La hausse des prix du granulé constitue une question centrale dans le domaine des énergies renouvelables. Une tension s’installe entre le désir de se tourner vers des solutions de chauffage plus vertes... et la dimension économique.
L’année 2022 a été placée sous le signe de l’inflationdans de nombreux domaines. Et les granulés de bois, comme bien d’autres sources ou vecteurs d’énergie, n’ont pas fait exception.
Et si l’on a osé parler d’« enfer » dans le titre, c’est parce que la situation est extrêmement complexe. La valeur marchande de ce combustible n’enfle pas uniquement pour des raisons externes. La crise énergétique endémique n’apparaît pas comme le seul facteur – loin s’en faut. Il y a des raisons inhérentes à la gestion des stocks, par exemple, qui se dessinent. En tant que
partenaires de la rénovation énergétique, il nous paraissait important de faire le point sur ce sujet. Quelles sont les conséquences actuelles et potentielles sur la transition ? Que cela signifie-t-il pour les propriétaires ? Voilà quelques pistes de réflexion.
La chaudière à granulés : un successeur pour les anciens systèmes de chauffage ?
De nos jours, les appareils de chauffage tels que la chaudière à fioul sont en voie d’extinction. Nous ne prenons pas cet exemple pour rien. Autrefois populaires, ces dispositifs sont interdits à l’installation depuis le 1er juillet 2022. Leur maintenance fait même l’objet de restrictions.
En cause : le côté éminemment polluant de ces installations. Bien qu’efficace en soi, la chaudière fioul est très énergivore. Non seulement elle est exigeante en électricité, mais elle émet également une large quantité de gaz à effet de serre (GES).
Son utilisation ne permet pas de viser les objectifs du développement durable. Et d’autres installations devraient subir le même sort dans les années à venir, comme la chaudière à gaz ou à mazout.
La relève peut être assurée de plusieurs manières. La pompe à chaleur remporte notamment un franc succès. Et parmi les alternatives, il y a justement la chaudière pellet.
Pourquoi la chaudière pellet est-elle écologique ?
Les granulés sont des combustibles appartenant à la catégorie des énergies renouvelables, comme on l’a évoqué plus tôt. Autrement dit, il est possible de s’en servir (notamment) à des fins thermiques sans épuiser les ressources de la planète.
Il faut comprendre que les pellets et leurs équivalents sont des résidus (ou sciures de bois). Leur exploitation ne nuit pas à l’équilibre des écosystèmes.
Au sein d’un appareil de chauffage, ils dégagent de l’énergie au sein de la chambre de combustion. Sous l’effets des brûleurs, ils vont apporter les calories nécessaires au chauffage et à la production d’eau chaude sanitaire.
Le processus dans son ensemble est propre. C’est pourquoi au moment des travaux de rénovation, cette éventualité est souvent envisagée. Malheureusement, la récente explosion des prix du granulé vient complexifier la transition. Voilà ce qu’il est important de savoir à ce propos...
Pourquoi le prix des granulés augmente-t-il à ce point ?
Entre 2021 et 2022, on peut tout simplement considérer que le prix des granulés de bois a doublé́. On comprend, dès lors, pourquoi de nombreuses inquiétudes se font jour. Nous n’allons pas entrer dans tous les détails concernant les mécanismes en jeux sur les marchés financiers. On peut cependant définir certaines causes à cette hausse des prix significative :
➢ Sur le plan politique, l’heure est à l’accélération (certains diront la précipitation) dans le passage à l’énergie verte. Ainsi, le pellet devient l’objet de nombreuses convoitises. Cette popularité met la capacité d’offre en tension face à l’accélération de la demande. Les prix pointent alors vers le haut.
➢ Souvent, l’augmentation des prix est un phénomène en cascade. Ainsi, la cherté du pétrole débouche sur celle des granulés. Le lien n’est pas forcément facile à saisir. En réalité, c’est du côté du transport et de la production qu’on trouve une explication. Les chauffeurs routiers ont vu le coût de leurs tr ajets exploser, eu égard à l’envolée du coût de l’essence. Ce phénomène concerne aussi les outils et appareilsutilisés en scierie, par exemple. Les tronçonneuses et autres appareils analogues fonctionnent grâce à l’or noir. Tout cela impacte (très) rapidement les prix du granulé. Et c’est sans même parler de l’énergie électrique mobilisée...
