De l'art dans son salon

    Publié le 3 juin 2010 par Pauline Polgar
    Non seulement l'art contemporain se démocratise, mais il connaît également lui-même, un renouveau sans précédent. Il investit aujourd'hui les intérieurs, au point que de nombreuses initiatives ciblent désormais directement le grand public. Le point, à l'occasion de la tenue ce week-end, de l'un de ces nouveaux rendez-vous incontournables, le salon Art Shopping.
    Fini le temps où l'art contemporain n'était réservé qu'à une niche d'acheteurs fortunés ! Le grand public veut de l'art - l'achat d'une œuvre s'apparentant même pour certains à un achat de décoration - tandis que, de son côté, le monde de l'art contemporain connaît un sacré renouveau. Et l'avènement des nouvelles technologies de diffusion, lui ouvre des perspectives inédites.

    L'art se démocratise...

    Artistes, galéristes, marchands... tous s'adaptent désormais à ce nouveau mode de consommation de l'art, qui ne se limite plus à ce qu'il se passe derrière les murs des maisons de vente ou dans des galeries prestigieuses. L'art devient accessible, se démocratise, surfant sur cette nouvelle génération d'acheteurs 'grand public' qui aime la création, entend trouver des œuvres uniques, des 'coups de cœur' pour son intérieur. Selon les derniers chiffres communiqués à l'occasion du salon Art Shopping qui se tient ce week-end au Carrousel du Louvre à Paris, 78% des transactions en matière d'art contemporain réalisées en France, s'effectuent ainsi pour une somme inférieure à 5.000 euros et la moitié des oeuvres d'art sont adjugées à moins de 1.000 euros.
    Photo Mathilde Daudet
    Photo Mathilde Daudet © Photo Mathilde Daudet - DR
     Mais attention ! Qui dit art accessible, ne veut pas dire art au rabais ! S'il en fallait une preuve, il suffit de voir la qualité des œuvres proposées à l'occasion des salons et foires d'art contemporain dédiés au grand public, qui se sont multipliés ces dernières années. Parmi elles, citons notamment deux rendez-vous devenus incontournables : "The Affordable Art Fair", dont une édition s'est tenue le week-end dernier à Paris ; elle propose depuis dix ans et sur quasi tous les continents (L'AAF s'installe à Londres, Singapour, New-York, Sydney, etc.), une sélection d'œuvres issues de galeries professionnelles ne dépassant pas les 7.000€ ; et Art Shopping (organisé par Gem Art), au cours duquel les exposants - artistes comme galeries - vendent des œuvres à des prix inférieurs à 5.000€. Ce dernier salon accueille environ 10.000 visiteurs à chaque rendez-vous, un public qui dépense, en moyenne, entre 1.000 et 2.000€ par achat.

    ... et le public en redemande

    Les organisateurs de chacun de ces rendez-vous revendiquent des ambitions claires et communes : "rendre l'art contemporain accessible", permettre au grand public de dénicher "sa" perle rare dans un environnement propice, facile d'accès, où il se sentira à l'aise et sans que la qualité ne soit oubliée. Et ainsi, faire tomber les derniers préjugés et freins qu'il pourrait encore ressentir avant de se lancer.
    Repérer les talents d'aujourd'hui, apprécier la dynamique de l'art contemporain et la qualité de nos artistes, s'offrir une œuvre unique... aujourd'hui, le public - en France notamment - court les expositions, les galeries et les foires : il y en a pour tous, amateurs ou éclairés. L'art ne s'apprécie plus désormais seulement en ne s'arrêtant qu'au coût ou aux chefs-d'oeuvre. Il affirme encore plus son essence première : être source d'émotion... et de plus en plus à la maison !
    A lire en page suivante, l'interview de Myriam Annonay - Castanet, de Gem Art, organisateur du Salon Art Shopping et découvrez en images, une sélection d'œuvres d'artistes présents à ce rendez-vous.

