10 bonnes raisons d'aller voir l'exposition Tombée de Métier aux Gobelins

    Publié le 24 octobre 2016 par Rouba Naaman-Beauvais
    Le Mobilier National expose, à la galerie des Gobelins, les derniers tapis et tapisseries qui ont rejoint sa collection. Réalisés par les ateliers français d'artisanat d'art, ces pièces sont amenées à décorer les palais d'Etat, y compris l'Elysée. Coup d'oeil sur ce qu'il ne faut pas rater dans cette exposition unique en son genre.
    Au Mobilier National, véritable garde meuble de l'Etat depuis Louis XIV, l'on ne se contente pas de conserver de belles pièces anciennes ou de meubler l'Elysée et Matignon. L'institution - et c'est moins connu - s'évertue aussi à faire perdurer les savoir-faire français, notamment le tissage et la tapisserie.
    Les manufactures des Gobelins, de Beauvais et de la Savonnerie produisent, aujourd'hui encore, tapis et tapisseries destinés à orner les sols et les murs des plus beaux palais de l'Etat. Oubliez le stéréotype du tapis brodé des armoiries royales aux couleurs passées ! Le département de production, sous la houlette de Marie-Hélène Bersani-Dali, transforme des oeuvres d'art contemporain, toutes plus contrastées les unes que les autres, en tissages magistraux.
    Au coeur de la galerie des Gobelins, les toutes dernières réalisations des ateliers du Mobilier National sont aujourd'hui exposées. L'occasion de découvrir un univers secret, entre artisanat et art, qui ouvre nous exceptionnellement ses portes. Découvrez les 10 raisons qui vous donnerons envie d'aller découvrir l'exposition Tombée de métier, en pages suivantes.

    Tombée de métier

    Exposition jusqu'au 8 janvier 2017
    Galerie des Gobelins
    42, avenue des Gobelins
    75013 Paris
    10 bonnes raisons d'aller voir l'exposition Tombée de Métier aux Gobelins

    Apprendre ce qu'est la "Tombée de métier" dans le monde de l'artisanat d'art

    Détail d'une tapisserie, manufacture des Gobelins
    Détail d'une tapisserie, manufacture des Gobelins © Yvan Moreau
    Le titre même de l'exposition est intriguant ! Il s'agit d'un terme tout à fait spécifique au monde du tissage. "La tombé de métier est la cérémonie qui se déroule à la fin du tissage d'une pièce", nous explique Marie-Hélène Bersani-Dali.
    "On réunit toutes les personnes qui ont travaillé sur l'ouvrage ainsi que l'artiste à l'origine de l'oeuvre reproduite. On coupe les fils de chaîne et on dévoile enfin l'intégralité du tapis ou de la tapisserie", ajoute la commissaire de l'exposition. En effet, au cours du tissage, l'oeuvre est roulée sur elle-même et même le licier (l'artisan tisseur) ne la voit pas en entier.
    Apprendre ce qu'est la "Tombée de métier" dans le monde de l'artisanat d'art

    Jeter un oeil sur les tapis qui orneront peut-être l'Elysée en 2017

    Jeter un oeil sur les tapis qui orneront peut-être l'Elysée en 2017 - Vue de la scénographie de l'exposition Tombée de métier édition 2016
    Jeter un oeil sur les tapis qui orneront peut-être l'Elysée en 2017 - Vue de la scénographie de l'exposition Tombée de métier édition 2016 © Thibaut Chapotot
    Marie-Hélène Bersani-Dali a choisi de réunir, au sein de la galerie des Gobelins, les 15 dernières pièces* terminées par les ateliers de Beauvais, des Gobelins et de la Savonnerie, mais aussi par les deux ateliers de dentelle, à Alençon et au Puy.
    "C'est nous qui contactons les artistes, mais certains se proposent spontanément, raconte Marie-Hélène Bersani-Dali. Une commission examine les projets, discute de leur faisabilité technique, puis nous votons". S'ensuit une concertation avec l'artiste pour définir le prix versé pour les droits de tissage.
    Une fois l'oeuvre terminée (parfois plusieurs années après le début du tissage), le tapis ou la tapisserie reçoit un numéro d'inventaire, et rentre officiellement dans la collection de Mobilier National. "Ensuite, en fonction de la volonté des ambassadeurs, des ministres et du président de la République, nous déposons les pièces dans les salons", ajoute la commissaire.
    Les pièces exposées à la galerie des Gobelins pourraient donc bien orner les salons de l'Elysée en 2017... L'occasion de les découvrir avant le futur occupant des lieux !
    * réalisées à partir d'oeuvres signées André-Pierre Arnal, Michel Aubry, Albert Ayme, Erik Boulatov, Daniel Chompré, Stephen Craig, Sheila Hicks, Nathalie Junod Ponsard, Klaus Rinke, Pierre Mabille, Claire Pichaud, Ghislaine Portalis, Frédéric Ruyant, Jana Sterbak et Jacques Vieille.
    Jeter un oeil sur les tapis qui orneront peut-être l'Elysée en 2017

