Des factures d'eau opaques ?

    Publié le 29 octobre 2007 par M.D.
    Robinet
    Robinet © MAP
    L'UFC-Que choisir vient de publier une étude sur le prix de l'eau dans plusieurs villes ou syndicats de communes de France. Il en ressort une "surfacturation phénoménale" dans certaines villes, des pratiques opaques en terme de facturation et des divergences selon que la gestion de l'eau est assurée par la régie communale ou par un opérateur privé. Détails.
    Mieux vaut payer sa facture d'eau à Clermont-Ferrand ou à Grenoble qu'à Bordeaux. Une étude sur le prix de l'eau réalisée par l'UFC-Que choisir portant sur 19 communes ou syndicats de communes révèle d'importantes disparités dans le prix de l'eau au mètre carré facturé au consommateur.

    Opacité et taux de marge élevés

    Selon cette étude, le prix varie de 1,98 euros TTC le m³ à Clermont-Ferrand, 2,23 euros à Grenoble, 2,69 euros à Paris, 3,38 euros à Bordeaux et 3,77 en proche banlieue parisienne. L'association met en parallèle les prix de distribution facturés par les communes observées avec les prix qu'elle a elle-même calculés selon plusieurs critères. Ainsi, à Annecy, le prix de distribution pratiqué s'approche de celui calculé par l'UFC (0,88 euro/m³ contre 0,87 euro/m³), ainsi qu'à Clermont-Ferrand (la distribution est à 0,77 euro/m³, contre 0,58 euro/ m³ selon le calcul de l'UFC).
    Les écarts sont beaucoup plus importants à Marseille (1,54 euros/m³ contre 0,50 euros) et dans le cadre du Sedif, le Syndicat des eaux en Ile-de-France (1,60 euros/m³ contre 0,62 euro/m³). Le taux de marge du Sedif sur la facturation au consommateur serait de 58,7%, et ceux de Marseille et de Gennevilliers (92) sont respectivement de 56,1% et 55%. Des résultats qui mettent en lumière les "bénéfices faramineux" d'opérateurs privés tels que Suez et Veolia. L'UFC-Que choisir dénonce en outre un prix de l'eau qui "baigne dans l'opacité", malgré les obligations réglementaires imposant aux communes de publier un rapport annuel sur les services liés à la gestion de l'eau. "Les données fondamentales qui structurent le prix de l'eau y figurent rarement. Longueur et taux de renouvellement du réseau font souvent défaut alors qu'il s'agit d'indicateurs essentiels".

    Régie communale contre opérateur privé

    Annecy, Chambéry, Clermont-Ferrand et Grenoble font figure d'exemple avec des prix raisonnables et des marges se situant entre 10% et 19%. Ces quatre villes ont la particularité de gérer elles-mêmes leur service d'eau, sans faire appel à un opérateur privé. L'UFC cite "une récente étude de l'Institut français de l'environnement (Ifen)", selon laquelle le prix moyen de l'eau est de 2,19 euros le m³ dans les villes où ce service est assuré par la régie communale, alors que le prix monte à 2,93 euros/ m³ lorsqu'il est confié à un opérateur privé. L'association ajoute que si certaine villes renégocient régulièrement les contrats avec ces opérateurs, "elles sont pieds et poings liés à leur délégataire privé par des contrats de 30 ans".
    Les autres raisons aux prix élevés de l'eau dans certaines villes résident dans la surcapacité non justifiée. Certaines grandes collectivités choisissent de stocker plus afin de sécuriser l'approvisionnement, en créant de nouveaux réservoirs et en doublant certains équipements, rendant la capacité de potabilisation largement supérieure aux besoins. Ainsi, à Paris, la capacité de production s'élève à 1.270.000 m³/jour, alors que les volumes distribués sont de 650.000 m³/jour.
    Le syndicat des eaux d'Ile-de-France (Sedif) a dénoncé les «calculs erronés» et les «partis pris» de l'étude de l'UFC-Que Choisir publiée lundi, qui le place au premier rang des syndicats surfacturant l'eau. Dans cette enquête, l'UFC a calculé une marge entre le prix facturé et ce que l'eau devrait coûter selon elle qui s'élève pour le Sedif à 58,7%, ce qui signifie que sur 100 euros facturés, 58,7 euros lui reviennent.
    Pour le syndicat, l'utilisation du mot marge est «impropre» car étant un «établissement public, le Sedif ne peut pas faire de marges bénéficiaires, puisque les excédents budgétaires sont chaque année réinvestis dans l'exercice suivant», poursuit le syndicat, qui assure que l'UFC n'a pas pris contact avec lui «afin d'obtenir des éléments réels et précis». - AFP
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