    L'art urbain en vedette sur Art Shopping

    Art Shopping
    Art Shopping © Art Shopping
     Sur Art Shopping, ils seront près de 250 exposants ce week-end à proposer pour tous, des œuvres d'art uniques et à prix abordable. Une excellente occasion de découvrir également les dernières tendances de l'art d'aujourd'hui. Cette édition s'intéresse ainsi particulièrement à l'art urbain : comment les artistes matérialisent leur relation à leur environnement et par là-même, avec la ville, à travers de nombreux exposants et même de performances en direct. Le street art - art populaire et démocratique par essence - provoque en effet un engouement sans précédent ces derniers temps, au point de ne plus se cantonner à la rue : graffs, collages, photos... prennent d'assaut les intérieurs ! Autre tendance repérée par Art Shopping que nous explique Myriam Annonay Castanet (voir son interview en page suivante), "la transcription : on remarque des artistes - Mila, Fantoba, Sylvianne Pelletier, Laurent Durrey, Guillaume Ortega, etc.) qui reprennent des morceaux d'affiches, de textes ou de partitions, venant s'intégrer à leurs œuvres, comme pour appuyer leur message, leur ressentit ou encore pour faire partager une émotion."Art Shopping
    5 et 6 juin 2010
    Carrousel du Louvre
    Prochaine édition : octobre 2010
    www.salonartshoppping.com
    De l'art dans son salon

    Interview - De l'art dans son salon

    ANdy, Guillaume Ortega, artiste exposé
    ANdy, Guillaume Ortega, artiste exposé © Andy, Guillaume Ortega - DR
    Interview de Myriam Annonay-Castanet, de Gem Art, organisateur du Salon Art Shopping, qui se tient ce week-end (5, 6 juin 2010) au Carrousel du Louvre à Paris.
    Maison à part : Pourquoi avoir créé le salon Artshopping ?
    Myriam Annonay Castanet : Art Shopping est depuis maintenant six éditions, le rendez-vous incontournable pour la démocratisation de l'art. Les Français aiment l'art contemporain, ils sont sensibles à la création et visitent très nombreux les manifestations - même très modestes - d'art contemporain. Ils aiment, ils n'aiment pas, ils commentent... ils aimeraient même avoir ça chez eux, mais sont bien souvent rebutés par le prix ou, pire, par le prix supposé, puisqu'ils n'osent même pas le demander. Combien ont - ne serait-ce qu'une seule fois - osé entrer dans une galerie ? Et pourtant ils aiment afficher, décorer, mettre de belles choses chez eux. Mais ils sont souvent perdus, déroutés, intimidés par les spécialistes. La plupart ne savent pas où acheter une œuvre d'art contemporain et n'ont aucun repère sur ce qui mérite d'être acheté ou sur les prix.
    Art Shopping leur ouvre les portes du monde de l'art contemporain en créant un événement de qualité, convivial, et facile d'accès. Et avec succès : Art Shopping rassemble à chaque édition 250 artistes et galeries et accueille près de 10.000 acheteurs grand public d'art contemporain (source : chiffres de fréquentation 2008). Ils achètent pour plus de 600.000 euros d'œuvres d'art sur le salon, et dépensent en moyenne entre 1.000 et 2.000€ par achat.
    Maison à part : Justement, quel est le profil des acheteurs d'art aujourd'hui ?
    Myriam Annonay Castanet :
    Le grand public aujourd'hui a de réelles envies d'acheter des œuvres d'art. Cependant ces nouveaux acheteurs veulent trouver des œuvres uniques, à des conditions de prix et de services appropriés. Leurs achats sont des achats 'coup de cœur', pour se faire plaisir, pour créer une valeur à leur intérieur. Dans ces conditions, l'achat s'apparente à celui de décoration intérieure, avec une notion de valeur affective.
    Le marché de la décoration d'intérieur représente un potentiel de 6 milliards d'euros, avec une progression moyenne de 10% par an. Le moyen-haut de gamme est l'un des segments les plus prometteurs en terme de croissance. Les tableaux et autres œuvres d'art, perçus comme des biens valorisants, rentrent tout à fait dans ce mouvement de fond. Les visiteurs d'Art Shopping, sont des amateurs qui ne lisent pas forcément de revues consacrées à l'Art, mais qui sont sensibles aux belles choses, à la création et à la recherche de ces coups de cœur. Désireux de se faire plaisir avant tout, ils ne fréquentent pas les galeries ou les salons d'art, mais sont les premiers consommateurs de l'achat d'art sur le web et des galeries 'accessibles'. Plutôt urbains, ils sont prêts à dépenser de l'argent pour un achat coup de cœur. C'est pourquoi Art Shopping répond à leurs attentes en leur offrant un accès facile à l'art contemporain, en leur permettant de bénéficier d'une réelle plateforme d'achat à la mesure de leurs envies.
    Interview - De l'art dans son salon