Ce jeu de dominos ne prend pas seulement racine dans le conflit en Ukraine. Les facteurs sont nombreux. La spéculation elle-même, face à la « panique énergétique » qui s’est emparée du monde entier et particulièrement de l’Europe, est notamment en cause.
➢ Malgré la volonté de favoriser le pellet, les taxes sur le granulé, notamment la taxe sur la valeur ajoutée, ont augmenté dans le courant des années 2010. La TVA, justement, est de 10% en 2022, contre 7% au début de l’année 2014 (source).
Et l’on pourrait citer de nombreuses autres raisons. Mais nous aimerions en revenir à notre préoccupation principale. Cette inflation à l’échelle d’une matière première a des conséquences inévitables. Elle met sinon en péril, du moins en question la transition vers les énergies renouvelables. Alors, est-ce une situation inextricable pour les propriétaires et copropriétés souhaitant se « mettre au vert » ?
L’augmentation des prix du granulés : les enjeux pour 2023
Un article publié sur
France Info en août 2022 (source) utilise une expression particulièrement... éloquente pour comprendre la situation. Et même si six mois se sont écoulés depuis cette parution et la nôtre, le paradigme n’a pas franchement évolué. Les baisses sont rares, légères, et ne suffisent pas à parler d’une amélioration.
Cette expression, donc, c’est « l’effet papier de toilette ». On se souvient tous de la ruée vers l’or version 2020, un or blanc en l’occurrence, quand les populations du monde entier se sont ruées sur les rayons des grandes surfaces à l’affût du moindre rouleau de papier hygiénique. Le phénomène qu’on observe avec le pellet est similaire à bien des égards.
La hausse des prix du granulé : l’expression d’un malaise
La Bourse est souvent le révélateur des craintes partagées par toutes sortes d’acteurs. L’approche ou l’arrivée d’une pénurie rend soudainement un bien, un produit, une matière première très précieux. Du moins dans le sens virtuel du terme.
Étant donné l’actualité, il est difficile d’envisager une chute soudaine des prix du granulé pour les premiers mois de 2023. Et, sans vouloir être catastrophistes... la situation devient effectivement infernale pour de nombreux entrepreneurs, vendeurs, propriétaires.
Les conséquences de la hausse des prix du pellet
Voici quelques conséquences, sachant que la liste est malheureusement loin d’être exhaustive :
➢ Pourtant vendue comme la formule idéale, le chauffage au bois devient nettement moins rentable. Il y a de quoi freiner les ardeurs de certains propriétaires qui, jusque-là, envisageaient le passage aux biomasses.
➢ Effet pervers mais réel : les escroqueries se mettent à fleurir. Profitant de la situation, les marchands mal intentionnés en profitent pour s’enrichir. Et cela complexifie encore la donne.
➢ Les chantiers de rénovation subissent des ralentissements. Selon les régions, les difficultés d’approvisionnement ont un effet délétère. Certains contrats ne peuvent dès lors pas être honorés dans les délais impartis.
➢ Sur le plan humain aussi, les enjeux sont nombreux. Les salariés opérant dans l’industrie du bois sont parfois dépassés par cette crise. La main d’oeuvre n’est pas forcément suffisante.
En effet, le
timing, si l’on ose l’expression, est particulièrement mauvais. Alors que nous entamons une décennie où les chaudières et autres poêles à pellets sont présentés comme une des clés de la transition énergétique... les lignes de forces économiques et géopolitiques viennent compromettre bien des projets.
Prix des granulés de bois : quelles perspectives pour 2023 ?
À l’heure actuelle, malgré son pouvoir calorifique, le fameux résidu se trouve au cœur d’une situation ardue. Et tous les autres combustibles similaires, comme les bûches de bois, subissent un sort similaire.
Alors certes, on peut imaginer toutes sortes de scénarios alternatifs. Les privés et les professionnels peuvent modérer leur consommation. Les grands groupes ont la possibilité de conjuguer leurs efforts (qui sont déjà en partie fournis) pour éviter le pire. Mais il est important de réaliser le paradoxe, pour agir avec prudence. Une comparaison minutieuse des différents prix (achat, installation, consommation...) est essentielle.