Conjoncture immobilière : "la baisse des prix est désormais réelle"

    Publié le 9 avril 2009 par Pauline Polgar
    Le retournement du marché immobilier est désormais bien entamé : la baisse des prix a été réelle en 2008, selon l'étude conjoncturelle des notaires publiée mardi. Mais elle n'est pas encore très élevée, l'Ile de France faisant même de la résistance. La Fnaim a également fait part de ses chiffres, enregistrant de son côté une baisse de 10%. Détails des études.
    "Depuis maintenant un an, le cycle immobilier haussier que nous avons connu depuis 1998 est désormais interrompu, (...) le marché a engagé un mouvement de baisse," explique Jean-François Humbert, président de la Chambre des notaires de Paris. Et d'ajouter : "Cette crise a d'abord été une crise du financement bancaire. Elle est désormais liée au manque de confiance de nos concitoyens." Car, ce que soulignent les notaires en ce jour de publication des chiffres de l'immobilier pour 2008, mardi, c'est que les prix n'ont pas connu la baisse spectaculaire prédite par certains (mais pas par eux), mais que le marché commence à se "repositionner" peu à peu pour 2009, après avoir connu une hausse ininterrompue.

    Des prix résistants et des volumes en chute

    Ainsi, en 2008, "les prix font de la résistance face à l'effondrement des volumes" à la fin d'année, du fait de la crise. Pour l'ensemble de l'année 2008, l'indice INSEE-Notaire constate ainsi, pour les appartements, une baisse pour la France entière de 1,5% (Province : -3,5% ; Ile de France : +0,8%). Pour les maisons, il est enregistré un marché à -4% dans l'Hexagone (Province : -4,4 ; l'Ile de France : -2,9%). Pour 2009, les prix devraient connaître une chute "assez sensible" dans l'ancien, "entre 5 et 20%", mais pas dans le neuf, où ils se maintiendraient. Pour les notaires, il est important de noter également que la baisse s'est effectuée essentiellement sur le dernier trimestre 2008 et concerne plus les maisons que les appartements "contrairement à la précédente crise (1992-1998)". Elle est particulièrement marquée en région Rhône-Alpes pour les appartements à -6,1% pour l'ensemble de l'année. De même, les prix des grandes surfaces subissent plus la chute que les petites, qui résistent mieux à la conjoncture. Enfin, les prix du neuf se maintiennent, ne diminuant que très ponctuellement.

    Une baisse contrastée et non uniforme pour 2009

    Pour 2009, les notaires prédisent une baisse très contrastée et non uniforme, à l'image du marché actuellement. Ils ne croient pas ainsi à une baisse importante à Paris, comme dans les grandes métropoles de Province, dans les quartiers d'excellence ou pour les biens "zéro défaut" : pour cette catégorie, "les prix se maintiendront, voire pourraient continuer à augmenter très légèrement". Néanmoins, pour les grandes villes "alliant dynamisme économique, flux migratoires positifs et soleil, la baisse des prix devrait se situer, en moyenne plus près de 10% que de 5%." Dans l'ensemble des villes de provinces et dans les centres-villes des autres grandes métropoles, elle devrait approcher les -10%.
    notaire
    notaire © MAP
     Pour ce qui concerne les volumes, le nombre de ventes tous marchés confondus neuf et ancien est passé de 929.300 en 2007 (Ile de France et Province) à 746.400 en 2008, soit une baisse de moyenne de 20%. A noter que le neuf est plus touché que l'ancien avec un recul de 37,6%, contre 17% en moyenne pour l'ancien. Sachant que la crise des volumes concerne tous les secteurs géographiques et tous les types de biens. En 2009, les volumes devraient continuer à baisser "mais moins qu'en 2008".

    Facteurs d'optimisme

    Pour enrayer la crise, il faut rétablir la confiance, martèlent les notaires. Des facteurs d'optimisme existent : la baisse des taux d'intérêt, "un réel gain de pouvoir d'achat", conjuguée au crédit d'impôt accordé par la loi TEPA, au doublement du prêt à taux zéro et au Pass-Foncier ; "l'indiscutable retour des investisseurs" avec le succès du dispositif Scellier ; et, enfin, la pression de la demande toujours aussi présente qui devrait se faire facteur de maintien des prix.
    Retrouvez en cliquant sur suivant, certains graphiques publiés par les notaires, notamment les cartes des prix et des tableaux présentant les biens disponibles par budget. De même découvrez pas la suite l'analyse de la Fnaim.

