Le cloître de l'abbaye du Mont-Saint-Michel fait peau neuve...

    Publié le 19 janvier 2017
    Après la rénovation de la statue de l'Archange au printemps dernier, le Centre des monuments nationaux poursuit la restauration du Mont-Saint-Michel en s'attaquant au cloître de l'abbaye. Le jardin et les galeries seront en chantier pour 12 mois, pour parfaire l'étanchéité et l'évacuation des eaux pluviales, mais ils resteront ouverts. Explications.
    Le chef d'œuvre d'architecture gothique normande, surgi des flots au 13e siècle est... un chantier permanent. Après avoir vu la statue de l'archange Saint-Michel restaurée au printemps de 2016, avec une mise en conformité de ses paratonnerres, le mont s'apprête à subir un nouveau chantier. Cette fois, le Centre des monuments nationaux (CMN) interviendra sur le cloître de l'abbaye, en restaurant l'étanchéité du jardin et des galeries, en traitant la toiture et les sculptures des colonnades. En amont, des fouilles archéologiques vont être menées "afin de préciser le niveau des sols des galeries ainsi que le dispositif d'évacuation des eaux pluviales", précise le CMN. Car, dans une étude de 2015, l'architecte en chef des monuments historiques, François Jeanneau, préconisait de reprendre l'étanchéité et de procéder au nettoyage et à la consolidation des lieux, détériorés par les intempéries. La charpente lambrissée, édifiée dans un souci de légèreté avec double rangée de colonnettes et fines arcades, "montre un bois blanchi par des micro-organismes".

    Une histoire architecturale longue et complexe

    Les 260 m² du cloître semblent notamment avoir "toujours été occupés par un jardin installé sur de la terre rapportée et posée sur une surface étanche en plomb, protégeant les voûtes de la salle des chevaliers". Au 19e siècle, ce jardin avait été supprimé et remplacé par un collecteur d'eau de pluie, permettant d'alimenter une citerne, mais il avait été restitué à la fin de ce siècle en pérennisant le principe de dalle étanche en granit, évacuant les eaux vers des gargouilles. En 1965, nouveau revirement, l'architecte en chef de monuments historiques d'alors supprime les lourdes dalles de pierre et met en œuvre une dalle étanche conçue par l'entreprise Degaine et un complexe drainant accueillant un jardin simplifié, alignant des carrés disposés le long des arcatures et présentant une vingtaine d'espèces végétales vivaces. Cette dernière dalle sera conservée mais son réseau drainant et son système d'évacuation seront déposés. Une étanchéité bitumineuse associée à une membrane thermo-soudée assurera désormais la protection des étages inférieurs, tandis qu'un nouveau réseau périphérique de captation évacuera les eaux vers les gargouilles, habillées de plomb.
    Découvrez les photos du cloître dans les pages suivantes.
    Le cloître de l'abbaye du Mont-Saint-Michel fait peau neuve...

    Mont-Saint-Michel : des reprises du sol au plafond

    Mont-Saint-Michel : des reprises du sol au plafond - Mont-Saint-Michel cloître
    Mont-Saint-Michel : des reprises du sol au plafond - Mont-Saint-Michel cloître © Colombe Clier - CMN
    Au niveau des galeries, le dallage de granit - surélevé au 19e siècle d'une vingtaine de centimètres - sera déposé afin de restituer le niveau de sol historique. Une opération qui rendra au cloître ses proportions d'origine, permettant de restituer une hauteur normale aux banquettes et de mieux protéger les colonnettes.
    Quant à la charpente, couverte d'ardoises épaisses, elle subira un assainissement des bois, et une révision de sa couverture, des scellements au mortier et des chevilles de bois, dont certaines ont été remplacées par des ferrures et attaches métalliques aujourd'hui corrodées. Les colonnades en pierre de Caen (un calcaire blanc) seront nettoyées par divers procédés : dépoussiérage au pinceau, aspiration, dessalement au cataplasme, micro-gommage à la poudre d'alumine ou désincrustation photonique (au moyen d'un laser). Au terme de ce véritable programme de chirurgie esthétique, les pierres subiront également un traitement de bio-minéralisation afin de régénérer le calcin protecteur.
    Mont-Saint-Michel : des reprises du sol au plafond

    Mont-Saint-Michel : de nombreux mécènes et donateurs

    Mont-saint-Michel cloître
    Mont-saint-Michel cloître © Philippe Berth - CMN
    Le chantier, qui doit s'étaler sur douze mois, s'effectuera en deux tranches, en alternant deux galeries à chaque fois, de façon à maintenir le cloître ouvert pendant toute la durée des travaux. Une exposition dédiée expliquera aux visiteurs les aspects et enjeux de cette intervention.
    Le budget prévisionnel de l'opération est fixé à 2,2 M€, la maîtrise d'ouvrage étant assurée par le CMN et les équipes de la direction de la Conservation des Monuments et Collections. De nombreux mécènes participent au financement, comme la French Heritage Society et la Florence Gould Foundation, le Crédit Agricole de Normandie ou les Tricots Saint-James. Le CMN a également fait appel à la générosité du public grâce à une plateforme de dons en ligne, et a installé, sur place, deux bornes de paiement sans contact, permettant aux visiteurs de verser simplement un don de 2 €.
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    Mont-Saint-Michel : détail des sculptures

    Mont-Saint-Michel : détail des sculptures - Mont-Saint-Michel cloître
    Mont-Saint-Michel : détail des sculptures - Mont-Saint-Michel cloître © Etienne Revault - CMN
    Le CMN détaille : "Les écoinçons allient luxuriance végétale et symbolique chrétienne avec un décor finement ciselé de feuillages, rinceaux et pampres de vignes". On reconnait ici un dragon.
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