Claudio Colucci : le designer resté enfant

Architecte d'intérieur, designer et scénographe, Claudio Colucci aime faire évoluer les projets, confronter ses idées, avancer, revenir et reprendre une envie en l'envisageant de manière différente. Il n'est pas du genre à rester en place et envisage son métier avec une expérience qui « génère sans cesse une différence. » Lost in translation Première source d'inspiration de ces objets qui apparaissent tour à tour humoristiques (comme la chaise Joly Cœur) ou sensuels (Tatami chair), le voyage. Partagé entre deux continents, cet éternel être en mouvement se laisse encore surprendre par les merveilles européennes et asiatiques. « Je fais ces allers-retours depuis dix ans » explique-t-il, « il n'y a plus de clash au quotidien. Les images fortes sont distillées dans la vie de tous les jours. Je cultive ce recul nécessaire pour penser les projets. Pourtant, je me laisse encore surprendre ! Il m'arrive de débarquer à Tokyo et de constater que derrière l'énormité de la ville, les petites bâtisses traditionnelles perdurent. Cela permet de porter un regard à plusieurs degrés sur ce qui nous entoure. J'aime cette distance qui permet de mieux aborder des idées en changeant de point de vue sans pour autant retourner ma veste ! »Tokyo se révèle être un tremplin réel pour ce jeune designer quand il y fait ses premiers pas… « Là-bas, tout va très vite, c'est un vrai laboratoire ! J'expérimente tout plus rapidement. J'ai pu dès mon arrivée toucher à l'architecture d'intérieur alors que je n'y connaissais rien ! C'est une ville excessivement jeune, pleine de nouveaux concepts avec une culture de challenge et dans le même temps un grand respect des personnes. » Tout en rondeur Ligne directrice de ses espaces, les formes rondes, souples et colorées. Malicieuse et sensuelle, l'atmosphère se fait féminine et douce. On lui, doit entre autres le Délicabar du Bon marché à Paris, le restaurant Morph au Japon. Il donne également le ton et les formes aux vitrines d'Hermès, de Renault ou Pirelli. Il se plait à dérouler les lignes fluides et dynamiques des espaces qui se déploient en plis et en replis comme à l'Institut français de Tokyo. « Quand j'étais petit » dit-il « je voulais faire tous les métiers du monde, me mettre dans la peau des autres. C'est un peu ça être designer… Anticiper les attentes, essayer et oser, passer d'une culture à l'autre, le tout en s'amusant, c'est primordial dans mon cas ! » Passer d'un sujet, d'un projet est l'autre ne lui fait pas peur. D'un côté, il crée le mega store Agnès b. à Tokyo, de l'autre, il achève l'architecture d'une maison particulière en Savoie. « Ce dernier projet était ambitieux, nous avons en effet réalisé une maison avec un toit plat et végétalisé, ce qui n'était pas forcément évident, surtout dans une région très regardante en matière d'urbanisme. » Pari réussi !Et la suite ? Lumière sur Lumen « Je n'avais jamais été sur la création complète de la décoration d'un hôtel, c'est maintenant chose faite ! » s'amuse-t-il. C'est le projet en cours pour cette fin d'année 2007. Lumen, futur quatre étoiles, sera entièrement décoré par la griffe Colucci. « C'est intéressant car entre le propriétaire du lieu et moi, deux visions se confrontent. Je refuse de faire un énième « hôtel design », je suis vraiment en recherche d'un hôtel de charme. » Ce nouvel exercice de style lui sied à ravir. On le sent à la recherche de l'élément idéal pour parfaire un décor déjà saisissant. « Nous jouons sur tout, lumière, couleurs, présence évidente de noir et blanc rehaussée par des touches plus vives. J'apprécie l'esprit lounge, c'est un peu mon fil directeur pour penser tout jusqu'au moindre détail. » Une épreuve réjouissante pour celui qui, il y a quelques années transforma spécialement pour une Geisha, une veille maison en bar à vin… Pour découvrir le style Colucci, cliquez sur suivant...