La Biennale de design de Saint-Etienne : mode d'emploi

La Biennale de design Saint-Etienne a été fondée en 1998 à l'initiative de l'Ecole supérieure d'art et de design de Saint-Etienne (ESADSE). L'événement revient depuis tous les deux ans pendant une vingtaine de jours au mois de novembre mais, pour cette édition 2013, il se déroule exceptionnellement en mars, du 14 au 31 mars. Limité dans un premier temps à l'enceinte de l'école, il a pris au fil des ans une ampleur bien plus grande en investissant d'abord les murs de la Cité du Design dès son inauguration en 2009, puis les quatre coins la ville : les musées, les centres sociaux, les lieux culturels, la Chambre de Commerce et d'Industrie ou encore des showrooms. Cette année, l'événement trouve une résonnance encore plus loin avec des événements organisés à l'échelle de l'agglomération stéphanoise et, même, de la région. A l'arrivée, près de 80 lieux différents disséminés sur tout le territoire participent cette année à l'événement, un record !

La Biennale a pour but de fédérer tous les acteurs du design - enseignants, designers, étudiants, industriels - afin qu'ils se présentent respectivement le fruit de leur travail mais également qu'ils le fassent découvrir au grand public. L'événement est aussi l'occasion pour eux de confronter leurs points de vue et de réfléchir ensemble, via des forums, des conférences et des colloques - à des solutions permettant de mieux accompagner nos modes de vie actuels et les futures évolutions de la société. "La Biennale déclenche à chacune de ses éditions de multiples rencontres, rapporte Maurice Vincent, sénateur maire de Saint-Etienne. Elle génère des relations qui pour certaines s'avèrent durables, comme celles qui sont nées entre les industriels de nos régions et des designers, et elle s'alimente d'échanges et de coopérations". "La Biennale est plus que jamais, c'est une plate-forme d'échanges, un lieu de débat, un point de rencontre des réseaux, des moments conviviaux, une source d'inspiration, un lieu d'expérimentation", renchérit Ludovic Noël, directeur général de l'EPCC Cité du design -Ecole supérieure d'art et de design de Saint-Etienne.

Des "labos" pour tester en avant-première les nouveaux produits

D'ailleurs, pour permettre aux professionnels de tester leurs nouveaux produits auprès du grand public, la Biennale met spécialement à leur disposition des "labos". Onze entreprises y exposeront des prototypes ou des créations innovantes qui seront soumis aux réactions, avis et commentaires des visiteurs. Une présentation en avant-première qui aura valeur de test grandeur nature. Au final, le rendez-vous concerne donc aussi bien les professionnels qui cherchent de nouveaux contacts ainsi qu'à élargir leur horizon que les particuliers, amateurs de design ou simples curieux. D'ailleurs, des rendez-vous spécifiques - en particulier des visites guidées - sont organisés pour chacun de ces deux publics. Même les enfants sont concernés puisqu'un certain nombre d'événements sont spécialement organisés à leur intention.

La Biennale de design de Saint-Etienne donne lieu à toute une série d'expositions. Soixante et une seront présentées cette année. Elles sont élaborées, pour la plupart, par des designers confirmés ou des étudiants, sur des thèmes aussi variés que les nouvelles technologies, l'humour dans le design ou encore notre rapport à autrui. Chacune d'entre elles est présentée dans un lieu différent de la ville et de l'agglomération stéphanoise et fait l'objet d'une mise en scène particulière.

Ecouter, réfléchir et expérimenter

Par les thèmes qu'elles traitent, ces expositions, ouvrent des débats, c'est pourquoi il en découle tout un tas de rendez-vous permettant de pousser plus loin la réflexion : des colloques, des conférences, des rencontres, etc. Parmi les rendez-vous à ne pas manquer : une rencontre avec Pernette Perriand, Jacques Barsac et Gianluca Armento, directeur général de Cassina, organisée dans la perspective l'exposition "Charlotte Perriand et le Japon", organisée au musée d'art moderne de Saint-Etienne. A la Biennale, l'on peut donc écouter, réfléchir mais également expérimenter car de nombreux ateliers sont également organisés. A la Cité du design, les visiteurs pourront ainsi se familiariser avec les nouveaux outils multimédia comme, par exemple, les imprimantes 3D. Par le biais de l'atelier "Nanocity", imaginé par la designer Matali Crasset , même les enfants seront invités à participer à l'événement. Leur mission ? Dessiner ensemble la ville de demain.

Pour apporter de la cohérence à l'événement, un thème est donné à chaque édition. Celui retenu cette année est celui de l'empathie ou l'expérience de l'autre : tout un programme !

L'empathie dans le design

"Le choix de ce thème est le résultat d'une intuition et d'une réflexion collective", explique Elsa Francès, directrice de la Biennale. "L'empathie propose de regarder et de construire autrement le monde grâce à cette capacité d'appréhender les sentiments et les émotions d'un autre. Cette notion est relativement absente des discours et de l'enseignement du design, alors même que c'est une dimension centrale du travail et de la pensée de cette discipline. Et l'empathie possède une force investigatrice remarquable. Est-ce une compétence ? Une attitude ? Est-ce un mode pertinent de connaissance ? Comment concilier l'empathie et la création ? Doit-on s'oublier soi-même pour répondre aux besoins de l'autre ? Quelle est alors la place de la création ? Cet emboîtement de questions est porteur de débats passionnants au moment où il devient de plus en plus fréquent de réfléchir à la façon dont il conviendrait de mettre l'individu et ses usages au centre de l'innovation". Toutes les expositions se rapportent donc d'une manière ou d'une autre à ce thème, le but étant d'apporter des réponses à toutes les questions posées précédemment.

