Réhabiliter avec les composants passifs

La famille Claudel est une pionnière dans le secteur de la construction. Rares sont en effet en France les propriétaires de maisons dites "traditionnelles" qui se lancent dans une rénovation sur le mode passif. Les Claudel, eux, y ont pensé dès l'acquisition du bien : une maison construite en 1953 à Caluire, dans le département du Rhône. Leur volonté était de la rendre la plus économe possible en énergie, d'y intégrer des matériaux écologiques et d'améliorer sa relation avec l'environnement existant. Un projet complexe qui a été confié au cabinet Detry&Levy, spécialisé dans le domaine de l'architecture environnementale. Les architectes ont tout de suite compris que de nombreuses difficultés allaient surgir au cours de la réalisation, ne serait-ce que pour trouver les professionnels capables d'effectuer les travaux, ou même pour respecter le budget fixé à 250.000 euros.

Une isolation par l'extérieur

Parallèlement, ils se sont très vite rendu compte que la maison présentait des prédispositions avantageuses. Son orientation plein sud et sa position sur la colline, légèrement surélevée, étaient idéales pour bénéficier des apports solaires passifs. Sans oublier que les murs très épais, favorisaient l'inertie du bâtiment (sa capacité à accumuler la chaleur reçue des rayons solaires pendant la journée pour la restituer le soir, ndlr). Mais, afin d'aboutir à de très bonnes performances énergétiques, de gros travaux ont été nécessaires, notamment au niveau de l'enveloppe du bâtiment. Les architectes se sont d'abord efforcé de supprimer les ponts thermiques c'est-à-dire toutes les parties non isolées du bâtiment où sont constatées des pertes de chaleur importantes. Pour y parvenir, ils ont pris le parti de démolir le balcon et l'escalier en béton situés sur la façade sud ainsi que les souches de cheminées situées sur le toit. Il a également été décidé de changer toutes les menuiseries du rez-de-chaussée - en triple vitrage - et de créer un nouveau volume formant un sas pour entrer dans la maison : "il crée une transition climatique et spatiale avant d'entrer dans l'espace familial", commente Sophie Zélé, l'une des architectes en charge du projet. Pour isoler le bâtiment, l'équipe a choisi de travailler par l'extérieur. La technique consiste à installer sur la face extérieure des murs existants une ossature en bois que l'on vient remplir avec un isolant, ici de la ouate de cellulose. "C'est un peu comme si on venait emballer la maison", commente Pierre Levy co-fondateur de l'agence Detry&Levy avant d'ajouter : "sur le plan technique, cette mise en œuvre est assez délicate et nécessite de bien maîtriser les détails de conception". 82% de chauffage économisé Il ne restait plus qu'à régler la question essentielle de l'étanchéité du bâtiment. Certains points jugés "faibles" ont fait l'objet d'une attention particulière : les menuiseries, les gaines électriques et les rampants. "Pour les menuiseries, un joint d'étanchéité autocollant à base de caoutchouc a été utilisé au niveau des embrasures et des tableaux" tandis que pour les rampants, "un second pare-pluie a été fixé sous les chevrons avant la pose du faux-plafond". L'aération, quant à elle, est assurée par une ventilation double flux avec récupérateur de chaleur à haut rendement dont la prise d'air se fait en façade et le rejet en toiture. Grâce à elle et aux différents aménagements réalisés, la consommation en chauffage serait - si l'on en croit un logiciel informatique de simulation - passée de 264 KWh/m2/an à 19KWh/m2/an, soit quasiment le seuil exigé pour les maisons passives. "Mais, précise Sophie Zélé, pour assurer dans la maison une température de 19°C, un chauffage de 4KW est nécessaire". Une solution écartée pour le moment par les propriétaires qui vont essayer de se passer complètement de chauffage. En espérant que l'hiver prochain ne soit pas trop rude !