Jeux olympiques : Londres a revêtu ses habits neufs

    Publié le 27 juillet 2012 par Dossier réalisé par Sébastien Chabas
    Les jeux Olympiques à Londres, déclarés ouverts officiellement le vendredi 27 juillet par la Reine d'Angleterre, ont métamorphosé la ville, dans une démarche de développement urbain durable. Décryptage.
    Même si Sébastien Coe, le président du comité organisateur des JO de Londres avait souligné en avril dernier qu'"une montagne de travail restait à faire", la capitale britannique est dans les temps. Elle accueille les Jeux dès ce vendredi 27 juillet au soir, pour la troisième fois, après ceux de 1908, à l'époque de la splendeur edwardienne, et de 1948, alors qu'elle se relevait à peine de la Seconde Guerre mondiale. Seule ville à avoir obtenu cet honneur à ce jour, et comme pour établir un certain lien avec le passé, elle a décidé d'installer son Parc olympique dans les quartiers de l'East End qui avaient été ravagés par la "guerre éclair" de 1940.
    Mais cette troisième olympiade londonienne sera sans aucun doute moins extravagante que celle de Pékin, il y a quatre ans. "Surtout, elle est pensée plus que tout autre pour l'héritage qu'elle va laisser à ce pays culturellement méfiant sur les retombées économiques de ce genre de grands projets", nous confie Jean-François Renault, ancien journaliste du quotidien L'Equipe, et représentant de l'Union des journalistes de sport en France (UJSF) au "Media Press Center" du site olympique.

    Moins extravagants que Pékin

    Après Pékin et ses 33 Md€ et la volonté de la Chine de s'affirmer à la face du monde, Londres pourrait décrocher la palme des "Jeux de l'austérité". L'olympiade va, en effet, coûter 11,6 Md€ de fonds publics et 2,6 Md€ de fonds privés levés par le Comité d'organisation (Locog). Un montant toutefois près de quatre fois supérieur aux 3 Md€ prévus lors de leur attribution à la capitale anglaise en 2005, et qui pourrait même en réalité dépasser les 12,7 Md€. A quoi s'ajoutent les investissements de 8,5 Md€ faits ces dernières années par Londres en matière de transport et d'infrastructure. Crise du crédit, crise immobilière, inflation, hausse du coût des matériaux... Ces quatre facteurs majeurs expliquent aussi l'envolée financière.
    village olympique
    village olympique © London JO 2012
     "L'effort des organisateurs est cette fois que les infrastructures se fondent dans le quartier de l'Est de Londres, pour grande partie en déliquescence et le plus pauvre de la capitale", nous rappelle Jean-François Renault.

    La ruée vers l'Est ?

    A Londres, les projets ont donc été plus modestes que dans la capitale chinoise, mais ont véritablement métamorphosé la ville. Ainsi, le quartier de Newham, dans l'Est, l'un des plus pauvres de la ville, qui accueille l'essentiel des infrastructures sportives, entend saisir l'occasion des JO pour déplacer le centre de gravité de la capitale de son côté. "L'ouverture du nouveau centre commercial géant Westfield, juste à côté du parc olympique, en septembre 2011, fut un premier pas concret", complète l'ancien journaliste. Le quartier compte aussi sur de meilleures dessertes et la mise à disposition gratuite de terrains inutilisés pour attirer des entreprises de secteurs à haute valeur ajoutée.
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    Pourquoi ces jeux olympiques seront "green" ?

