Cette maison joue à cache-cache sur les hauteurs de Forcalquier

    Mis à jour le 11 septembre 2019
    Date de publication et auteurs
    Publié le 24 juillet 2019 par Stéphanie Thibault
    Cette maison joue à cache-cache sur les hauteurs de Forcalquier
    Cette maison joue à cache-cache sur les hauteurs de Forcalquier © Patrick Verbauwen
    Construite à flanc de colline, sur des ruines, cette étonnante maison a mis architectes et artisans à rude épreuve. Un chantier hors norme, qui a exigé des trésors de patience et d'imagination, et nécessité plus de trois ans de travaux. Reportage.
    Nichée sur les hauteurs de Forcalquier, cette étonnante maison a eu bien du mal à sortir de terre. La situation particulière de la parcelle, dans le centre historique de la ville, a sérieusement compliqué la tâche des architectes, aussi bien d'un point de vue technique qu'administratif. Il a en effet fallu convaincre les autorités que la construction se fondrait dans le paysage et que le patrimoine serait préservé : deux cabinets d'architectes se sont succédé, et autant de demandes de permis de construire ont été déposées, avant qu'un projet ne soit enfin validé et que les travaux soient lancés.
    "Le terrain était une épine dans le pied du maire !" nous confie Patrick Verbauwen. Il a aussi donné pas mal de fil à retordre au maître d'œuvre, qui a dû composer avec de nombreuses contraintes. "Une fois les obstacles administratifs levés, il a fallu jongler avec un grand nombre de contraintes physiques. Forcalquier est une ville gruyère, avec plusieurs étages de troglodytes et beaucoup de galeries et cavités en sous-sol. C'est ce qui fait sa richesse, mais aussi sa grande fragilité. La roche est très friable, avec un risque élevé d'éboulis. Sans parler des contraintes sismiques de la région..." explique l'architecte.
    Le terrain, situé à flanc de colline, était aussi particulièrement difficile d'accès. "La calade [rue en pente pavée en Provence, ndlr] ne mesure que 2,20 m de large. On ne pouvait donc pas monter avec des engins traditionnels, il a fallu trouver des solutions pour acheminer les matériaux autrement et utiliser des moyens de levage différents" ajoute-t-il. De la conception à la construction, Patrick Verbauwen a donc dû réfléchir à des solutions techniques sur-mesure. "La maison a été faite au chausse-pied !" plaisante-t-il. "De l'extérieur, elle présente un aspect sobre, très simple, mais en réalité c'est une maison très complexe".
    Le pari, en tout cas, est gagné. La bâtisse contemporaine a trouvé sa place dans cet environnement d'exception, tout en mettant en valeur le patrimoine historique. Zoom en images sur une maison pas comme les autres, et une véritable prouesse architecturale.
    Ce projet a été récompensé lors de la cérémonie des Trophées de la construction 2019, dans la catégorie "Construction - logement individuel".
    Cette maison joue à cache-cache sur les hauteurs de Forcalquier

    Un chantier complexe et difficile d'accès

    Un chantier complexe et difficile d'accès
    Un chantier complexe et difficile d'accès © Patrick Verbauwen
    Plus de trois ans de travaux ont été nécessaires pour construire cette maison discrète, qui s'intègre en douceur dans le paysage. Un chantier complexe, en partie conditionné par la configuration des lieux. "On ne pouvait pas utiliser des engins classiques, l'endroit nous a donc contraint à travailler de manière extrêmement artisanale" souligne Patrick Verbauwen. "Le chantier était aussi très difficile d'accès. Pour pouvoir passer dans la calade, l'approvisionnement des matériaux, par exemple, a été réalisé avec un petit Bobcat et un mini Piaggio".
    Un chantier complexe et difficile d'accès

    Une structure métallique assemblée morceau par morceau

    Une structure métallique assemblée morceau par morceau
    Une structure métallique assemblée morceau par morceau © Patrick Verbauwen
    L'architecte a aussi dû s'accommoder d'une parcelle accidentée. "Le terrain était très compliqué. On se trouvait sur des ruines, plusieurs immeubles s'étaient écroulés. Le sol était instable et il y avait beaucoup de pierres à trier" explique Patrick Verbauwen. Une fois les travaux de démolition et de terrassement réalisés, la construction de la maison a pu démarrer, morceau par morceau. L'architecte a opté pour une structure en métal. "Il nous fallait des sections de poutraisons fines, on a donc choisi l'acier plutôt que le bois. L'avantage aussi était qu'il s'agissait d'éléments courts, faciles à assembler les uns avec les autres, mais surtout faciles à acheminer compte tenu des moyens dont on disposait".
    Une structure métallique assemblée morceau par morceau

    Un remplissage bois léger et performant

    Un remplissage bois léger et performant
    Un remplissage bois léger et performant © Patrick Verbauwen
    Pour habiller la structure métallique, Patrick Verbauwen a opté pour un remplissage bois. Un matériau biosourcé, choisi pour ses performances thermiques, mais aussi son côté pratique. "Le bois est léger et son approvisionnement facile" commente l'architecte. Là encore, les différents éléments ont été acheminés et assemblés les uns après les autres.
    Un remplissage bois léger et performant

