Un cirque sous un chapiteau pointu en bois

Quant au nom, il fait surtout référence au film américain "Le plus grand cirque du monde" réalisé par Henry Hathaway avec John Wayne. "C'est aussi un clin d'œil à la tradition, mais surtout à des notions de proximité et d'humilité inhérentes à notre action", raconte Daniel Forget, président de l'organisation. Ce dernier, conducteur de métro de profession, n'était pas prédestiné à se lancer dans une telle aventure, mais la passion fut plus forte que tout. Et se poursuit maintenant depuis 23 ans. Avec un rêve en filigrane : celui d'offrir aux enfants un cirque en dur. "Ce type de bâtiment est plus écologique que les chapiteaux qu'il faut transporter, chauffer et climatiser", souligne Daniel Forget avec conviction, ajoutant que c'était aussi une manière de laisser une trace dans le temps.

Symbole de l'énergie et de l'engagement insufflé dans le projet, ce cirque en dur a été dessiné par l'architecte Loïc Julienne, de l'agence Construire de Patrick Bouchain. Un véritable pied de nez au destin puisque le concepteur a passé toute son enfance à Bagneux (Hauts-de-Seine), dans l'école située à proximité du site. D'une superficie de 1.900 m2, l'espace proposera un lieu de représentation classique d'une capacité de 360 spectateurs ainsi qu'une salle dédiée aux compagnies professionnelles en résidence à la formation. A cela s'ajoutent un studio de danse, des locaux techniques et des bureaux. Enfin, le programme est complété par un foyer et des équipements destinés aux pratiques artistiques du déplacement (Yamakazi).

Visible de loin grâce à sa pointe haute de 28 mètres, le cirque se distingue par son matériau : le bois. Une volonté des architectes : "Cette matière nécessite un vrai savoir-faire. D'ailleurs, on peut voir les Compagnons ajuster, raboter avec minutie chaque recoin. Un chantier avec du bois, c'est un chantier vivant. Et en plus, le bois c'est écologique car ça stocke le carbone ! ", se félicité Loïc Julienne. Côté forme, la structure prend des allures classiques de chapiteau circulaire puis se prolonge pour abriter l'espace résidence. "Nous avons axé notre projet autour d'un volume utile pour la pratique du cirque", note l'architecte, dont l'agence a également œuvré sur le cirque de l'académie Fratellini de Saint-Denis.

Concernant le code couleur bleu et vert, il est similaire à celui de l'école attenante. Enfin, dernier point et pas des moindres : l'aspect technique. Ce chapiteau se veut aux normes thermiques actuelles : "Nous avons opté pour une isolation épaisse, qui est recouverte par un liner, habituellement utilisé dans le secteur de la piscine. Cette toile a non seulement un objectif en termes de performance mais aussi d'esthétique puisqu'elle fait penser aux chapiteaux de cirque", précise Loïc Julienne. Quant à son entretien, "il est facile, selon l'architecte. Il s'agira simplement de poser des rustines si un souci arrivait". Ce ne sera pas sans rappeler le costume du clown. Sauf que, bien sûr, le "Plus Petit cirque du monde" n'accueille pas vraiment d'Auguste.

L'établissement se veut davantage social et créatif puisqu'il est ouvert aux jeunes du quartier, aux scolaires, aux handicapés et aux artistes internationaux. Comme le dit avec toute sa verve Nikolaus de la compagnie Pré-O-coupé : "Notre objectif n'est pas de former des acrobates, mais de donner les clés pour devenir un acrobate de la vie". Porté par son directeur, Eleftérios Kechagioglou, le cirque accueillera à la rentrée 2015 de nouvelles activités comme les échasses, le freestyle ballon, la slack line. Et qui dit nouvelles pratiques, dit nouveaux objectifs : "Nous espérons enregistrer une croissance de 10 à 15% sur trois ans", s'enthousiasme le directeur. Et trois emplois pourraient être créés. Ainsi, "Plus Petit cirque du monde" devrait devenir grand ? En tout cas, c'est tout le mal qu'on lui souhaite...

Maître d'ouvrage : ville de Bagneux, ministère de la Culture, région Ile-de-France, le conseil départemental des Hauts-de-Seine et la communauté d'agglomération Sud-de-Seine Architectes : Loïc Julienne et Denis Favret Livraison : juin 2015 Coût : 3,5 millions d'euros Surface totale : 1.300 m2 retrouvez en pages suivantes quelques photos du chantier

Le bois fait partie intégrante du projet. Un choix porté pour son aspect artisanal et esthétique.

La maquette du projet, situé dans la barque de chantier, permet à chacun de s'approprier le futur cirque.

De gauche à droite : Fondateur du plus petit cirque du monde, Daniel Forget, Nikolaus de la compagnie Pré-O-coupé, Eleftérios Kechagioglou, directeur du cirque, et Loïc Julienne, architecte.