Logement et urbanisme : Cécile Duflot présente son projet de loi

    Publié le 27 juin 2013 par Céline Galoffre
    La ministre du Logement, Cécile Duflot, vient de présenter les grandes lignes de son projet de loi pour l'accès au logement et un urbanisme rénové (Alur). Parmi les grands principes, on peut citer la volonté d'encadrer les loyers et de favoriser la densification pour construire. Découvrez le détail et les premières réactions.
    "Lutter contre la fracture résidentielle et le désordre urbanistique". Voilà comment la ministre du Logement, Cécile Duflot, qualifie son projet de loi pour l'accès au logement et un urbanisme rénové (Alur) qu'elle a présenté ce mercredi 26 juin en Conseil des ministres.
    Concernant le logement, le premier point sur lequel elle a insisté est l'encadrement des loyers dans les zones les plus tendues telles que Paris, Bordeaux, Lyon ou Marseille. Objectif : réguler les loyers jugés trop excessifs. Ainsi, pour les nouveaux contrats de bail, le loyer hors charges fixé dans le contrat de location ne pourra dépasser un loyer médian de référence majoré (loyer qui ne peut pas être au-dessus de 20% du loyer médian de référence qui lui est calculé à partir du stock de tous les loyers existants) sauf dans certains cas comme des biens possédant une grande terrasse ou un une grande hauteur sous plafond qui bénéficieront d'un complément de loyer exceptionnel. Dans le cas d'un renouvellement de bail en cours, le locataire pourra lancer un recours en diminution du loyer.
    De même, le propriétaire pourra lui aussi engager un recours si le loyer qu'il pratique est inférieur au loyer médian de référence minoré.
    Si des désaccords apparaissent, le projet prévoit une procédure amiable de règlement du litige devant la commission départementale de conciliation. Néanmoins, ces procédures seront-elles faciles à mettre en route ? Les parties concernées passeront-elles à l'acte en cas de problème ? Cependant la ministre y croit : "En région parisienne, environ 26% des loyers baisseront avec ce dispositif", s'est-elle enthousiasmé.

    Une garantie universelle des loyers

    Du côté de la sécurisation de la location, le projet envisage de définir une liste des pièces à fournir lors de la location comme pour le parc social. Les états des lieux et les baux types, dont les frais seront partagés entre le bailleur et son locataire, qui disposeront de mentions obligatoires, seront déterminés par décret. "Nous devons réguler le secteur en encadrant l'activité des professionnels de l'immobilier", a noté Cécile Duflot. Reste à savoir les modalités exactes qui figureront dans ces documents et si les propriétaires et régies joueront le jeu.
    Autre proposition de taille avancée dans le projet de loi : la garantie universelle des loyers (Gul). Celle-ci concerne le parc privé et vise à protéger les propriétaires contre les risques d'impayés et faciliter l'entrée des locataires dans le logement notamment pour les personnes en situation de s'acquitter d'un loyer mais ayant des revenus irréguliers ou modestes.
    Pour gérer ce système, la loi mise sur la création d'un établissement public administratif de l'Etat, "l'Agence de la garantie universelle des loyers". Quid du financement ? "La contribution du locataire et du propriétaire à ce dispositif s'effectuera à part égale", a souligné la ministre sans préciser exactement les modalités d'application pour chacune des parties. Le gouvernement se donne jusqu'au 1 er janvier 2016 pour mettre en place ce process qui pourrait concerner 6 millions de ménages.

    Lutte contre l'habitat indigne

    Si le logement est la priorité des Français, l'enjeu est d'en offrir un qui soit digne. C'est pourquoi la ministre a réitéré sa volonté de s'attaquer aux marchands de sommeil. Ainsi, les personnes condamnées pour hébergement contraire à la dignité humaine ne pourront pas acquérir de biens et les mettre en location.
    De même, les propriétaires bailleurs louant des biens vétustes mettant en péril la sécurité ou la santé de leurs occupants pourraient se voir affubler d'une astreinte journalière lorsque les travaux ordonnés par le maire ou le préfet n'ont pas été réalisés dans les délais fixés par arrêté. Le montant de l'astreinte sera de 200 euros par jour de retard. Une partie de la somme ira à l'Anah et l'autre permettra de financer le relogement des victimes de marchant de sommeil.
    Volonté de simplification oblige, le projet de loi réformera également le système d'attribution des logements sociaux avec la mise en place d'un dossier unique et le suivi de l'information concernant cette demande (étapes du traitement de cette demande, informations sur le parc social du territoire...).

