Panam' Panama : quand des grilles de ventilateurs se transforment en luminaires

    Publié le 13 octobre 2016 par Manon Mercier
    Comme encore de nombreux appareils électroniques, les ventilateurs ont du mal à être récupérés pour intégrer les filières de recyclage. Léa Baert, jeune designer parisienne, a trouvé la solution miracle : les recycler en luminaires. Une idée surprenante qui prend sa source au cœur du Panama. Découverte.
    "J'ai décidé d'allier ma passion et mon travail", confie Léa Baert. Après un voyage de deux mois au Panama début 2016, durant lequel la jeune femme est allée au contact des artisans locaux, elle lance sa collection d'objets autour du recyclage de grilles de ventilateurs. Une série de trois luminaires a vu le jour suite à ce premier échange : une lampe à poser, une suspension et une applique lumineuse.
    "Tout cela est venu du désir de créer du lien. D'abord entre nos deux cultures, en mêlant nos regards, puis entre les artisans eux-mêmes, en connectant les personnes et en croisant les techniques", souligne la jeune femme.
    Retour en images sur la démarche ...
    Panam' Panama : quand des grilles de ventilateurs se transforment en luminaires

    Une âme d'artiste

    Un tailleur de pierre de savon au Panama
    Un tailleur de pierre de savon au Panama © Léa Baert
    Après des études en Arts Appliqués, à Paris, et une spécialisation dans les métiers du design, de la mode et de la création, Léa Baert envisage rapidement de tisser ses projets personnels. "J'avais envie de créer quelque chose au Panama, avec des artisans locaux. Je suis amoureuse de ce pays, de sa langue et de sa culture", explique la jeune femme. Tout en ajoutant : "Mon grand intérêt pour les travaux manuels m'a tout naturellement conduit vers les artisans et leur savoir-faire."
    Une âme d'artiste

    Créer du lien entre les artisans locaux

    La tisseuse panaméenne travaille le luminaire
    La tisseuse panaméenne travaille le luminaire © Léa Baert
    Début 2016, Léa Baert atterrit en Amérique Centrale. "J'ai rencontré de nombreux artisans et beaucoup échangé avec eux", confie la jeune femme. Son objectif était de créer des "workshops", sortes de petits groupes de travail improvisés. Tout en précisant : "Durant mon voyage de deux mois, j'ai découvert leurs techniques et leurs matériaux puis, j'ai proposé de bousculer leurs habitudes de fabrication pour expérimenter, ensemble."
    La céramique, la taille de la pierre, la maroquinerie et la vannerie ont été ses principaux axes de travail avec les artisans. (Comme en témoigne la photo ci-dessus)
    A l'issue de ses échanges riches et variés avec les populations locales, Léa Baert réalise une collection d'objets autour du recyclage de grilles de ventilateurs. En fonction des matériaux locaux et des procédés de fabrication propres au pays, elle façonne trois types de luminaires : une applique lumineuse, une suspension et une lampe à poser.
    Créer du lien entre les artisans locaux

    Des grilles de ventilateurs comme base de réflexion

    Les grilles de ventilateurs se transforment
    Les grilles de ventilateurs se transforment © Léa Baert
    "Chaque foyer panaméen possède plusieurs ventilateurs. Cela fait partie des équipements indispensables dans les maisons", souligne Léa Baert.
    Un constat qui l'a poussé à travailler à partir de ces éléments. "Les grilles de ventilateurs usagées sont nombreuses au Panama et rares sont les habitants qui les recyclent. Seuls certains artisans s'en servent de panières pour trier leurs outils, mais ne tirent pas profit de leur potentiel plastique", précise la designer.
    Des grilles de ventilateurs comme base de réflexion

    Fibres naturelles, pierre de savon et peinture : le nouveau look des grilles de ventilateurs

    Matériaux pour réaliser le luminaire
    Matériaux pour réaliser le luminaire © Léa Baert
    Dans la mesure du possible, les matériaux qui enveloppent la grille de ventilateur sont issus de la nature panaméenne (plantes séchées, cuire, etc). La cueille de fibres naturelles représente une des premières étapes du travail. "Elles sont ensuite séchées et travaillées directement dans le jardin des artisans", explique Léa Baert.
    En parallèle, le tailleur de pierre façonne la "pierre de savon". Un minerai provenant de carrières locales. Cet élément sert de socle au luminaire.
    Le tout est ensuite décoré, notamment avec de la peinture. Les couleurs sont vives et chaleureuses. Le bleu et le rouge, couleurs particulièrement chéries par les locaux, apportent une touche de fraîcheur à la matière première.
    "Il faut quatre jours pour réaliser un luminaire. Soit plus de 40 heures de travail", glisse la designer.
    Fibres naturelles, pierre de savon et peinture : le nouveau look des grilles de ventilateurs

    La collection Panam' Panama s'envole vers Paris

    Une étape dans la réalisation du luminaire
    Une étape dans la réalisation du luminaire © Léa Baert
    De retour en France, Léa Baert n'a pas l'intention d'abandonner son projet panaméen. Mais il prend une nouvelle forme et se décline cette fois au niveau parisien.
    "Je ne voulais pas importer les luminaires fabriqués au Panama, en France. Sinon, le projet aurait perdu tout son sens éco-responsable. Dans le même esprit, j'ai travaillé avec des artisans locaux. Par exemple, j'ai utilisé du granit à la place de la pierre de savon. J'ai aussi été chercher du tissu de fin de stocks dans un entrepôt, en périphérie parisienne, pour habiller mes luminaires", énumère la jeune femme.
    La collection Panam' Panama s'envole vers Paris

    Panam' Panama s'expose en France

    Mise en scène : lampe à poser au sol de Léa Baert
    Mise en scène : lampe à poser au sol de Léa Baert © Léa Baert
    Léa Baert retourne au Panama en 2017. Elle veut à tout prix continuer le développement de sa collection en Amérique Centrale. "Je souhaite être l'intermédiaire entre les artisans et le revendeur, afin que les fabricants (artisans) soient rémunérés à juste titre. C'est un de mes principaux combats", finit par avouer la designer.
    En parallèle, ses actions en France prennent forme. "J'ai exposé dans une galerie ou encore participé à la Paris Design Week", précise-t-elle. Et l'aventure continue ... A l' occasion de la Biennale Intérieur 2016 de Courtrai (Texture Museum), la designer a été contactée pour exposer son applique en fibres. Une exposition de Lidewij Edelkoort et Philip Fimmano qui s'intitule : "Wild Things" (en français : "les choses sauvages"). A suivre !
    Panam' Panama s'expose en France
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