Crédits, investissements ou placements : attention aux arnaques sur Internet ! © Istock
Placements dans les panneaux photovoltaïques, fausses propositions de crédits, investissements à très hauts risques, changement de RIB... l'imagination des escrocs n'a pas de limite. Les autorités financières, bancaires, judiciaires et la répression des fraudes font cause commune pour alerter le plus grand nombre sur les offres frauduleuses, qui se multiplient sur Internet.
Autorité des marchés financiers (AMF), Autorité de contrôle prudentiel et de résolution de la Banque de France (ACPR), Répression des fraudes (DGCCRF) et Parquet de Paris ont fait front commun le 31 mars dernier pour alerter particuliers, comme professionnels, sur la multiplication des arnaques financières en ligne.
Offres de trading spéculatif sur le Forex (Foreign exchange : marché où s'échange les monnaies du monde entier), options binaires ("instruments" de traiding qui permettent de spéculer sur une très courte durée sur l'évolution d'un titre à la hausse ou à la baisse), placements sur des produits atypiques, tels les panneaux photovoltaïques, fausses propositions de crédits (
"Besoin d'argent rapidement ?" des acteurs se faisant passer pour des banques ou au contraire, jouant sur l'esprit "anti-banque"), investissements à très hauts risques, changement de RIB (un mail reprenant l'en-tête de votre fournisseur vous informe d'un changement de RIB... imaginaire), "arnaque au président" (un mail est envoyé à un collaborateur comptable ou directeur financier, se faisant passer pour le président de l'entreprise, pour un virement), etc. L'imagination des escrocs n'a pas de limite pour donner l'illusion de l'argent facile ou pour dérober des fonds !
Le phénomène s'amplifie explique l'AMF, par "
une compréhension insuffisante du couple rendement/risque pour les particuliers" et
"l'industrialisation des pratiques offertes par internet : pression publicitaires, internationalisation, facilité de création/mobilité/disparition des sites, relais par les réseaux sociaux, etc." Ce sont ainsi pas moins de 28% des Français qui auraient été contactés ou démarchés pour investir dans ce type de placement, selon un sondage CSA de 2015 pour l'AMF. Certains sites peu scrupuleux et basés à l'étranger d'offres de trading sur le Forex, sont même devenus sponsors d'équipes de football de ligue 1 !
De 64 en 2010, l'AMF a reçu 1656 réclamations en 2015. François Molins, Procureur de la République de Paris, avance quant à lui des pertes pour les victimes estimées à 4,5 milliards d'euros sur six ans, sur l'ensemble des escroqueries menées par des sites agréés ou non, selon le Parquet de Paris. L'AMF rappelle par ailleurs que 90% des particuliers ayant eu une activité de trading très spéculatif - même ceux ayant eu recours à des régulateurs agréés - ont enregistré des pertes : 175 millions d'euros de pertes, contre 13 millions seulement de gains. Suite Ã
des offres frauduleuses de crédit, les pertes peuvent aller de dizaine de milliers d'euros à des centaines par personne, est-il encore précisé.
De la déconvenue à l'arnaque, les règles d'or (AMF, ACPR, DGCCRF, Parquet de Paris)
1) Forex et Options binaires : un mot d'ordre, fuir
- Ce ne sont pas des produits pour le grand public
- Sur les plateformes autorisées 90 % des clients perdent leur argent
- Sur les plateformes non autorisées : 100 % des clients perdent leur argent
2) Certains comportements doivent mettre la puce à l'oreille du public :
- Le placement est très rémunérateur ou l'offre de crédit très attractive et réservés à quelques privilégiés
- Le commercial fait pression, relance sans cesse et prétend que demain il sera trop tard pour conclure la transaction
- Il demande un versement rapide, souvent sur un compte à l'étranger (en cas de demande de crédit par exemple, un intermédiaire autorisé ne demandera jamais de versement avant l'obtention du crédit)
- Il ne pose pas de questions pour connaître le besoin d'épargne du client, son profil d'investisseur ou ses ressources
- Il vous demande des informations personnelles : coordonnées bancaires ou autres
3) Demandes paraissant émaner de l'ACPR, la Banque de France ou l'AMF
En aucune manière, l'ACPR, les Commissions des sanctions de l'ACPR ou l'AMF, le Médiateur de l'AMF ou la Banque de France ne demandent au public le versement de sommes d'argent, ni la communication d'informations personnelles
Bien entendu, ces autorités réagissent, enquêtent, recherchent et poursuivent les escrocs, travaillant de plus en plus, de manière conjointe et coordonné. Cela donne lieu à la publication de
listes noires de sites illégaux, des injonctions de fermetures de sites, ou encore des sanctions de pratiques commerciales trompeuses, etc.
"La prise de conscience du public est essentielle : la promesse d'un gain facile est un leurre absolu"
La Loi Sapin II devrait interdire également toute publicité pour les produits les plus risqués. Mais l'arme la plus efficace reste la prévention, c'est le discours commun de ces entités.
"La prise de conscience du public est essentielle : la promesse d'un gain facile est un leurre absolu", rappellent-elles.