Crue en Ile-de-France : quels risques pour quels logements ?

    Publié le 9 mars 2016 par Sébastien Chabas
    Crue centennale Paris
    Crue centennale Paris © Gezzed - Wikimedia
    Alors que la préfecture de police de Paris organise actuellement un exercice de simulation pour se préparer à faire face à une crue de grande ampleur de la Seine, l'Institut d'aménagement d'urbanisme (IAU) estime qu'une crue identique à celle de 1910 affecterait 435.000 logements, soit l'équivalent de 8 % du parc francilien. Quelles sont exactement les risques et les logements concernés ? Eléments de réponses.
    Alors qu'un exercice de gestion de crise baptisé "EU Sequana 2016"* est actuellement en cours afin de simuler une inondation majeure en Ile-de-France, l'Institut d'aménagement d'urbanisme (IAU) vient de dévoiler plusieurs études sur les conséquences d'une nouvelle crue centennale dans le domaine du logement.
    Les conséquences de ce scénario catastrophe seraient accablantes : habitations inondées, commerces détruits, un million de personnes sans eau chaude et électricité, 500 kilomètres carrés sous l'eau et deux points de PIB en moins... Sans compter la ville de Maisons-Alfort presque totalement engloutie, comme une bonne partie du Val-de-Marne. A Paris, les 12ème, 7ème et 15èmes arrondissements seraient les plus submergés. Et aucun pont ne serait encore utilisable entre La Défense et Gennevilliers.

    8 % du parc francilien touchés

    "Ce sont environ 435.000 logements dont environ 8 % du parc du francilien, totalisant 27,3 millions de m² de surfaces qui sont aujourd'hui exposés à une crue d'occurrence centennale, relève Ludovic Faytre, chargé d'études à l'IAU Ile-de-France. Sur les 435.000, ce sont 120.000 logements qui auraient directement les pieds dans l'eau..."
    Autre caractéristique : la forte exposition au niveau de l'aléa. Près de 48% des logements, soit 205.000, sont exposés à des niveaux d'aléas forts et très forts, c'est-à-dire à des hauteurs de submersion entre 1 m et 2 m ou supérieures à 2 m, poursuit le chargé d'études à l'IAU.
    Parmi les plus grandes entreprises susceptibles de subir des aléas "forts à très forts", se trouvent le siège de la RATP, des dépôts SNCF, l'hôpital Georges-Pompidou, le ministère des Finances, la Caisse des dépôts et consignations... mais aussi de grandes entreprises privées, détaille l'Institut.
    Nombre de logements localisés en 2009 en zones inondables
    Nombre de logements localisés en 2009 en zones inondables © DGFIP, IAU Ile-de-France
     "Le Val-de-Marne, le territoire le plus menacé"
    Par ailleurs, les études de l'IAU démontrent que les logements concernés s'inscrivent essentiellement dans les lits majeurs de la Seine (81 %) et de la Marne (15 %). "A noter que le Val-de-Marne est le territoire le plus menacé, avec plus de 123.000 logements en zone inondable, suivi de Paris (107.700) et des Hauts-de-Seine (94.450)", souligne l'IAU dans ses analyses.
    Dans le Val-de-Marne, près de 80% des logements localisés dans ces zones d'aléas (95.700 logements), devant l'Essonne (50,7% de logements exposés à ces niveaux d'aléas, 18.300 logements concernés). En revanche, la Seine-Saint-Denis, beaucoup moins exposée au fleuve, ne serait concernée qu'à hauteur de 11.700 logements.
    Ainsi, une quinzaine de communes comptent plus de 10.000 logements en zone inondable, essentiellement en petite couronne : trois arrondissements parisiens (15ème, 12ème, 7ème), Alfortville, Asnières, Ivry, Gennevilliers, Créteil. En grande couronne, Chelles serait la seule commune à dépasser le seuil, affirme l'IAU.
    "A noter que la place occupée par le 15ème arrondissement s'explique notamment par l'implantation de plusieurs immeubles de grande hauteur (IGH) à vocation d'habitat sur les berges de Seine, dans le quartier Beaugrenelle", ajoute l'organisme.
    De plus, l'IAU, rappelle qu'en termes d'occupation du sol, les espaces strictement dédiés à l'habitat occupaient en 2008, 13,1% des zones inondables d'Île-de-France, soit plus de 6.000 ha. "Ce taux augmente ainsi sensiblement en petite couronne, où les zones d'habitats représentent plus de 35 % des surfaces exposées, la quasi-totalité des zones inondables se trouvant par ailleurs urbanisée", indique l'IAU. Tout en précisant, qu'"à l'échelle régionale, ces 6.000 ha se répartissent à 70 % dans de l'habitat individuel et 30% dans de l'habitat collectif."

    Protéger la voie publique parisienne

    Enfin, si le système des ouvrages de protections (digues, batardeaux...) développé par la ville de Paris pourrait théoriquement protéger la voie publique parisienne d'une inondation par débordement jusqu'au niveau de la crue de 1910, les autres territoires de l'agglomération centrale paraissent beaucoup plus vulnérables, estime l'étude de l'IAU.
    Avant de dresser le bilan suivant : "Au regard des ouvrages de protection existants (niveau des murettes de protection inférieur au seuil de la crue centennale), le Val-de-Marne ressort là encore comme le territoire le plus sensible à une inondation majeure."
    En termes économiques, une telle crue coûterait entre 17 et 20 milliards d'euros pour les dommages directs, pour moitié imputés à l'habitat, et plus du double en tenant compte de la dégradation des réseaux et des pertes d'exploitation des entreprises, conclut l'IAU.
    Face à une crue majeure, "les activités économiques sont très vulnérables", insiste l'Institut : endommagement ou paralysie de l'outil de production, inaccessibilité de l'entreprise, interruption d'approvisionnement..." Les dépendances multiples (énergie, systèmes de communication, transports, logistique...) constituent des facteurs de fragilité supplémentaires".
    *Scénario catastrophe 2016, nom de code : "EU Sequana 2016"
    Tel est le nom de code d'un exercice sans précédent qui a actuellement lieu, en Île-de-France jusqu'au 18 mars prochain. Son scénario ? Simuler une crue majeure et tester la préparation de l'ensemble des acteurs franciliens, tout en renforçant la culture du risque des habitants, "qui demeurent aujourd'hui insuffisamment sensibilisés au risque d'inondation", souligne la Préfecture de Police. L'enjeu est également d'engager un travail au niveau du bassin sur les mesures d'adaptation à mettre en place afin de s'adapter au changement climatique observé.
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