    Comprendre comment on transforme une oeuvre d'art en tapis haut-de-gamme

    Une fenêtre au sol, 2015
    Une fenêtre au sol, 2015 © André-Pierre Arnal
    Transformer une oeuvre d'art en une tapisserie ou un tapis, parfois 20 fois plus grand que l'original. La démarche est stratégique, complexe, minutieuse. Un travail de transcription décrit par Marie-Hélène Bersani-Dali comme celui d'un chef d'orchestre : "En musique, on part d'une même partition et, selon l'interprétation et l'orchestre, le morceau varie ; en textile c'est pareil".
    Le licier analyse la pièce, réfléchit à l'aspect technique et aux couleurs, un premier dialogue se noue autour de la couleur, puis un deuxième autour du rendu et des matières. La taille de la pièce est également un sujet sensible : un agrandissement photographique à l'échelle souhaitée est réalisé, et les liciers analysent les différentes zones de l'oeuvre.
    Un ping-pong parfois long avec l'artiste, pour s'assurer que la pièce tissée sera fidèle à l'âme de son oeuvre d'origine. "On ne met en production qu'une fois que l'artiste a validé et que tous les intervenants sont d'accord", ajoute la commissaire d'exposition.
    Comprendre comment on transforme une oeuvre d'art en tapis haut-de-gamme

    Se laisser envoûter par les jeux de couleurs des tapisseries

    Sans titre, 2015
    Sans titre, 2015 © Stephen Craig
    La couleur est un élément phare dans le travail des textiles, laisse entendre Marie-Hélène Bersani-Dali. "Lors de la discussion avec l'artiste, le licier sort la palette de couleurs existantes et, si la teinte recherchée n'existe pas, il l'envoie au service de la teinture afin qu'elle soit créée", explique-t-elle.
    Dans le cas de cette oeuvre, l'artiste Stephen Craig a été inspiré par la palette existante pour créer un tableau multicolore et gai.
    Si, aujourd'hui, les colorants utilisés sont synthétiques, l'objectif de qualité reste le même. "Les tapis créés sous Louis XIV existent encore, nous avons l'ambition que les tissages terminés en 2016 soient toujours là dans 350 ans", insiste la commissaire.
    Se laisser envoûter par les jeux de couleurs des tapisseries

    S'extasier sur la liste des matériaux utilisés en tapisserie

    Champ ensoleillé balayé par le vent, 2014
    Champ ensoleillé balayé par le vent, 2014 © Sheila Hicks
    Outre la couleur, les matériaux utilisés pour le tissage transforment du tout au tout le rendu de la tapisserie. Laine bien sûr, mais aussi lin (pour obtenir un blanc très pur), soie (pour la brillance), lurex (un effet de scintillement) ou encore bambou, chaque fil a une épaisseur et une brillance différentes. Les associer ou les opposer permet de créer un volume, un relief, une profondeur ou, au contraire, une homogénéité.
    C'est le cas de cette oeuvre de Sheila Hicks, qui se pare de lurex brillant et laisse apparaître les fils de chaîne, teintés pour l'occasion.
    S'extasier sur la liste des matériaux utilisés en tapisserie

    Prendre conscience de la minutie et de la lenteur du travail de tissage

    H.W.K, 2015
    H.W.K, 2015 © Michel Aubry
    On l'aura compris, la discussion en amont du tissage nécessite du temps. Mais la phase de tissage en elle-même reste un travail de longue haleine : il faut compter au moins plusieurs mois, et parfois plusieurs années pour terminer complètement la réalisation d'une tapisserie ou d'un tapis.
    Les liciers nouent à la main les fils, repoussent les nœuds, vérifient le modèle, changent de couleur, etc., avec une minutie et une patience rares. Un travail parfois douloureux pour le dos, tant la position et les gestes sont répétitifs.
    Enfin, l'oeuvre se dévoile sous leurs yeux... après parfois 10 ans de tissage, comme pour l'oeuvre "H. W. K." de Michel Aubry (photo), basée sur une série de photographies satellites.
    Prendre conscience de la minutie et de la lenteur du travail de tissage

    Découvrir l'envers du décor... et l'envers des tapisseries !

