Gaz : hausse des prix et maintien des tarifs réglementés

    Publié le 25 avril 2013 par R.N.-B. avec AFP
    Des arrêtés parus au Journal officiel mettent en application la décision du Conseil d'État d'augmenter rétroactivement les tarifs du gaz. L'opération devrait coûter 23 euros, étalés sur 18 mois, pour les ménages chauffés au gaz. Le gouvernement a, par ailleurs, refusé de supprimer les tarifs réglementés, suite à une proposition de l'Autorité de la concurrence.
    Suite et fin du ping-pong réglementaire concernant les tarifs du gaz. Après une hausse en janvier, puis une baisse en février, contraire à l'avis de la Commission de régulation de l'énergie (CRE), c'est le Conseil d'Etat, saisi par GDF Suez et plusieurs de ses concurrents, qui a tranché et donné raison aux fournisseurs de gaz.
    En annulant, en janvier dernier, trois arrêtés, pris par les gouvernements Fillon (en juin 2011) et Ayrault (en juillet et septembre 2012), qui limitaient les hausses des tarifs réglementés de gaz, respectivement à +3,2 % et +2 %, le Conseil d'Etat avait laissé le champ libre à un rattrapage rétroactif. La manœuvre est aujourd'hui confirmée par la parution au Journal officiel d'arrêtés relevant a posteriori ces tarifs.

    Un surcoût de 23 euros

    GDF Suez estime que ce rattrapage devrait coûter à chaque abonné environ 1,30 euros par mois. Pour les foyers possédant un chauffage au gaz, la facture s'élèverait à 23 euros étalés sur un an et demi.
    Pour rappel, fin 2011, le gouvernement précédent avait déjà pris un arrêté qui ne suivait pas les recommandations de la CRE : l'Anode avait obtenu alors du Conseil d'État son annulation et la hausse au 1er janvier 2012 avait dû augmenter en conséquence de 4,4%. Les mêmes causes produisant les mêmes effets...
    En page suivante, le débat entre l'Autorité de la concurrence et le gouvernement.
    Gaz : hausse des prix et maintien des tarifs réglementés

    Tarifs réglementés du gaz : le gouvernement n'abdique pas

    Est-ce la fin des tarifs réglementés du gaz ? C'est en tout cas ce que préconise l'Autorité de la concurrence. Dans son avis publié le 25 mars 2013, elle recommande, à la lumière d'une étude qu'elle a menée, de supprimer, par étapes échelonnées sur plusieurs années, l'ensemble des tarifs réglementés du gaz, en commençant par ceux applicables aux grands comptes (industriels), puis ceux applicables aux PME/PMI, et enfin ceux applicables aux petits consommateurs (résidentiel et professionnels).
    Car l'Autorité estime que les dysfonctionnements actuels du marché de détail du gaz naturel, avec l'échec de l'ouverture à la concurrence, résulteraient d'une information défaillante des consommateurs et d'une dissuasion pour les fournisseurs alternatifs d'entrer sur le marché. Les tarifs réglementés constitueraient ainsi un des principaux facteurs de trouble.

    Des tarifs qui protègent le pouvoir d'achat ?

    "Ces tarifs ne protègent pas le pouvoir d'achat des consommateurs ni la compétitivité des entreprises et, simultanément, ils dissuadent les fournisseurs alternatifs de pénétrer le marché, alors même que ces fournisseurs pourraient stimuler la concurrence en promouvant des offres moins chères que les tarifs réglementés", souligne l'avis de l'Autorité de la concurrence.
    Mais le ministère de l'Écologie ne l'entend pas ainsi. Delphine Batho a donc publié un communiqué précisant que, si l'autorité est dans son rôle de conseil, aucune remise en cause des tarifs n'est cependant à l'ordre du jour. Elle confirme même "la volonté du gouvernement de conserver les tarifs réglementés de vente du gaz et de l'électricité pour les ménages".
    Selon ce même communiqué, ils permettraient "de protéger le pouvoir d'achat sur le long terme", n'empêchant pas les consommateurs de bénéficier d'offres concurrentes lorsque celles-ci sont moins chères. "En effet, les tarifs réglementés constituent une référence dans laquelle le consommateur a confiance et dont le niveau est fondé sur la couverture des coûts". L'Autorité de la concurrence précisait à ce sujet : "A court terme, il semble également indispensable que chaque tarif couvre les coûts supportés par l'opérateur historique (GDF Suez)".

    Des consommateurs mal informés

    L'avis du 25 mars soulignait que beaucoup de consommateurs de gaz croyaient, à tort, que les tarifs réglementés les protégeaient des hausses de prix alors que des offre de marchés moins chères étaient disponibles. "L'écho médiatique accompagnant chaque mouvement des tarifs réglementés du gaz renforce dans l'esprit de nombreux consommateurs l'idée qu'il n'y aurait qu'un seul prix du gaz en France, celui des tarifs réglementés proposés par le fournisseur historique". C'était également la conclusion d'une étude de la CRE, parue en mars dernier.
    A la fin de 2012, 90 % des consommateurs résidentiels étaient bien soumis au tarif réglementé. La ministre rappelle donc, dans son communiqué que "la concurrence est déjà ouverte. Il appartient aux opérateurs de communiquer sur leurs offres". Delphine Batho signale également l'existence du site Internet http://comparateur-offres.energie-info.fr qui autorise les utilisateurs à comparer les différentes offres.
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