    Pont solaire Londres
    Pont solaire Londres © Sanyo
    Décontamination d'une friche industrielle, création d'un grand urbain, recyclage des matériaux de construction... Londres affiche ainsi la carte du développement durable. Tour d'horizon avec un porte-parole de Vinci, groupe de Btp français sollicité pour l'événement.
    La décontamination d'une friche industrielle : En débarquant sur le site olympique, on a peine à croire qu'il y avait là une zone industrielle insalubre qui était, en son temps, la plus grande fabrique de locomotives en Europe ! Avant même d'envisager la moindre construction, cette Lower Lea Valley, traversée de canaux et plantée de pylônes électriques, a subi une intensive opération de nettoyage démarrée en 2007. Des usines ont été déplacées et des câbles électriques enterrés.
    London
    London © London JO 2012
     
    "C'est DEC, la branche environnementale de DEME, filiale de Vinci Construction, qui a achevé dans les délais et le budget prévu - 25,5 M€ - la dépollution spectaculaire du site de 202 hectares destiné à accueillir l'essentiel des installations olympiques", nous confie un porte-parole du groupe Vinci. DEC aura assaini 700.000 tonnes de terres, décontaminées en un temps record de leurs métaux lourds et de leurs hydrocarbures par une technique innovante couplant lavement et traitements chimiques." Cette opération a ainsi évité de gros déplacements en camion et généré des économies estimées à 86 M€.
    Naissance d'un poumon vert : Fidèle à la passion des Anglais pour les jardins, 4.000 arbres y ont été plantés. Et c'est ici que le Queen Elizabeth Olympic Park (2,5 kilomètres carrés) deviendra après les JO le plus grand parc urbain créé en Europe depuis 150 ans.
    Recyclage des matériaux de construction : L'importance accordée au développement durable est plus que récurrente dans le discours du comité organisateur. Sur l'ensemble des équipements, c'est la réutilisation et le recyclage qui ont prévalu pour les matériaux de construction utilisés (béton, acier, plastique, aluminium), jusqu'aux bancs du parc olympique, réalisés à partir d'anciennes traverses de chemins de fer. De plus, le chantier aurait réussi à doubler la part d'agrégats de construction, à plus de 40 %.
    Un bilan carbone efficace : L'événement lui-même ne devrait produire que 400.000 tonnes de gaz à effet de serre. Et les organisateurs avaient promis de tirer 20 % de l'énergie consommée par le parc olympique de sources renouvelables. Mais la conjoncture difficile a contraint l'organisation à annuler la construction d'une éolienne de grande envergure.
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    Pourquoi ces jeux olympiques seront "green" ?

    Des jeux "verts", suite

    velodrome
    velodrome © Londres 2012
    Des sites sportifs durables : Doté de 80.000 places, le stade olympique de Londres, construit par le cabinet Populous, ne marque pas par son esthétisme, mais par son coût de 600 M€. Autre aspect ? Il est modulable pour devenir un stade de 25.000 places afin d'accueillir une équipe de foot locale. Mais l'attribution à West Ham (D1 anglaise) a été annulée récemment. Le stade de basket est quant à lui entièrement démontable, Londres espérant déjà qu'il servira aux Brésiliens qui organisent les prochains JO, en 2016 à Rio. Le stade géométrique dévolu au handball et à l'escrime,"Copper Box" de l'agence Make recouvert de cuivre, sera de son côté converti en salle omnisports. Quant à la piscine, dessinée par Zaha Hadid, elle perdra ses deux ailes destinées à asseoir le surcroît de spectateurs. Le Hockey Park et le Basketball Arena seront démontés et replacés ailleurs au Royaume-Uni.
    Même les ponts du site sont pensés dans la perspective de l'après JO. Comme le souligne un porte-parole du Comité d'organisation des Jeux olympiques de Londres, dans un communiqué, "beaucoup ont une partie démontable et une partie 'legacy' (héritage)". Les 3.600 appartements du village olympique au meilleur standard thermique (Breeam) seront réaménagés et ont déjà été transférés, la moitié à une association, l'autre à un opérateur privé, qui les louera.
    Autres règles environnementales : l'éclairage zénithal et la ventilation naturelle à l'image du vélodrome conçu par le studio Hopkins. De plus, les spectateurs sont incités dès vendredi à venir à pied, en vélo, sur la "green way", ou en transports en commun (métro, train ou voie fluviale). Ainsi, chaque ticket vendu est assorti d'un billet de transports gratuit. D'où l'absence de parking !
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    Téléphérique de Londres
    Téléphérique de Londres © Andy Roberts
     Le téléphérique de Londres : il permet de relier la salle de spectacle 02 Arena au centre d'exposition ExCel. Ce téléphérique, dessiné par l'architecte Williamson Eyre est situé au-dessus de la Tamise. Il relie deux lieux des Jeux Olympiques de Londres en 2012 : le 02 Arena à Greenwich et le Centre d'exposition aux Royal Docks dans l'est de Londres. "C'est Bachy Soletanche, filiale du groupe Vinci, spécialisée dans les technologies du sol qui est intervenue sur la pose des pieux depuis des barges", nous rappelle un porte-parole de Vinci. Ce téléphérique permet ainsi de transporter près de 2. 500 personnes par heure, soit autant qu'une voie d'autobus qui verrait passer 30 bus à l'heure. Le téléphérique parcourra 50 mètres au dessus de la Tamise.
    * "verts"
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    Des jeux "verts", suite