Comme nous l'avons vu précédemment, la Biennale ce sont avant tout et surtout des expositions. Petit florilège non exhaustif : - Demain c'est aujourd'hui #4, Cité du Design (Commissariat : Claire Fayolle / Scénographie : Gaëlle Gabillet / studio ggsv) : la manifestation s'attache à montrer un panorama des productions de design tournées vers le futur. Dans cette perspective sont présentés des projets de designers conçus au sein des entreprises, dans des écoles ou avec des chercheurs. Ces explorations sont le reflet des préoccupations contemporaines en matière de mobilité, santé, alimentation, travail, énergie, apprentissage, production, partage des données. - Traits d'Union - Objets d'empathie, Cité du Design (Commissariat et scénographie : eliumstudio) : la finalité de cette exposition est de montrer que le designer doit prêter attention à la relation affective que l'utilisateur entretient avec lui. L'objet qu'il conçoit n'est pas une entité passive. C'est un médium, un trait d'union doté d'un potentiel empathique qui se manifeste à travers quatre axes thématiques. - Nano-ordinaire, Scénarii quotidiens avec les nano-énergies, Cité du Design (Commissariat et scénographie : matali crasset, avec Paul Louis Meunier) : l'exposition propose de découvrir ses nouveaux scénarii de connivence avec les nano-énergies en suivant les différentes activités d'une journée particulière organisées dans la maison empathic. - The Dream Team, Cité du Design (Commissariat : Alexandra Midal) : l'exposition réunit une sélection de travaux réalisés par les étudiants des départements de design de cinq écoles européennes : la Royal Academy of Fine Arts d'Anvers (mode), le Royal College of Art de Londres (interaction design), le Sandberg Institute d'Amsterdam (graphisme), le master espaces & communication de la Haute école d'art et design de Genève, la section design industriel de l'École supérieure d'art et design de Saint-Étienne. - Charlotte Perriand et le Japon, Musée d'art moderne de Saint-Étienne Métropole (Commissariat : Martine Dancer) : l'exposition Charlotte Perriand et le Japon est consacrée à l'impact de la découverte de l'archipel nippon sur la designer française. - Les Éditeurs stéphanois, Musée de la Mine - Saint-Étienne : les éditeurs stéphanois seront rassemblés pour une exposition au Musée de la Mine, où ils présenteront leurs dernières créations. - Vous voulez rire ? Site Le Corbusier, Firminy, (Commissariat : Benjamin Girard / Scénographie : 5.5 designers) : l'exposition s'attache à montrer que l'humour, manié par des designers engagés, se transforme parfois en un subtil langage pour diffuser critiques, points de vue ou manifestes. Mais la biennale, ce sont aussi des prix. En tout en effet trois prix sont remis pendant la Biennale : le Prix Marc Charras Création & Innovation attribué à un jeune designer, le Prix Design et Prospective qui récompense une entreprise ou un designer dont la démarche ou le projet s'avère particulièrement innovant et, le Prix Design de service qui valorise, comme son nom l'indique, les innovations de jeunes designers en matière de services. Pour accéder au programme complet, cliquez sur le : www.biennale-design.com

Etant donnée l'ampleur de la manifestation, l'on peut craindre de ne pas repérer facilement les différents lieux où des événements sont organisés. Il n'y a en réalité pas à s'inquiéter puisque chacun d'entre eux est balisé depuis l'extérieur par des affiches. Ces affiches reprennent le logo de la Biennale. Conçu par le bureau de développement graphique et multimédia Trafik, il représente deux personnages numériques, sorte de têtes chercheuses qui évoquent justement le travail de recherche des designers mais également l'omni-présence des nouvelles technologies. A noter que le bureau a également conçu une application numérique permettant de connître le programme et de recevoir des informations sur les rendez-vous de la Biennale. Elle offre également la possibilité de se géolocaliser afin de pouvoir plus facilement se diriger vers la manifestation la plus proche.

Le mieux pour en voir le maximum est d'opter pour une visite guidée. Trois parcours thématiques sont proposés sur le site de la Cité du design à tous les visiteurs tous les samedis et dimanches à 10h30, 13h30, 15h00, et 16h30. Ils sont l'occasion de découvrir le rôle que joue le design au sein des entreprises, de réfléchir à l'universalité du design ou encore de s'interroger sur la place du design comme sujet d'échange, que ce soit à travers la relation humaine aux objets physiques ou l'interaction qui se créée grâce au design numérique. Quel que soit le parcours choisi, chaque visite se déroule de la même manière : d'abord une présentation générale de la Biennale et de sa thématique. Elle se poursuit par la découverte de deux ou trois expositions à travers la présentation d'une sélection de projets. Après bien sûr, les visites libres sont toujours possibles.

Un billet pour une visite libre coûte 10 € en tarif plein et 7 € en tarif réduit. Il permet l'entrée libre sur chaque site participant à l'événement (Site Manufacture, Musée d'Art Moderne, Musée d'Art et Industrie, Musée de la Mine, Site le Corbusier). Il est valable toute la durée de la Biennale. Pour une visite guidée thématique, il faut compter 13 € en tarif plein et 9 € en tarif réduit. Et comme pour la visite libre, il donne également à tous les autres espaces d'exposition du site Manufacture et aux sites partenaires de la Biennale.

Pour acheter vos billets, deux possibilités s'offrent à vous : soit à distance via le réseau France billet (Intermarché, magasins U, Géant, Fnac, Carrefour, www.francebillet.com) ou directement sur place dans les billetteries des différents sites : Cité du design, Musée d'art moderne de Saint-Étienne Métropole, Musée d'art et d'industrie de Saint-Étienne, Musée de la Mine et Site Le Corbusier -Firminy.