    Suite - De l'art dans son salon

    SEIZE Happywallmaker
    SEIZE Happywallmaker © Seize Happywalkmaker
    Suite de l'interview :
    Maison à part : Le marché de l'art contemporain explose...
    Myriam Annonay Castanet :
    Ce marché représente 50.000 emplois et concerne près de 10.000 entreprises. Plus de 21.000 artistes plasticiens (source Maison des Artistes) cohabitent sur ce marché, dont 65% ont un revenu inférieur au SMIC. L'art contemporain ne se limite certainement pas aux grandes ventes dont toute la presse se fait le relais, ni aux grands collectionneurs capables de débourser quelques milliers ou millions d'euros pour acquérir une œuvre. Contrairement aux idées reçues, beaucoup d'acheteurs d'art contemporain aujourd'hui sont issus du grand public, et achètent des oeuvres à des prix 'accessibles'. Pour preuve, 78% des transactions en matière d'art contemporain, réalisées en France, s'effectuent pour une somme inférieure à 5.000 euros et la moitié des oeuvres d'art sont adjugées à moins de 1.000 euros. Art Shopping a été accueilli par les professionnels comme un véritable alternative à d'autres manifestations jugées plus classiques et élitistes.
    Maison à part : Vous parlez d'une démocratisation... L'art est-il devenu moins cher, plus accessible, sans être pour autant de moindre qualité ?
    Myriam Annonay Castanet :
    C'est dans ce cadre que le Salon Art Shopping, créé en 2007, prend toute sa légitimité et confirme son positionnement audacieux, en affichant clairement un prix maximum d'œuvres présentées à 5.000 euros.
    Les salons Art Shopping ont accompagné, depuis leur création, les artistes dans leur accès au grand public, et inversement. En phase avec l'évolution du marché, nous avons toujours cru à une démocratisation du marché de l'art contemporain. Le public toujours plus nombreux, et l'augmentation des ventes réalisées sur Art Shopping, plébiscitent cette tendance.
    Maison à part : On assiste donc à un nouveau mode de consommation de l'art contemporain...
    Myriam Annonay Castanet :
    On assiste même à une révolution du mode de consommation de l'art contemporain : ces prix plus abordables permettent à de nouveaux profils d'acheteurs d'émerger. Des acheteurs plus sensibles à leurs coups de cœur qu'à une volonté d'investissement ou de placement long terme. Notre société de consommation privilégie l'achat d'impulsion, elle a bouleversé le rapport aux objets en créant le plaisir de posséder sans notion de durée, on achète, on jette, on change, on rachète... Le marché de l'art n'échappe pas à la règle pour le grand public. On pourrait presque parler d'achat 'déco', d'achat 'pur plaisir', ce qui assure à cette nouvelle tendance une réelle pérennité, dans cette période où la déco devient une passion nationale !
    Maison à part : Existe-t-il des facilités de financement pour l'acquisition d'une œuvre d'art ?
    Myriam Annonay Castanet :
    Les galeries ont pour habitude d'accorder à leurs clients l'échelonnement du paiement sur plusieurs mois, sans frais supplémentaires. Par ailleurs, en 2008, Madame Christine Albanel, alors Ministre de la Culture et de la Communication, a rédigé un projet de loi prévoyant d'encourager les banques à accorder des prêts à taux zéro pour tout investissement dans des œuvres d'art. Le prêt serait plafonné entre 7.000 et 10.000 euros.
    Suite - De l'art dans son salon

