Maison d'architecte : une ancienne papeterie convertie en loft multi-hauteurs

"La première difficulté a été de définir l'implantation et les limites de l'habitation sur les 1.300 m2 disponibles", nous confie Ludovic Martial. Il fallait en effet tenir compte du site sur lequel se trouvent les locaux : situé entre une route à fort trafic à l'est et une colline à l'ouest. Le choix s'est finalement porté sur 300 m2 au sud-ouest. Bien qu'enclavée et ne dégageant pas de vue lointaine, cette partie était celle qui nécessitait le moins de travaux lourds. "La charpente était en bon état mais l'enclavement du volume choisi le rendait très sombre. La ligne directrice du projet était donc naturellement posée : il fallait faire pénétrer un maximum de lumière naturelle en créant un grand patio", nous raconte l'architecte.

"L'on distingue deux entités avec deux principes constructifs différents. Le premier bâtiment a une charpente en bois tandis que le second est construit en ossature métallique. De plus, ils sont décalés d'un demi-niveau en hauteur", rapporte Ludovic Martial. Malgré ce découpage contraignant, l'architecte a choisi de conserver les deux édifices en l'état, sans casser de murs ou rééquilibrer les niveaux. La zone jour du loft se situe dans le premier bâtiment (le plus bas sur le plan), tandis que la zone nuit, qui abrite les chambres et le patio, se trouve dans le bâtiment le plus haut et le moins au sud. Une ouverture a été percée entre les deux édifices. Accessible par un escalier sur-mesure, elle fait le lien entre les deux étages comme dans un duplex classique.

Une grande pièce à vivre réunissant les principales fonctions de jour La grande pièce à vivre est totalement ouverte et réunit en son sein le salon, la salle à manger, la cuisine ainsi que le bureau sur la mezzanine aménagée (voir page 8). "Le style de cette pièce est très contemporain en contraste avec l'architecture rustique du lieu. En ce qui concerne les structures, nous avons opté pour un travail autour du bois et du métal. Pour le mobilier, il s'agit principalement de biens appartenant à la famille des propriétaires et de pièces récupérées sur le chantier auxquelles l'on a donné une seconde vie, comme la table de bar près de la cuisine qui est en fait une ancienne table d'atelier", relate Ludovic Martial, architecte de la rénovation. La réutilisation ou l'"up-cycling" des objets déjà présents sur le site est l'une des raisons pour lesquelles le budget serré de 100.000 euros pour 300 m2 a pu être respecté.

Ce qui frappe immédiatement dans cette grande pièce, c'est son importante hauteur sous plafond, mise en valeur par ses poutres en bois. "Conserver les poutres apparentes est un choix à la fois technique, économique et esthétique. Elles ont été simplement sablées et patinées", explique l'architecte.

La cuisine installée dans la pièce principale appartenait déjà aux propriétaires et a simplement été réimplantée. "Avec une hauteur sous plafond si importante dans la pièce, nous voulions trouver une solution pour gérer les odeurs de cuisine. Nous avons donc décidé de l'aménager dans un renfoncement, d'où l'idée de la mezzanine. Mais ce qui est réellement incroyable c'est que la hauteur de la mezzanine a été imposée par celle des meubles de cuisine et non l'inverse !", s'amuse Ludovic Martial. Sur cette mezzanine, un coin bureau est aménagé, il constitue un troisième niveau dans le loft.

Une grande vitre qui relie visuellement les différents espaces du loft L'habitation ayant été aménagée dans deux bâtiments distincts, en enfilade, les ouvertures étaient rares et la lumière ne pouvait pas, de fait, traverser les différents espaces. C'est sur cette problématique que l'architecte Ludovic Martial a axé le projet de rénovation. "Je voulais qu'il y ait une connexion possible entre toutes les pièces et tous les espaces sans que tout soit pour autant ouvert. J'ai donc pensé à une ouverture vitrée qui permet de créer un axe de vue traversante entre la zone de nuit et de jour : du patio à l'entrée. C'est également un moyen de faire circuler la lumière", indique l'architecte.

Une pièce triangulaire, cœur de l'habitation On l'a vu, pour accéder de la pièce à vivre à la partie nuit, il faut emprunter un escalier qui donne sur le palier de la seconde bâtisse. Les chambres sont ensuite distribuées par ce qui aurait pu être un simple couloir menant jusqu'au patio, mais il n'en est rien. "Le véritable centre de la maison, c'est cette pièce triangulaire. Elle n'est pas uniquement un lieu de passage. Elle est volontairement très large pour permettre aux enfants d'avoir un endroit où jouer, tout en restant proches visuellement de leurs parents grâce à l'ouverture dans le mur", précise Ludovic Martial. De plus, ce lieu communique directement avec le patio, terrain de jeu par excellence pour les enfants. Cette pièce est donc le prolongement naturel de leur espace d'expression.

Les propriétaires ont meublé et décoré les chambres avec des objets de famille, dans un style champêtre et cosy qui contraste directement avec l'ambiance contemporaine de la partie jour de l'habitation.

Dans la zone nuit, la structure de la bâtisse est en métal. A certains endroits, l'architecte a fait le choix esthétique de la laisser apparente.

A l'extrémité du loft, dans le second bâtiment l'on retrouve un très grand patio semi-couvert, créé à la demande des propriétaires. L'architecte en a fait un véritable atout pour l'éclairage naturel de la maison. Aménagé dans la continuité de la zone de nuit, il permet d'apporter de la lumière dans l'ensemble du bâtiment. C'est également un lieu de vie où les occupants aiment se retrouver pour manger, et les enfants pour jouer.

Autre source de lumière dans le loft : le jardin. Du côté de la partie jour, il fait entrer la lumière naturelle à travers les nombreuses ouvertures créées par l'architecte. Ce jardin apporte également de la verdure, quasi inexistante dans le patio. Avec son olivier et ses herbes aromatiques, il reprend les codes du jardin méditerranéen . "C'est ici que l'une des bonnes surprises du chantier s'est révélée. En le défrichant, nous avons découvert un point d'eau grâce auquel nous avons pu installer une fontaine en pierre", nous raconte l'architecte.