    Un mur reconstruit pierre par pierre

    Un mur reconstruit pierre par pierre
    Un mur reconstruit pierre par pierre © Patrick Verbauwen
    Toutes les pierres présentes sur le terrain ont été réutilisées. L'architecte y a mis un point d'honneur. "Elles ont plusieurs siècles, elles ont une histoire, on les a donc réutilisées pour le mur le long de la calade" explique-t-il. Un travail de fourmi pour les artisans qui ont fait en sorte de rebâtir à l'identique. "Elles ont dû être retaillées une par une et repositionnées à l'ancienne" souligne le maître d'œuvre.
    Un mur reconstruit pierre par pierre

    Une maison hors norme bien camouflée

    Une maison hors norme bien camouflée
    Une maison hors norme bien camouflée © Patrick Verbauwen
    Malgré ses 32 mètres de long, la maison est quasiment invisible depuis la rue. En partie camouflée derrière le mur en pierre, elle disparait presque entièrement (seule une partie du premier étage est visible depuis les hauteurs), préservant ainsi ses habitants des regards indiscrets. "L'endroit est très touristique, il y a donc beaucoup de passage sur la calade. Il était important de mettre l'intimité des occupants à distance" souligne Patrick Verbauwen.
    Une maison hors norme bien camouflée

    Des ouvertures qui jouent à cache-cache

    Des ouvertures qui jouent à cache-cache
    Des ouvertures qui jouent à cache-cache © Patrick Verbauwen
    Pour protéger la maison des regards extérieurs, Patrick Verbauwen a joué avec les ouvertures et découpé comme des failles dans le mur. Les volets ont également été imaginés pour préserver les pièces de vie, et sont à l'image de la porte de garage, ajourés de fines rainures. Un exercice périlleux car l'objectif était aussi de pouvoir faire rentrer un maximum de lumière à l'intérieur. "La maison étant située à flanc de colline, cela signifie qu'il y a pas mal d'ombre, en particulier l'hiver. Les ouvertures ont donc été conçues pour recevoir un maximum les rayons du soleil, avec des ouvertures zénithales".
    Des ouvertures qui jouent à cache-cache

    Un balcon dessiné sur-mesure

    Un balcon dessiné sur-mesure
    Un balcon dessiné sur-mesure © Patrick Verbauwen
    A l'image du balcon, chaque ouverture a ainsi été soigneusement dessinée. "Le débord de toit permet à la fenêtre de rester dans l'ombre l'été, et à l'inverse, de prendre la lumière l'hiver, le soleil étant plus bas, les rayons pénètrent dans la maison" indique l'architecte.
    Un balcon dessiné sur-mesure

    Une maison qui joue la carte de la simplicité

    Une maison qui joue la carte de la simplicité
    Une maison qui joue la carte de la simplicité © Patrick Verbauwen
    Malgré la complexité de sa conception, la bâtisse mise sur la sobriété, aussi bien dehors que dedans. "A l'intérieur, la maison est très ordinaire" confirme Patrick Verbauwen. "On trouve une grande cuisine ouverte sur le séjour, une salle de bains et trois chambres en enfilade" indique l'architecte. La suite parentale dispose néanmoins d'un patio, bien à l'abri derrière le mur, et la maison d'un accès au jardin, via une rampe d'une trentaine de mètres de long qui grimpe sur les hauteurs.
    Une maison qui joue la carte de la simplicité

    Une toiture végétalisée pour une maison qui se fait oublier

    Une toiture végétalisée pour une maison qui se fait oublier
    Une toiture végétalisée pour une maison qui se fait oublier © Patrick Verbauwen
    "Faites-vous oublier". Alors qu'il s'apprêtait à déposer une troisième demande de permis de construire et que les discussions s'annonçaient, une fois encore, compliquées, cette petite phrase prononcée par le maire a sans aucun doute beaucoup inspiré Patrick Verbauwen. Si la complexité du projet a forcé l'architecte a trouvé des solutions adaptées, cette remarque l'a aussi amené à dessiner une maison la plus discrète possible. Camouflée par le mur en pierre côté rue, elle s'efface aussi côté jardin grâce à sa toiture végétalisée. "La maison se fait ainsi réellement 'oublier' !" s'amuse-t-il. "Le végétal se confond avec le jardin et tombe sur la maison, et donne l'impression que la colline déboule à l'intérieur".
     
    Fiche technique
    Programme : construction d'une maison neuve
    Lieu : Forcalquier
    Superficie : parcelle : 1.100 m2, partie constructible : 230 m2
    Maître d'ouvrage : privé
    Maître d'œuvre : Patrick Verbauwen, Atelier Verbauwen et associés
    Entreprises : Sonza TP (terrassement gros œuvre), Les Arbres bâtisseurs (construction bois), Métallerie Berjalienne (construction métallique et serrurerie), Serge Senet (maçonnerie)
    Durée des travaux : 3 ans et demi
    Budget : non communiqué
    Une toiture végétalisée pour une maison qui se fait oublier
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