Quand Versailles brillait de mille feux

Des miroirs de 450 kg, des balustrades d'une tonne, des torchères de la taille d'un homme, des tables, sièges, lustres et candélabres ou encore des vases et cassolettes. Autant de richesses qui n'ont sans doute pas laissé indifférents ceux qui ont eu la chance de les voir dans les Grands Appartements de Louis XIV, avant qu'elles ne soient fondues. En effet, afin de financer ses guerres toujours plus coûteuses, le Roi Soleil dut se résoudre à ordonner la fonte de son mobilier en argent massif en 1689. Témoin de ces fameuses fastes, l'abbé Bourdelot a déclaré "figurez-vous quel est l'éclat de cent mille bougies dans cette grande suite d'appartements, je crus que tout y était embrasé. Les emmeublements d'or et d'argent avaient encore leur éclat particulier, avec les dorures et les marbres..." On l'aura compris, Versailles c'est l'éclat du soleil, à la hauteur de son Roi. Afin de retrouver cet éclat exceptionnel, ou en tout cas s'en rapprocher, le château de Versailles a tout fait pour réunir 150 pièces de mobilier d'argent. Celles-ci ont été prêtées par les grandes cours d'Europe : notamment le château de Rosenborg des rois de Danemark, ceux de Windsor, de Chatsworth des ducs de Devonshire, de Marienburg des princes de Hanovre ou encore des Tsars du Kremlin. Une collection aux pièces plus que prestigieuses donc, et dont la réunion au sein d'un unique château ne se refera peut-être plus jamais.

Scénographie de Jacques Garcia

Le visiteur est ainsi invité à découvrir l'effet du merveilleux baroque, dans l'ambiance des "soirées d'appartement" grâce à une scénographie signée Jacques Garcia. Le célèbre décorateur est apparu comme l'homme de la situation, pour "sa connaissance intime du Grand Siècle et sa passion bien connue pour les grands décors royaux", selon les organisateurs de l'exposition, dont le commissariat est assuré entre autres par Béatrix Saule, conservateur en chef du château. L'idée d'exposer le mobilier d'argent des cours européennes dans le Grand Appartement du Roi ? Elle vient de Christine Albanel, lorsque celle-ci était encore présidente de l'Etablissement public du musée et du domaine national de Versailles. Jusqu'au 9 mars, les visiteurs pourront ainsi saisir l'occasion unique de voir Versailles briller de mille feux.