Roche Bobois, une affaire de familles

    Publié le 28 novembre 2010 par Rouba Naaman
    A l'occasion du 50ème anniversaire de la marque de mobilier Roche Bobois, un livre retrace l'histoire de l'entreprise française. Née de l'association des sociétés Roche et Bobois, la marque s'est imposée comme une référence en matière de meubles design, et est aujourd'hui implantée partout dans le monde. Retour sur l'histoire, avant tout familiale, de l'incontournable Roche Bobois.
    Tout le monde connaît Roche Bobois, la cultissime marque française de mobilier et accessoires, fondée en 1960. Mais qui sait qu'à l'origine, il s'agissait de deux magasins concurrents, Roche et Beau bois, dont la création est beaucoup plus ancienne ? L'histoire de l'entreprise commence là où se rejoignent les destins de deux familles, toutes deux visionnaires et imaginatives.
    Fernand Roche, jeune homme ambitieux et curieusement attiré par les meubles, achète en 1898 les établissements Poirier frères, puis la maison Jacob, à Paris. Il y fondera les établissements Roche, grossistes de meubles, avant de passer en 1925 à la production. Après la Seconde guerre mondiale, les établissements Roche élargissent la gamme de leurs produits. Les affaires de Fernand perdurent avec son fils Jacques, qui sauve l'entreprise de la faillite en 1936, puis avec ses petits-fils Philippe et François, qui reprennent les rênes en 1959.

    Des concurrents venus de l'Est

    En 1923, Albert Chouchan, fils d'immigré biélorusse juif, ouvre à Paris un magasin de meuble qu'il baptise Beau bois, qui donne Bobois par contraction. Contraint à le vendre en 1940, l'entrepreneur ne baisse pas les bras et reprend tout à zéro dès l'armistice signé. Il intègre très vite ses fils Patrick et Jean-Claude, qui prennent sa suite et font prendre un virage plus contemporain aux meubles Bobois.
    Les deux familles se croisent régulièrement, et s'observent de loin. Tout les sépare, en particulier leur religion, à l'époque où "le milieu du meuble est précisément scindé entre coreligionnaires juifs ou chrétiens" explique Philippe Trétiack dans son livre*. Elles s'intéressent toutes deux aux meubles scandinaves, qui apparaissent sur le marché européen au début des années 60.

    Amour du meuble et sens de la famille

    Mais chez les Roche comme chez les Chouchan le sens de la famille est omniprésent. C'est peut-être ce qui finit par rapprocher ces concurrents, en plus de l'amour du meuble et d'une ambition détonante. En 1960, les deux familles s'unissent professionnellement et ouvrent une boutique commune boulevard Saint-Germain. Après quelques hésitations sur le choix du nom, elle prend celui de Roche Bobois, et est rejointe par plusieurs franchises.
    Visionnaires, les Roche et les Chouchan devancent toujours la mode et les attentes du public. Après la collection française, par Minvielle, et la collection danoise, dans les années 60, le succès - ou plutôt la légende - naît avec le designer allemand Hans Hodfer, en 1970. Il crée toute une série de canapés, dont le Mah Jong, "qui demeure la vente numéro un mondiale de Roche Bobois" raconte Philippe Trétiack.
    Depuis 50 ans, le groupe invente des produits devenus cultes, comme le pouf à billes Sacco, la Bowl chair, la chaise Plia, en faisant appel au savoir-faire des plus grands designers. Coloré dans les années 70, géométriques dans les années 80, en cuir dans les années 90, très design dans les années 2000, les collections Roche Bobois s'inscrivent toujours dans l'air du temps - et ce n'est pas prêt de s'arrêter !
    *Roche Bobois, 50 ans de design par Philippe Trétiack
    Editions du Chêne
    240 pages
    45 €
    Découvrez des clichés extraits du livre de Philippe Trétiack en page suivante.
    Roche Bobois, une affaire de familles

    Bowl chair - Roche Bobois, une affaire de familles

    Bowl chair - Roche Bobois 50 ans de design
    Bowl chair - Roche Bobois 50 ans de design © DR
    Objet iconique de Roche Bobois, la Bowl chair a marqué une génération, celle des année 1960. Ce siège, pur fruit du design scandinave qui plait tant aux frères Roche et Chouchan, se veut comme un espace de méditation.
    Bowl chair - Roche Bobois, une affaire de familles

    Pop art(icles)

    Pop art(icles) - Roche Bobois 50 ans de design
    Pop art(icles) - Roche Bobois 50 ans de design © Marc Lavrillier
    Les années 1970, période du pop art, ont inspiré à Roche Bobois toute une série d'éléments. C'est aussi l'explosion des objets au seul but décoratif, comme ces articles colorés.
    Pop art(icles)

    Feuillet blanc - Roche Bobois, une affaire de familles

    Feuillet blanc - Roche Bobois 50 ans de design
    Feuillet blanc - Roche Bobois 50 ans de design © Michel Gibert
    Les années 1980 voient l'apparition des premiers meubles arty, inspiré directement de l'art, et sortant de leur utilité première.
    Cette table Feuillet blanc, création de Barilone, en est un bon exemple.
    Feuillet blanc - Roche Bobois, une affaire de familles

    Rive droite - Roche Bobois, une affaire de familles

    Rive droite - Roche Bobois 50 ans de design
    Rive droite - Roche Bobois 50 ans de design © Patrick de Gandry
    La collection Rive droite réalisée par Christophe Delcourt date des années 2000.
    Tout en asymétrie, cette bibliothèque dégage une force représentative de la collection.
    Rive droite - Roche Bobois, une affaire de familles

    Nairobi - Roche Bobois, une affaire de familles

    Nairobi - Roche Bobois 50 ans de design
    Nairobi - Roche Bobois 50 ans de design © Michel Gibert
    La collection Nairobi est une création de l'architecte et ébéniste belge Helmut Jousten. Elle date des années 2000.
    Cette tête de lit, d'un modèle africain en sonokeling massif, est sculptée à la main.
    Nairobi - Roche Bobois, une affaire de familles

    Horizon - Roche Bobois, une affaire de familles

    Horizon - Roche Bobois 50 ans de design
    Horizon - Roche Bobois 50 ans de design © Michel Gibert
    Roche Bobois a développé une gamme éco-conçue dans les années 2000.
    Le bahut présenté ici est tiré de la gamme Horizon dessinée par Gorgoni, une "allégorie de la mort de l'arbre" selon Philippe Trétiack.
    Horizon - Roche Bobois, une affaire de familles
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