    Nice, ville la plus chère

    Une étude publiée également mardi mais par les notaires de France, d'après les ventes effectives, fait état d'une baisse du prix des logements anciens de 2,8% au quatrième trimestre 2008, par rapport au trimestre correspondant en 2007 : une situation inédite depuis le premier trimestre 1997 ! Sur l'ensemble de l'année 2008, elle évoque cependant la poursuite d'une légère hausse de 0,5% pour les appartements et de 0,2% pour les maisons par rapport à 2007 alors que la FNAIM parlait d'une baisse de -5,7%. Toujours selon cette étude du Conseil supérieur du notariat, Nice resterait la ville la plus chère de province en 2008 pour l'achat d'un logement ancien, à 3.483 euros le m2 (prix médian, +3,1% par rapport à 2007), loin devant Lyon (2.771 euros, +0,3%) et Lille (2.640 euros, +3,4%). Parmi les métropoles les plus abordables, Saint-Etienne caracolerait en tête avec un prix de 1.371 euros/m2 (+1,1%) sans commune mesure avec Le Havre (1.955 euros, +1,3%) et Angers (2.037 euros, +0,3%). L. CM
    Conjoncture immobilière : "la baisse des prix est désormais réelle"

    Carte des évolutions des prix appartements anciens (notaires)

    Carte des évolutions des prix appartements anciens
    Carte des évolutions des prix appartements anciens © Notaires de France
    Carte des évolutions des prix appartements anciens (notaires)

    Carte des évolutions des prix maisons anciennes (notaires)

    Carte des évolutions des prix maisons anciennes
    Carte des évolutions des prix maisons anciennes © Notaires de France
    Carte des évolutions des prix maisons anciennes (notaires)

    Biens disponibles par budget (notaires) - 150.000 et 250.000€

    Biens disponibles par budget (notaires) - 150.000
    Biens disponibles par budget (notaires) - 150.000 © Notaires de France
    Biens disponibles par budget (notaires) - 150.000 et 250.000€

    Biens disponibles par budget (notaires) - 350.000 et 770.000€

    Biens disponibles par budget (notaires) - 350.000
    Biens disponibles par budget (notaires) - 350.000 © Notaires de France
    Biens disponibles par budget (notaires) - 350.000 et 770.000€

    Analyse de la Fnaim

    Pallincourt
    Pallincourt © Fnaim
    Les prix de l'immobilier ancien affichent un recul de 9,8% au premier trimestre 2009, comparé à la même période de 2008, selon la Fnaim. Une situation exceptionnelle qui devrait se poursuivre et permettre de "resolvabiliser la clientèle". Explications.
    La Fédération nationale de l'immobilier (Fnaim) a également publié ses chiffres pour le début de l'année 2009. Résultat ? Le marché a enregistré un repli de 9,8% pour le premier trimestre de l'année. Une tendance baissière qui affecte tous les types de biens : les appartements ont en effet reculé de 8,4% et les maisons de 11,2% sur les trois premiers mois de l'année, par rapport au premier trimestre 2008.

    Les acquéreurs ont la main

    Si le contexte économique reste morose, la baisse des prix conjuguée à un taux très bas à 4,4% (soit le même qu'en août 2007) offre des conditions d'emprunt extrêmement avantageuses aux acquéreurs, selon la Fnaim. La preuve avec une étude de cas proposée par René Pallincourt, président de la Fédération : "Si l'on considère pour le premier trimestre 2009 une baisse des prix de l'ordre de 20% par rapport aux trois premiers mois de l'année 2008 et un taux à 4,5% au lieu de 5,15% pour l'année passée, le taux d'effort des ménages est abaissé de 5 points de 30% à un peu plus de 25%".
    Pour autant, le nombre de ventes réalisées sur les deux premiers mois de l'année 2009 a chuté de 25% en moyenne par rapport à janvier et février 2008, avec un chiffre d'affaires en recul de 30%. Si ces deux données sont à relativiser en raison de la très bonne activité des agences pour la même période en 2008, la Fnaim a d'ores et déjà émis trois propositions pour relancer l'activité.

    Trois propositions de relance

    "Les primo-accédents n'ayant pas forcément d'apport, nous proposons le doublement du PTZ dans l'ancien, qui a statut d'apport initial, sans condition de travaux", avance René Pallincourt. Le président de la Fédération souhaite aussi un statut fiscal simple, lisible et incitatif pour l'investisseur dans l'ancien : "Il y a tellement de dispositifs d'investissement fiscal que l'on s'y perd. Ce statut permettrait de récompenser les bailleurs qui acceptent de louer moins cher avec un crédit d'impôt correspondant à l'effort consenti", précise-t-il. Face à la décision de villes comme Paris et Marseille d'augmenter la taxe foncière et/ou la taxe d'habitation, René Pallincourt opte enfin pour un pacte de stabilité fiscale entre l'Etat et les collectivités locales. En attendant, la Fnaim table sur la poursuite de la baisse des prix tout au long de l'année 2009, de l'ordre de -5 jusqu'à -10%.
    (L. CM)
    Les différences de chiffres avec les notaires s'expliquent par le fait que la Fnaim fait ses études à partir des tendances qu'elle enregistre sur les promesses de ventes, tandis que les notaires analysent les chiffres des transactions elles-mêmes (d'où un écart de trois mois entre leurs différentes observations, correspondant au temps écoulé entre une promesse et la conclusion de la vente).
    Analyse de la Fnaim
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