    Tendances - De l'art dans son salon

    Contraste Shaka One
    Contraste Shaka One © Contraste de Shaka One - DR
    Suite de l'interview :
    Maison à part : Quelles sont les dernières tendances en art contemporain que vous avez pu observer ?
    Myriam Annonay Castanet :
    Pour cette édition de Art Shopping, on a pu notamment relever la représentation de la ville sous toutes ses formes et expressions : peinture, photos, sculpture, collage... Nous avons donc organisé un espace spécifique Art Urbain avec les performances de vingt artistes en direct sur le salon. Autre tendance repérée, la transcription : des artistes - comme Mila, Fantoba, Sylvianne Pelletier, Laurent Durrey, Guillaume Ortega, etc. - reprennent des morceaux d'affiches, de textes ou de partitions, qui viennent s'intégrer à leurs œuvres, comme pour appuyer leur message, leur ressenti ou encore pour faire partager une émotion. Bien souvent les couleurs, la composition, les mots s'enchevêtrent ou se mêlent pour mieux faire passer leur humeur ou refléter leur personnalité. Cette tendance semble importante, est-elle poussée par l'influence de l'univers numérique où le clavier est omniprésent et les messages textuels s'affichent sur des images, des fonds colorés ou des images ?
    Maison à part : Vous parliez de l'art urbain, on se rend compte qu'il prend d'assaut les intérieurs...
    Myriam Annonay Castanet :
    Depuis quelques années déjà, le 'street art' est enfin considéré comme un art à part entière, et apparaît même comme un véritable mouvement artistique. Le plus important depuis les années 60 ! Les artistes sont aussi nombreux et diversifiés que les techniques ou les supports qu'ils utilisent : peinture à la bombe, au ' Posca', et peinture, en fresque ou en pochoir, sticker ou affiche, mosaïque, et même textile. Ils s'expriment aussi sous la forme de sculptures, en installation ou performances, en vidéo ; il existe même un 'light graff' très spectaculaire. Aujourd'hui, cet art urbain est un raz de marée : on ne cesse de voir de nouvelles œuvres, éphémères, dans la rue, et les expositions se succèdent et se multiplient, tant dans les musées qu'en galeries. Avec l'exposition événement 'Tag au Grand Palais' et 'Né dans la Rue' à la Fondation Cartier, le street art, populaire et démocratique, est mis à l'honneur dans les beaux quartiers. On a vu également de prestigieuses galeries organiser des expositions sur ce thème : 'Urbain 1er' à la Galerie Matignon-Leadouze par exemple en septembre / octobre dernier, ou encore 'Etats des lieux' à la Galerie du Jour d'Agnès B, l'une des personnes qui a le plus défendu cette forme d'art. Et de plus en plus, l'Art Urbain prendre d'assaut les intérieurs : travaux sur murs sur commande, toiles graffées, collages, photos d'univers graphiques urbains... Bref, la rue investit les salons !
    Tendances - De l'art dans son salon

    L'art urbain à l'honneur

    Konu
    Konu © Konu
    Konu
    "Graffiti Artiste, né à St Denis en 1972, il réalise à la bombe quelques pochoirs dés 1988 mais débute le graffiti fin 89 en Normandie. C'est à Paris et en banlieue dès 90 qu'il tag et graff, prends des clichés photographiques sur les voies ferrées et dans les terrains vagues."Konu" mieux vaut tard que jamais !"
    Artiste en performance live sur le salon Art Shopping.
    L'art urbain à l'honneur

    L'art urbain à l'honneur

    Photo Jean-Pierre Daudet - DR
    Photo Jean-Pierre Daudet - DR © Photo Jean-Pierre Daudet - DR
    Sans titre Photo Jean-Pierre Daudet
    "Fixe, mobile, fixe. L'image comme l'écho, la résonance d'une autre vie, d'une autre histoire derrière la façade. Jean-Pierre Daudet est photographe, directeur photo, caméraman, réalisateur. Il sillonne la planète, s'arrête, cherche et reprend sa route. Pour trouver quoi, trouver qui ? A suivre..."
    Son site : www.noveana.com
    L'art urbain à l'honneur

    L'art urbain à l'honneur

    Photo Jean-Pierre Daudet
    Photo Jean-Pierre Daudet © Photo Jean-Pierre Daudet -DR
    Sans titre Photo Jean-Pierre Daudet Artiste exposant
    L'art urbain à l'honneur

    L'art urbain à l'honneur

    L'art urbain à l'honneur - Photo Jean-Pierre Daudet
    L'art urbain à l'honneur - Photo Jean-Pierre Daudet © Photo Jean-Pierre Daudet -DR
    Sans titre Photo Jean-Pierre Daudet Artiste exposant
    L'art urbain à l'honneur
    Articles qui devraient vous intéresser
     
    Recevez gratuitement
    La newsletter Maison à Part
    L'e-magazine de l'habitat sous tous les angles
    Vous pouvez vous désabonner en un clic