    Découvrir l'envers du décor... et l'envers des tapisseries ! - Vue de la scénographie de l'exposition Tombée de métier édition 2016
    Découvrir l'envers du décor... et l'envers des tapisseries ! - Vue de la scénographie de l'exposition Tombée de métier édition 2016 © Thibaut Chapotot
    La scénographie est pour beaucoup dans le plaisir de la visite de l'exposition. Même les moins amateurs de tapisserie goûteront au plaisir de se glisser... derrière une oeuvre, et de découvrir, ainsi, les nœuds habituellement cachés. "Montrer une tapisserie de dos permet de se rendre compte du travail, du nombre de fils, des changements de broche, soutient Marie-Hélène Bersani-Dali. Cela apporte du vivant".
    Une manière, également, de rendre hommage au travail des liciers et licières. Ici, on aperçoit le dos de la tapisserie "Avec Piranèse", de Jacques Vieille, et la multitude de noeuds nécessaires à sa réalisation.
    Découvrir l'envers du décor... et l'envers des tapisseries !

    Marcher sur des tapis qui valent plus d'un million d'euros

    Le monde en 9 ou La maison du calendrier, 2015
    Le monde en 9 ou La maison du calendrier, 2015 © Claire Pichaud
    Voir des tapis qui pourront orner l'Elysée en 2017, c'est bien. Mais marcher sur des tapis qui ont déjà orné les sols des plus beaux palais de l'Etat, c'est encore mieux ! Cette expérience absolument unique a été imaginée par Marie-Hélène Bersani-Dali.
    Au rez-de-chaussée de la galerie, des tapis qui font déjà partie de la collection du Mobilier National sont installés au sol, et les visiteurs - une fois convenablement déchaussés - peuvent marcher sur ces pièces... qui valent, pour certaines, un million d'euros !
    Marcher dans les pas des présidents de la République, donc. "Nous voulions offrir au visiteur quelque chose qu'il ne peut pas avoir ailleurs, car nous ne sommes pas un musée !" justifie la commissaire.
    Marcher sur des tapis qui valent plus d'un million d'euros

    Tenter de gagner une après-midi d'initiation à la tapisserie

    Tenter de gagner une après-midi d'initiation à la tapisserie - Vue de la scénographie de l'exposition Tombée de métier édition 2016
    Tenter de gagner une après-midi d'initiation à la tapisserie - Vue de la scénographie de l'exposition Tombée de métier édition 2016 © Thibaut Chapotot
    La visite permet également de découvrir, à travers un film très complet, le travail des liciers et des dentellières des manufactures d'Etat. Si, en sortant de l'exposition, vous êtes séduits par ce métier hautement précis et minutieux, vous pouvez tenter de gagner, par tirage au sort, un atelier de 45 minutes de tissage avec une licière !
    Tenter de gagner une après-midi d'initiation à la tapisserie

    Se promener dans la carte blanche donnée à Noé Duchaufour-Lawrance

    Carte blanche à Noé Duchaufour-Lawrance
    Carte blanche à Noé Duchaufour-Lawrance © Thibaut Chapotot
    En parallèle de l'exposition Tombée de métier, le Mobilier National a offert sa carte blanche à Noé Duchaufour-Lawrance. Le célèbre designer a choisi d'aborder le thème de la structure du mobilier.
    Dans une pièce sombre, il met en avant un bureau (photo) à la structure mi-organique, mi-aérienne. Autour, des structures de bois miment des meubles recouverts de tissu, comme dans le grenier d'une maison... ou dans le garde-meubles de l'Etat. A voir avant de quitter la galerie des Gobelins.
    Se promener dans la carte blanche donnée à Noé Duchaufour-Lawrance
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