Les loyers ne "flambent" plus depuis... 2006

    Publié le 5 septembre 2012
    Selon l'Observatoire des loyers Clameur, les huit premiers mois de 2012 confirment le net ralentissement de la progression des loyers de marché observé depuis 2006, en affichant une hausse de 1,2%, soit inférieure à l'inflation (+1,9%). Les prix grimpent légèrement, bien moins qu'avant, voire baissent dans de plus en plus de villes.
    En plein débat sur la mise en place de l'encadrement des loyers, cette nouvelle semble incongrue, voire provocatrice. Mais cela n'est pas du tout la volonté affichée de l'Observatoire Clameur, qui étudie les loyers depuis 1998. Il s'agit plutôt de replacer le débat dans son contexte, est-il expliqué. Certes, le niveau des loyers est haut, mais la situation n'est pas la même partout, loin s'en faut. Comparer la situation en région Ile de France par exemple, à celle d'une ville de province, n'est pas pertinent. D'autre part, Clameur constate un net retournement du marché locatif en 2006-2007. Retournement qui n'est pas sans conséquence sur la pertinence de la période de référence choisie (2002-2012) dans le décret d'encadrement des loyers, explique Clameur (voir en page 2)...
    Michel Mouillart, professeur d'économie et auteur de l'étude explique : "Entre 2002 et 2007, la progression des loyers dans le parc privé était de +3.2% par an. Mais depuis, elle s'est nettement ralentie, affichant en moyenne +1,5% de hausse chaque année ; entre 1998 (création de l'observatoire) et 2006, elle était de +4.1%"
    "Entre 2006 et 2012, les loyers de marché ont augmenté de 9.2% d'après Clameur (+1.5% par an). D'après l'INSEE, les prix à la consommation ont augmenté de 10.3% durant cette période (+1.6% par an). Le revenu disponible des ménages de 18.9% (+2.9% par an). Et, enfin, le revenu disponible par ménage de 11.6% (+1.8% par an)", explique Clameur.
    Clameur septembre 2012 © Clameur, septembre 2012
    "Entre 2006 et 2012, les loyers de marché ont augmenté de 9.2% d'après Clameur (+1.5% par an). D'après l'INSEE, les prix à la consommation ont augmenté de 10.3% durant cette période (+1.6% par an). Le revenu disponible des ménages de 18.9% (+2.9% par an). Et, enfin, le revenu disponible par ménage de 11.6% (+1.8% par an)", explique Clameur.
     Et d'ajouter : "En 2012, la tendance se confirme : la hausse est de +1,2% en 2012 (contre +1.6% en 2011) et donc, inférieure à l'inflation (+1,9%)" et restera sans doute inférieure à 1,5% sur l'ensemble de l'année (voir infographie de Clameur ci-contre).
    Les loyers baissent dans de plus en plus de villes
    "Plus les loyers ralentissent, plus le pourcentage des villes dans lesquelles les loyers baissent augmentent" explique Michel Mouillart. Ainsi, en 2012, les loyers de marché baissent dans 33.7% des villes de plus de 10.000 habitants. Dans les vingt premières villes de plus de 146.000 habitants (cf. diaporama), "la hausse est supérieure à l'inflation dans 15% des cas - à Toulon, Brest et Paris - inférieure à l'inflation dans 55% des cas - Nice, Strasbourg, Nantes, Bordeaux ou encore Toulouse, par exemple - et baisse dans 30% des cas - à Marseille, Dijon, Saint-Etienne, le Mans, Rennes et Angers" est-il observé.
    Des disparités entre les surfaces et les situations
    Depuis le début de l'année 2012, le loyer moyen au m2 s'établit à 12,6€. Mais la différence des moyennes par types de logements est flagrante : avec 16.8€/m2 pour les studios et une pièce - "les loyers stagnent pour les petits logements", précise Clameur ; 12.8€/m2 pour les deux pièces ; 10.6€/m2 pour les 3 pièces ; 9.5€/m2 pour les quatre pièces ; et 9.3% € pour les cinq pièces et plus. Et la diversité des situations selon les régions l'est tout autant : 8,6€/m2 pour les moins chères Auvergne, Limousin et Franche-Comté contre 18,5€/m2 pour la plus chère, l'ÃŽle-de-France.
    Dans un contexte morose depuis le début de la crise de la dette souveraine, d'activité en repli, "le recul de la mobilité est sensible en 2012 (-2.2%)". Plus important encore, souligne Clameur, l'effort d'amélioration et d'entretien "fléchit dangereusement", alors que "la réalisation de travaux permet aux bailleurs de répondre aux exigences de qualité de la demande et atténue le risque de vacance prolongée des biens remis sur le marché." Sans compter que cela n'est pas sans conséquence sur l'activité économique dans le secteur de l'artisanat du bâtiment...
    Des données de première importance à intégrer dans la réflexion actuelle, explique Clameur, alors qu'un observatoire des loyers public est envisagé par la Ministre du logement et qu'une loi, prévoyant l'extension de l'encadrement à l'ensemble de la France, est en préparation pour le 1er semestre 2013. "Clameur est un indice de qualité, gratuit, sérieux et fiable. Nous sommes prêts et nous l'avons dit au Gouvernement : nous sommes à sa disposition" a ainsi martelé Jean Perrin, actuel président de Clameur et par ailleurs, président de l'UNPI (Union Nationale de la Propriété Immobilière).
    L'encadrement des loyers ne prendrait pas en compte la bonne période, la suite de l'article en page 2
    Les loyers ne "flambent" plus depuis... 2006

    Le décret d'encadrement des loyers ne prendrait pas en compte la bonne période, selon Clameur

    location louer
    location louer © Fotolia
    Le décret d'encadrement des loyers, entré en vigueur le 1er août dernier, prévoit des critères présidant le choix des agglomérations entrant dans son champ d'action s'appuyant sur la période 2002-2012. Et Clameur de démontrer que si la période de référence avait été 2007-2012, seules six villes sur la quarantaine prévues par le décret auraient été concernées : Lille et Roubaix en province ; Argenteuil, Asnières sur Seine, Aubervilliers et Levallois Perret en Île-de-France !
    "Le problème du logement doit être étudié sous l'angle de l'offre locative, souligne Jean Perrin, président de Clameur, il ne faut pas jouer sur les prix, car plus on joue sur les prix, plus on grippe le système."
    "Il n'y a pas besoin de construire des logements à Rodez quand il en manque à Paris !"
    Et d'ajouter, alors que la loi de mobilisation était présentée ce mercredi et prenant là, sans doute, plus sa casquette de président de l'Union nationale de la propriété immobilière : "Attention aux effets pervers de mesures 'pansements sur petite plaie' : dans 65% des villes les loyers baissent ou stagnent ou augmentent moins que l'inflation ; ajoutez à cela une vacance locative importante (...). La loi prévoit 25% de logements sociaux dans chaque ville, pas 25% pour l'ensemble du marché locatif : demain il pourra y avoir dans une ville plus d'HLM que de logements privés à louer. Que voulons-nous ? Une France d'HLM ? De nombreuses petites villes ont beaucoup de logements vides. Le problème ne se règle pas comme ça : il n'y a pas besoin de construire des logements à Rodez quand il en manque à Paris ! "
    Retrouvez le baromètre Clameur ville par ville.
    Le décret d'encadrement des loyers ne prendrait pas en compte la bonne période, selon Clameur
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