des Japonais, mais nous avons fini par trouver notre propre technique", nous raconte Marc-Antoine Durand.
    Cette technique est simple, mais précise. Comme un grand brasier, ou un barbecue, les architectes ont disposé les lames de bois (Douglas brut) sur les braises, espacées de quelques centimètres pour que les flancs puissent également brûler.
    "On voulait que les lames soient bien grandes pour éviter les démarcations sur le bardage, du coup, c'étaient un peu plus compliqué. Il a fallu les disposer une par une", explique l'architecte.
    Autre difficulté, pour que le phénomène de calcification soit homogène et que le bois reste assez souple, au moins le temps de la pause, le degré de brûlage a dû être étudié précisément. Le bois a donc été calciné sur 5 à 10 mm de chaque côté, puis éteint à l'eau.
    La calcification du bardage a été réalisée en trois jours environ.
    Un traitement durable du bois

    Le bois brûlé : un matériau plein de qualités

    Le bois brûlé : un matériau plein de qualités - Extension en bois brûlé dans le Morbihan
    Le bois brûlé : un matériau plein de qualités - Extension en bois brûlé dans le Morbihan © Thibault Montama
    Le traitement du bois par le feu, malgré les idées reçues, ne salit pas et prolonge la vie du bardage. "Le bois, lorsqu'il est brûlé s'apparente presque à de la pierre. Il ne demande surtout aucun traitement, vernis ou quoi que ce soit. Il est naturellement protégé contre la moisissure, les insectes, le sel près des littoraux et même le feu.", explique Marc-Antoine Durand.
    Le traitement par calcification a un autre atout d'ordre plus esthétique. Selon la lumière et la météo, le bois brûlé offre des reflets et des nuances tout en finesse, passant du noir charbon au gris bleu cendré, parfois même métallisé.
    Le bois brûlé : un matériau plein de qualités

    Une nouvelle entrée, carrefour de la maison

    Une nouvelle entrée, carrefour de la maison - Extension en bois brûlé dans le Morbihan
    Une nouvelle entrée, carrefour de la maison - Extension en bois brûlé dans le Morbihan © Thibault Montama
    Le travail des architectes a aussi été de créer une nouvelle entrée à la maison, initialement ouverte directement sur la cuisine. L'idée a donc été de créer un couloir vitré entre l'extension et la maison qui servirait d'accès principal au pavillon.
    L'aménagement intérieur est simple : un sas distribue le séjour de la maison à droite, la chambre à gauche et la terrasse en face.
    Une petite ouverture a pour rôle à la fois de laisser entrer la lumière et servir de large judas pour guetter les arrivées.
    Une nouvelle entrée, carrefour de la maison

    Une ouverture principale sur la terrasse

    Une ouverture principale sur la terrasse - Extension en bois brûlé dans le Morbihan
    Une ouverture principale sur la terrasse - Extension en bois brûlé dans le Morbihan © Thibault Montama
    Le jardin a été doté d'une terrasse lors des travaux. Les "fenêtres" de l'extension sont principalement orientées vers cette installation.
    La plus grande ouverture est un accès vitré et direct sur la terrasse et le jardin. L'extension n'est pas du tout percée sur la rue pour plus d'intimité.
    Une ouverture principale sur la terrasse

    Des détails soignés

    Des détails soignés - Extension en bois brûlé dans le Morbihan
    Des détails soignés - Extension en bois brûlé dans le Morbihan © Thibault Montama
    Afin d'assurer une simplicité des volumes, le choix de gouttières à la nantaise, avec un relevé à angle aigu, s'est imposé. Elles sont presque invisibles sur l'extension.
    Le souci de simplicité se ressent également dans l'absence totale d'huisseries pour les vitrages. La baie vitrée coulisse grâce à des pinces et des rails ainsi qu'à un système d'encoches dans le plancher, créant une continuité entre la terrasse et le parquet de la chambre.
    Des détails soignés

    Une chambre sobre

    Une chambre sobre - Extension en bois brûlé dans le Morbihan
    Une chambre sobre - Extension en bois brûlé dans le Morbihan © Thibault Montama
    L'extension a été conçue pour accueillir une chambre d'appoint, l'idée était donc d'en faire un endroit apaisant.
    "Pour cet espace nous avons opté pour un jeu de sobriété", nous confie Marc-Antoine Durand. Ses murs blancs et sa décoration épurée contrastent avec le bardage noir, mais surtout avec l'intérieur de la maison principale où les papiers peints fleuris et autres souvenirs des années 70 règnent en maîtres.
    Une chambre sobre

    Fiche technique - Une extension en bois brûlé dans un secteur protégé du Morbihan

    Extension en bois brûlé
    Extension en bois brûlé © Thibault Montamat
    Lieu: Ambon (56)
    Maitrise D'ouvrage: Privée
    Surface: 25 m2
    Montant travaux : 35.000 Euros
    Entreprises:
    ADEQUAT / Cédric Lemarie : construction et menuiserie bois
    CTD : maçonnerie et terrassement
    JUBERT : électricité
    Maître d'œuvre : Marc-Antoine Durand architecture et NeM architectes
    www.mad-architecture.com
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