    Les entreprises françaises se distinguent en matière d'infrastructures

    infrastructures trasnports Londres
    infrastructures trasnports Londres © Groupe Vinci
    Les sociétés tricolores, à l'image du groupe de BTP Vinci, l'énergéticien GDF Suez et EDF, ont contribué au renouveau des modes de transport et d'une centrale énergétique au cœur du village olympique.
    A Londres, après avoir achevé la rénovation de la station Tower Gateway, les équipes de Taylor Woodrow (Vinci Construction UK) poursuivent le chantier d'extension du Docklands Light Railway, réseau de métro automatique aérien desservant la banlieue Est. "Le projet consiste à rénover l'infrastructure sur laquelle circulent actuellement des trains à deux rames pour permettre l'utilisation de trains à trois rames lors des Jeux Olympiques", nous détaille un porte-parole du groupe Vinci.
    Blackfriars Railroad Bridge
    Blackfriars Railroad Bridge © Solarcentury/Network Rail
     D'un montant de 230 M €, ce contrat en conception-construction englobe la prolongation des quais de 18 stations, la construction de deux nouveaux viaducs et la rénovation de la station South Quay.
    Vinci Construction UK a mené ainsi de front plusieurs des grands projets d'aménagement. Sur le terminal 3 de l'aéroport londonien d'Heathrow, les équipes ont installé de nouveaux plafonds, murs et revêtements de sol, ont remplacé le système électronique du terminal et modifié les comptoirs d'embarquement. Les travaux se sont achevés en mars 2011, pour un montant de 9,5 M€.
    Gatwick Airport a également confié à Vinci Construction UK un important projet, le South Terminal Forecourt, pour transformer l'esplanade à l'avant de l'aérogare sud de l'aéroport. Commencé en juin 2009, le chantier comprenait également l'aménagement de nouvelles aires d'entrée des passagers et d'attente des bus, ainsi que de nouveaux ascenseurs. Les travaux, d'un montant de 19 M € d'euros, ont été terminés en mars 2012 pour les Jeux Olympiques.

    L'énergie un savoir-faire hexagonal

    Les JO 2012 auront été aussi l'occasion pour Londres de construire au cœur du Parc olympique une centrale énergétique. Dessiné par Arran Pexton et John McAslan, visible par une tour de 45 mètres, ce bâtiment a été construit par le groupe français GDF Suez. Equipé pour la génération de chaud, de froid et d'électricité, il est modulable pour servir, après l'évènement, cette partie du nord-est de Londres. "Les sous-stations installées dans les grands bâtiments du site olympique seront démontées et réinstallées plus tard en vue de leur réutilisation dans la zone", indique le groupe GDF Suez. Avec un deuxième site à l'est du parc olympique, ces centrales pourront alimenter 20.000 foyers en réduisant les émissions de CO2 d'au moins 20 %. C'est pour Cofély, la filiale britannique de Suez responsable de ces métiers, une concession majeure, d'une durée de 40 ans représentant un contrat de 1,5 Md € de revenus.
    Enfin, un autre électricien français, EDF, sponsor des JO, gère de son côté l'alimentation en électricité du Village Olympique et des 23 infrastructures du Parc.
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