Sense-City, une mini-ville sous une maxi-enceinte climatique

    Publié le 16 avril 2018 par Grégoire Noble
    Bâtiments variés, voiries avec signalisation, réseaux souterrains d'eau et de géothermie... tout a été recrée au sein d'une vaste enceinte climatique nommée Sense-City qui permet de tester et valider des solutions de la construction en conditions quasi-réelles. Un équipement scientifique unique en Europe. Visite guidée avec Anne Ruas, coordinatrice du projet à l'Ifsttar.
    L'endroit ressemble à un vaste hangar, mais c'est bien plus que cela. Sense-City, officiellement inauguré mardi 3 avril 2018 à l'Institut français des sciences et technologies des transports, de l'aménagement et des réseaux (Ifsttar) est une enceinte climatique, conçue pour expérimenter la ville de demain. Anne Ruas, qui coordonne le projet, résume : "La chambre climatique est un grand hall de 20 mètres par 20 mètres sur 11 mètres de hauteur qui recrée un climat. Il est possible de simuler un climat parisien, une ambiance tropicale ou une canicule".
    Plusieurs paramètres sont donc manipulables - température, éclairage, humidité et précipitations - et l'endroit est totalement instrumenté pour suivre ces paramètres et d'autres comme les polluants de l'air, de l'eau, du sol. L'ingénieure poursuit : "A l'intérieur se trouve une mini-ville, mais il ne s'agit pas d'une maquette. Les éléments sont presque à l'échelle 1, il s'agit donc d'une portion de ville". Elle considère les lieux comme "un espace de jeu scientifique".
    L'enceinte climatique est elle-même montée sur rails, de façon à pouvoir la déplacer alternativement sur une deuxième plateforme d'essais, située à côté. "Cela permet des expérimentations en chambre et hors chambre, de façon à voir l'écart entre les mesures faites à l'extérieur en conditions réelles et celles obtenues à l'intérieur en conditions simulées", nous explique Anne Ruas.
    L'équipement scientifique permet ainsi de tester et valider toutes sortes de solutions de construction et d'équipements destinés aux bâtiments ou aux infrastructures. Car, en plus de permettre l'érection de bâtiments, le site est également pourvu de systèmes de canalisation souterrains, d'eau potable et d'eau usée, ainsi qu'une installation de géothermie qui permettent d'étudier les performances selon le degré d'humidité des sols ou la répartition de polluants dans le temps en analysant la qualité chimique du sol. Les possibilités sont multiples.
    Découvrez toutes les expérimentations qui sont menées à Sense-City dans les pages suivantes.
    Sense-City, une mini-ville sous une maxi-enceinte climatique

    Travail sur les routes intelligentes

    Travail sur les routes intelligentes - Sense City (Ifsttar)
    Travail sur les routes intelligentes - Sense City (Ifsttar) © Grégoire Noble
    Sense-City, dont le premier mini-quartier a été construit entre les mois de septembre 2017 et de février 2018, est aujourd'hui opérationnel. Il servira à l'étude de l'impact des nouveaux matériaux de construction, y compris biosourcés, en conditions semi-réelles avec climat programmé et cycles jour-nuit. Des constructions, exposées aux éléments, fourniront des informations sur les propriétés thermiques, mécaniques et sur d'éventuelles pollutions, notamment de composés organiques volatils.
    De nombreuses équipes sont déjà à pied d'œuvre pour y tester leurs solutions. Altaroad par exemple, y expérimente son capteur routier qui recueille et traite différentes caractéristiques physiques de la chaussée. Les sondes qui sont déployées permettent d'obtenir des informations sur les usages et le type de véhicules qui empruntent la route. La startup collabore notamment avec Eiffage sur sa route du futur pour développer la maintenance prédictive.
    Une autre jeune pousse planche sur un système d'hypervision nommé "Connect e-City" et dédié au pilotage d'équipements électriques urbains. Cette fois, c'est avec Vinci Energies que se déroule le programme qui s'intéresse à la fois à l'éclairage public, à la signalisation routière, à la vidéo-protection, à la mobilité et au stationnement ainsi qu'à la télé-relève de compteurs communicants. Le système agrège ainsi toutes les données remontées par de multiples objets connectés de façon à donner une vision centralisée de la situation. Ce qui permet ensuite de déclencher des actions en cas de panne ou d'incident : vérification par la vidéosurveillance puis répercussion de l'information sur les panneaux d'affichage... L'application City-Zen, en cours de développement, permettra aux citoyens de signaler les pannes constatées. Dans un second temps, une fonctionnalité d'aide au stationnement en voirie sera également proposée.
    Travail sur les routes intelligentes

    Des capteurs miniaturisés pour les réseaux enterrés

    Des capteurs miniaturisés pour les réseaux enterrés - Sense City (Ifsttar)
    Des capteurs miniaturisés pour les réseaux enterrés - Sense City (Ifsttar) © Grégoire Noble
    D'autres scientifiques mettent au point un micro-capteur par spectrométrie optique capable de détecter le gaz carbonique, le monoxyde de carbone et le gaz naturel par leurs signatures lumineuses. Ce capteur NeoSpectra présente d'intéressantes capacités pour détecter des polluants sous leur forme gazeuse, et pourrait par exemple être déployé dans les habitations pour gérer la ventilation tout en communicant avec l'alarme, en cas de concentration dangereuse.
    Le site d'expérimentation de l'Ifsttar accueille également une équipe qui travaille sur la géothermie et qui a mis au point des capteurs linéaires à fibre optique, plus avantageux que les capteurs classiques, ponctuels. Enfouis dans le sol et distribués sur une large surface, ils mesurent par exemple la température ou les forces mécaniques exercées, et donnent une image précise de ce qu'il se passe sous la surface. Précis à 0,1°C près, ils s'avèrent également moins chers que l'équivalent classique, et sont totalement passifs, ce qui les prémunit des interférences électromagnétiques.
    Sur la qualité de l'eau distribuée dans un réseau, des experts planchent cette fois sur le programme Proteus, une technologie de détection basée sur des nanotubes de carbone. Ce matériau, contenu dans une encre spéciale et imprimé sur des puces électroniques, est fonctionnalisé de manière à cibler certaines molécules d'intérêt : chlore total, ions chlorures, nitrates, dureté et pH.
    Des capteurs miniaturisés pour les réseaux enterrés

    Matériaux biosourcés et végétalisation ne seront pas oubliés

    Matériaux biosourcés et végétalisation ne seront pas oubliés - Sense City (Ifsttar)
    Matériaux biosourcés et végétalisation ne seront pas oubliés - Sense City (Ifsttar) © Grégoire Noble
    Et ce ne sont là que quelques exemples. Sur la deuxième plateforme, identique à la première, doit se construire un second mini-quartier. Anne Ruas nous révèle : "Il y aura une 'rue canyon' entourée de façades continues et munie d'arbres, pour étudier l'apport de la végétation en termes d'évapotranspiration, y compris en conditions climatiques stressantes. Car si elle meurt, elle présente peu d'intérêt... Il faudra donc choisir des essences résistantes".
    Autre priorité, la construction de plusieurs petits bâtiments en matériaux biosourcés. Une première structure en ossature bois et panneaux préfabriqués CLT intégrera différents isolants, fibre de bois puis béton de chanvre, afin d'étudier leurs comportements et leurs vieillissements.
    Matériaux biosourcés et végétalisation ne seront pas oubliés
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