    Densification des zones urbaines

    Côté urbanisme, la ministre a annoncé la modernisation des règles d'urbanisme avec notamment la valorisation des plans locaux d'urbanisme intercommunaux : "La loi permettra le transfert automatique de la compétence PLU aux communautés de communes et d'agglomération", précise le ministère. "L'idée est de construire mieux là où il y a le plus de besoin", a déclaré Cécile Duflot.
    Le projet table également sur la densification des zones urbaines des quartiers pavillonnaires avec, notamment, la suppression de la disposition de la loi urbanisme et habitat de 2003 qui fixe une taille minimale de terrain et contribue à l'étalement urbain mais aussi l'abandon du coefficient d'occupation des sols.
    En brossant les grandes lignes de son projet de loi, la ministre du Logement affiche son ambition de faire "une loi juste qui va remettre de la sécurité pour tous et équilibrer les relations entre propriétaires et locataires". Néanmoins, des zones d'ombre persistent notamment sur les modalités d'application de certaines propositions. La réforme des rapports locatifs fonctionnera-t-elle sans réelles sanctions financières ? Comment s'articuleront les nouvelles relations entre les différentes parties ? D'ores et déjà, des voies s'élèvent (voir les réactions page 2). Et nul doute, que les flous du projet de loi Duflot alimenteront les discussions à l'Assemblée nationale programmées pour le mois de septembre prochain.
    Voir les réactions du secteur en page suivante.
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    Les premières réactions du secteur

    logements
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    A l'annonce du projet de loi, les réactions des professionnels du secteur n'ont pas tardé...
    L'Union des Maisons Françaises "s'étonne des présupposés retenus pour orienter les dispositions d'aménagement et d'urbanisme d'une part la notion de consommation d'espace, souvent invoquée, est doublement infondée puisqu'il ne s'agit pas d'une "disparition" mais d'un changement d'usage et que les réversibilités d'usage sont nombreuses et fréquentes (...) sur l'étalement urbain, considéré à l'aune de la définition de l'Agence Européenne de l'Environnement, il faut constater qu'au cours des dernières années il a régressé, puisque l'évolution des espaces urbanisés a été inférieure au rythme moyen d'évolution de la population. L'évolution des chiffres entre 2000 et 2006 indique que la population a cru en France métropolitaine de 4,4 % au regard d'une progression de 1, 7 % des surfaces urbanisées. Ces chiffres montrent un étalement urbain négatif de 2,7 % avec un développement des zones urbanisées inférieur à celui de la population".
    La Chambre des Propriétaires : Elle "estime que ce texte risque d'accroître davantage le déséquilibre entre les bailleurs et les locataires et s'oppose notamment à la mise en place d'une garantie universelle des risques locatifs qui ne peut que générer un coût explosif assis sur une déresponsabilisation générale. Il convient de ne pas céder à un raisonnement démagogique qui consiste à considérer que les propriétaires sont des spéculateurs qui s'enrichissent sur le dos de leurs locataires".
    La Fnaim qui a lancé une pétition en ligne indique sur ce site : "le projet de loi de Cécile Duflot vient de jeter le discrédit sur nos entreprises et sur toute une profession. Va-t-on enfin régler le problème du logement en France et gérer l'incurie des pouvoirs publics à trouver des solutions pour produire des logements en masse dans les zones tendues autrement qu'en stigmatisant une profession et en exacerbant les consommateurs ? Ce projet de loi va ruiner les intérêts des bailleurs en les ponctionnant lourdement. Ce projet de loi va desservir les locataires, en réduisant l'offre locative. Ce projet de loi va alourdir fortement les charges de nos copropriétaires".
    La Confédération nationale du Logement : Elle "est favorable à un encadrement mais la méthode annoncée de loyer médian est inflationniste. De plus, l'imprécision concernant les "caractéristiques" d'un logement dans la définition du loyer rend cette proposition subjective, inefficace et inapplicable. La CNL demande le gel des loyers pour une durée d'au moins 3 ans, sur tout le territoire et dans tous les secteurs locatifs. Sur les rapports locatifs. La CNL reste vigilante suite aux premières lectures et analyses, et constate que les rapports sont encore plus en faveur des bailleurs. Elle dénonce la logique de négociation issue du rapport entre la durée du bail et le montant du loyer".
    CNOA (Conseil national de l'ordre des architectes) : Il a "salué la volonté de privilégier la densification des zones déjà construites plutôt que l'étalement urbain". Néanmoins, par la voix de son président Lionel Carli, il a tempéré : "La ville ce n'est pas de la quantité. On parle d'urgence, de mètres carrés... J'aimerais qu'on parle un peu plus de qualité. Il faut construire plus, mais aussi mieux, au bon endroit".
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