La Grande Motte, modèle de ville idéale

    Publié le 9 août 2012 par C.L.
    Accusée récemment d'être une ville "ringarde", la Grande Motte a contre-attaqué, elle qui s'applique désormais à valoriser l'architecture de Jean Balladur. Ayant reçu le label "Patrimoine du XXe siècle", la station balnéaire se distingue par son originalité, sa modernité et sa qualité de vie. Explications.
    Fin juillet, la publicité d'un voyagiste soulevait une vive polémique sur les côtes de la Méditerranée : on y voyait un couple de bourgeois se moquer et ringardiser les communes de Palavas-les-Flots, La Grande Motte et Argelès-sur-Mer. Levée de bouclier du côté des élus, et finalement la publicité est retirée. Stephan Rossignol, maire UMP de La Grande Motte, accusait, dans les colonnes du Figaro (24/07), le voyagiste de "colporter les clichés du passé". Il vantait ainsi les douze hôtels de sa commune, dont cinq notés quatre étoiles et notait qu'un casino venait d'ouvrir ses portes. "Y aurait-il eu cet investissement si nous étions ringards? ", s'interrogeait le maire, très agacé.
    Si la commune est visitée chaque année par des dizaines d'étudiants en architecture, et reste très prisée par les cinéastes qui y apprécient ses décors insolites, La Grande Motte souffre, dans l'esprit du grand public, d'une image de station balnéaire bétonnée sans âme. C'est justement ce que réfute l'élu qui veut présenter l'architecture de Jean Balladur et l'art urbain de sa ville, aux nombreux touristes qui y séjournent chaque été. Fort du label "Patrimoine du XXe siècle" attribué par le ministère de la Culture en 2009, le directeur de la station, Jérôme Arnaud, cité dans les colonnes des Echos (04/08), déclare : " Il faut apprendre à regarder cette ville blanche, archétype des audaces de cette époque, avec ses facettes architecturales masculine et féminine, ses entrelacs de sentiers, de passerelles, de placettes, de jardins agrémentés de sculptures (...) ".
    Grande Motte
    Grande Motte © Ville de La Grande Motte
     Silhouette atypique
    La caractéristique de La Grande Motte, ce sont surtout ses immeubles en forme de pyramides. Inspiré après un voyage à Mexico, Jean Balladur décide de reproduire ces silhouettes à La Grande Motte. Pas qu'une simple lubie, il travaille la ligne des bâtiments afin qu'elle s'accorde avec le décor des Cévennes et le Pic Saint Loup en particulier, à l'arrière du paysage. Comme le souligne le site de la ville, l'architecte en chef n'a pas conçu lui-même tous les immeubles de La Grande Motte - pas moins d'une soixantaine d'architectes ont été dirigé par Jean Balladur - mais il a décidé de la forme de tous, en imposant : un plan masse avec l'emprise au sol, le volume et le gabarit pyramidal, en conque de Vénus ou bonnets d'évêques, les types de modénatures pour les façades, les terrasses, le béton et l'enduit blanc. Il s'enquiert également des directions des vents ou des espèces végétales qui poussent dans le sable - car à l'origine, le site n'est qu'une large bande désertique et plate bordée d'une immense plage de sable fin... Des règles fondamentales qui ont garanti, par la suite, l'unité et l'harmonie de la station balnéaire. Dans ces années 60, la ville nouvelle fait aussi figure de ville idéale, comme aiment à les imaginer ses contemporains Le Corbusier ou Oscar Niemeyer.
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    La Grande Motte, modèle de ville idéale

    Rénovation tous azimuths

    Rénovation tous azimuths - Grande Motte
    Rénovation tous azimuths - Grande Motte © Ville de La Grande Motte
    Au Levant, la rectitude des pyramides ; au Couchant, les courbes et les conques de Vénus : Jean Balladur joue sur la notion de "yin" et de "yang", jongle entre philosophie et mythologie. Mais au-delà de ces symboles, il privilégie une matière, le béton, mettant en avant ses atouts : résistant aux embruns, économique et souple d'utilisation. Si l'idée de ville "bétonnée" perdure, c'est négliger les nombreux boisements et plantations qui ornent la station. Choisis, avec le paysagiste Pierre Pillet, en fonction de leur capacité à s'adapter à l'ensoleillement, de leur résistance aux embruns et de leurs besoins en eau, les végétaux ont été soigneusement et rigoureusement plantés sur le territoire. Ici, il est coutume de dire qu'il y aurait 50 m2 d'espace vert par habitant, conformément au souhait de Jean Balladur qui rêvait La Grande Motte en cité verte.

    La rénovation au cœur d'une politique durable

    C'est pour sauvegarder et conserver ce précieux héritage que la municipalité s'emploie à imposer un ravalement de façades tous les dix ans, ainsi qu'à rénover les espaces publics, en témoignent les lampadaires design récemment installés dans la ville et financés avec l'aide de l'Europe. Selon Les Echos, la seule rénovation de l'avenue de l'Europe aurait coûté près de 7 M€. Enfin, les propriétaires pourront percevoir des aides pour la rénovation de leurs appartements, grâce à des subventions départementales qui sont en train d'être mises en place.
    De quoi faire taire les mauvaises langues et inscrire la station dans la pérennité. Prochain objectif affiché par son directeur : "Obtenir le classement ville d'art et d'histoire". Tout un programme...
    Rénovation tous azimuths
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