Géothermie : un fort potentiel en manque de notoriété

    Publié le 15 novembre 2012 par Grégoire Noble
    A l'occasion des Journées de la Géothermie 2012, les professionnels du secteur ont publié un état des lieux de la filière. Il en ressort que la progression de cette énergie abondante dans le sous-sol français, bien que constante, pourrait être plus rapide en bénéficiant d'un soutien gouvernemental, promis par Delphine Batho et, d'aménagements réglementaires.
    L'Association des professionnels de la géothermie (Afpg) vient de publier la première étude qui dresse le portrait de l'énergie géothermique en France en 2011. Elle l'a rendue publique lors des Journées de la géothermie 2012 qui se tiennent du 14 au 16 novembre à la Cité des Sciences et de l'Industrie à La Villette (Paris). Les résultats montrent tout d'abord que la progression de cette source d'énergie renouvelable a été substantielle, avec un doublement de la puissance installée en six ans. Le parc français représentait l'an dernier 2.258 MW en cumulant les installations de très basse énergie (profondeur de forage inférieure à 100 mètres) avec 1.850 MW, les installations à usage direct de la chaleur (391 MW) et les deux seules installations profondes de haute énergie qui fournissent de l'électricité (17 MW). Christian Boissavy, le président de l'Afpg, précise également d'autres chiffres et ordres de grandeur : "Annuellement, la géothermie produit 440.000 tonnes d'équivalent pétrole et permet d'éviter l'émission de 1 million de tonnes de CO2. Cette source d'énergie chauffe 455.000 équivalents logements (soit plus de 1,8 million de personnes). Et le secteur représente un chiffre d'affaires de 550 millions d'euros avec 4.200 emplois directs, soit environ 6 % des emplois dans les énergies renouvelables en France".
    La filière géothermique française dispose également de nombreux atouts, telle qu'une expertise reconnue de ses industriels et bureaux d'ingénierie, une ressource variée et abondante sur tout le territoire (85 % pourraient en bénéficier), ou un soutien gouvernemental réaffirmé par la ministre de l'Ecologie lors de son allocution d'introduction. Mais, même s'il s'agit d'une énergie propre, disponible 24 heures sur 24, qui ne subit aucun aléa saisonnier, la géothermie manque encore de notoriété. Quasi-invisible en surface, elle est insuffisamment connue du grand public : seules 25 % des personnes interrogées citent spontanément la géothermie dans les énergies renouvelables. Et d'autres difficultés se dressent sur le chemin des usagers ou opérateurs tentés par cette solution énergétique.

    Fonds Chaleur pérennisé mais réglementation inadaptée

    Les permis seraient notamment trop longs à obtenir, en dépit d'efforts faits par l'administration. Pour le secteur de la très basse énergie, les entreprises seraient de trop petite taille, sans la présence d'un véritable intégrateur sous-sol/surface. La taille de la filière ne permettrait pas de bénéficier d'effets d'échelle. Mais surtout, la réglementation serait inadaptée. Le nombre et la diversité des textes en vigueur compliquent grandement la réalisation d'installations. "Le SER demande la signature du décret d'application de l'article 66 de la loi Warsmann", explique Jean-Claude Andréini du Syndicat des Energies Renouvelables.
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    La filière demande du soutien

    Bouillante
    Bouillante © Afpg
    Ce décret simplifierait grandement les démarches pour la géothermie, tout comme la refonte annoncée du Code minier. Pour l'heure, les forages d'une profondeur supérieure à 100 mètres sont soumis à autorisation, ce qui rallonge énormément les délais et décourage d'éventuels opérateurs. Les professionnels demandent que la profondeur soit portée à 200 mètres ou, idéalement, que la limite de profondeur soit remplacée par la fixation d'une température de ressource à 20 °C permettant d'aller la chercher aussi profond que nécessaire (en moyenne 300 mètres).

    Des objectifs difficilement atteignables si rien est fait

    La filière, qui a été la dernière à se structurer parmi les énergies renouvelables, demande également d'autres mécanismes de soutien. Notamment la mise en place d'une garantie du risque géothermique mutualisée et administrée par la SAF Environnement, qui autoriserait des explorations plus faciles et diminuerait le risque financier de telles opérations. L'Afpg demande également que le tarif d'achat dans les départements d'outre-mer soit analogue à celui de la métropole, car les îles comme la Guadeloupe, la Martinique ou la Réunion bénéficient de gisements de chaleur d'origine volcaniques très prometteurs. Pour preuve, le projet "Bouillante 3" qui porterait la puissance de la centrale géothermique guadeloupéenne à 25 ou 30 MW, contre 16 MW actuellement.
    Pour l'heure, le nombre d'installations ne serait pas suffisant pour atteindre les objectifs fixés pour l'année 2020 : au rythme actuel, le parc représenterait 4.000 MW au lieu des 6.500 MW prévus par la feuille de route. L'Afpg réclame également qu'un vrai travail soit fait pour que la géothermie soit reconnue dans le moteur de calcul de la RT 2012, qui aurait été pensé principalement pour assurer la transition chauffage électrique vers chauffage au gaz. Reste que le soutien gouvernemental a été réaffirmé par Delphine Batho, qui a confirmé la pérennisation au-delà de 2013 du Fonds Chaleur. La ministre a même déclaré aux professionnels réunis en colloque qu'elle allait "étudier les conditions de la montée en puissance de cet outil dans le cadre de la transition énergétique". De quoi remettre un peu de baume au cœur à la filière.
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