Le tréteau, cet objet invisible, utile et... design

Reconnue pour son excellence dans le milieu de l'art, la Design Parade s'est achevée le dimanche 7 juillet 2013. Après une longue délibération entre plusieurs professionnels (critiques, directeurs artistique, designers), le Grand Prix Design Parade 8 a été remis cette année à Mathieu Peyroulet-Ghilini, pour une réalisation des plus intrigantes : une série de quatre tréteaux. Conçu pour être léger et invisible, le tréteau ne fonctionne que par paire. Ceux de Mathieu Peyroulet-Ghilini, en revanche, gagneraient à être montrés ! Ils mêlent couleurs, formes complexes et matériaux divers. Lorsqu'on l'interroge sur l'origine de cette réalisation singulière, le designer précise qu'il ne faut pas se concentrer sur la concrétisation, mais sur l'intention : "le tréteau n'est qu'un prétexte. C'est un objet banal, qui sert à la fois de meuble et d'outil" explique Mathieu Peyroulet-Ghilini.

Du projet conceptuel à la réalisation utile

Pour comprendre la réalisation de Mathieu Peyroulet-Ghilini, il faut aussi s'intéresser à son parcours. Celui-ci est d'ailleurs étonnant à bien des égards, puisque, après avoir suivi des études de mathématiques, ce dernier a choisi le milieu de l'art "par amour des objets". Même s'il ne se revendique pas comme ingénieur, le caractère scientifique et analytique transparaît clairement à l'intérieur de sa réalisation. Son projet a connu un nouveau souffle à la rencontre d'Alister Law, un ingénieur civil, ancien membre du cabinet d'architecture Arup. Auparavant, le designer travaillait uniquement sur le concept de jonctions entourant ou rentrant dans la matière, sans trouver quelle forme donner à son projet d'études. Après quelques discussions avec Alister Law, le jeune diplômé a décidé d'appliquer son idée de "liaisons" à un objet à mi-chemin entre le design et l'architecture : le tréteau. En effet, avec sa traverse horizontale, le tréteau renvoie directement à la forme de certains ponts. C'est d'ailleurs cette direction précise qu'a suivie Mathieu Peyroulet-Ghilni par la suite. "Le tréteau rouge est sans doute celui où transparait le plus nettement cette inspiration. La première barre, bleu clair, renvoie au ciel, l'ondulation à la structure du pont, et la traverse en dessous, à une petite route." Ce tréteau rouge est celui qu'il préfère parmi les quatre présentés à la villa Noailles, même si quelques obstacles demeurent encore aujourd'hui face à une industrialisation massive du produit, à commencer par la complexité de l'ouvrage. Suite de l'article en page suivante.