"L'architecte met en oeuvre un savoir-faire"

    Publié le 31 janvier 2008 par Propos recueillis par Pauline Polgar
    Lionel Dunet CNOA
    Lionel Dunet CNOA © Lionel Dunet, président du CNOA - PP,MAP
    Le Conseil National de l'Ordre des Architectes prend ses quartiers à la Tour Montparnasse à Paris. A l'occasion de l'inauguration, Maison à part a rencontré Lionel Dunet, son nouveau président, pour qu'il livre sa vision de l'architecture aujourd'hui et les relations de sa profession avec le grand public.
    Maison à part : Vous vous installez aujourd'hui à la Tour Montparnasse, un bâtiment pourtant bien critiqué, au sein même de votre corporation. N'est-ce pas insolite ?
    Lionel Dunet : Je ne vous cache pas que cela a suscité un sérieux débat ! Mais l'argument décisif a été la transparence sur la ville. Rendez-vous compte : nous avons à nos pieds une maquette incroyable et grandeur nature de la ville, de l'agglomération ! Tous ceux qui critiquaient ce choix ont changé d'avis une fois à l'intérieur, lorsqu'ils ont vu ce que cette tour nous offrait ! Alors, certes, aujourd'hui, on n'en construirait plus de pareille... Mais ce bâtiment des années 70, nous devons le reconquérir, c'est un vrai devoir.
    Maison à part : Au regard de la faible part de maisons individuelles construites par les architectes (autour de 7%) l'architecture semble ne pas avoir encore atteint le cœur des particuliers aujourd'hui... Comment l'expliquez-vous ?
    Lionel Dunet : Je ne pense pas que les architectes soient si décriés auprès du particulier. Regardez : la qualification même de "maison d'architecte" fait prendre de la valeur à une maison ! La loi a elle-même imposé un seuil de recours obligatoire à nos services de 170 m2 ! Pour moi d'ailleurs, abaisser ce seuil n'est pas une si bonne idée - La Ministre de la Culture a évoqué cette réforme lors d'une interview, en proposant un recours obligatoire dès 20m2, NDLR. Il sera difficile à un architecte de "produire" de l'architecture en dessous de cela. Cela tient surtout en une différence de mode de production avec les promoteurs. La maison individuelle, c'est l'histoire d'une coopération entre l'architecte et le constructeur qui en retranscrira concrètement les pensées. L'architecte ne fait pas de série, il met en œuvre son savoir-faire.
    Maison à part : Comment promouvoir vos services auprès des particuliers ?
    Les nouveaux bureaux du CNOA se situent au 46e étage de la Tour Montparnasse, un bâtiment à l'architecture pourtant sévèrement critiquée.
    tour montparnasse © DR
    Les nouveaux bureaux du CNOA se situent au 46e étage de la Tour Montparnasse, un bâtiment à l'architecture pourtant sévèrement critiquée.
     
    Lionel Dunet : Cela fait partie de notre mission que de promouvoir notre métier. Et je crois à la force de la culture ! Les particuliers sont peu formés à la culture architecturale alors qu'elle est pourtant essentielle, un constat qui n'est d'ailleurs pas lié à la classe sociale. Nous sommes en train de mettre en place un mouvement de communication important pour y remédier. La loi sur l'Architecture ne dit-elle pas que "l'Architecture est d'importance publique" ?
    On demande au citoyen de voter pour un projet ou un autre lorsqu'il valide le travail d'un élu, mais s'il n'a pas la connaissance, comment voulez-vous qu'il fasse ? On est dans un art social et technique. C'est pourquoi il est nécessaire que l'architecture entre dans le cursus scolaire de chacun pour que cette culture soit apportée aux particuliers. Nous sommes en train d'y travailler avec les ministères concernés. Je crois également en la force d'action des 32 Maisons de l'architecture en France pour continuer de promouvoir notre métier.
    Maison à part : Quels sont les enjeux de votre métier aujourd'hui, les défis à venir ? On a souvent reproché aux architectes leur responsabilité dans le fiasco des banlieues... Que pensez-vous du plan proposé aujourd'hui ?
    Lionel Dunet : Notre profession se réinvente sans cesse. Sous deux ans par exemple, nous tenons à ce que l'ensemble des architectes soit formé au développement durable au sein des écoles, comme en formation continue. Il y a 29.000 architectes aujourd'hui dépendants de l'Ordre ! En ce qui concerne le plan banlieue, je crois surtout au fait qu'il faille non pas un "plan banlieue" mais un "plan ville." Prenons un exemple : l'un des drames de la Grande Borne - cité d'habitat social en Essonne (91) -, c'est surtout que cette banlieue soit enclavée, coincée entre une autoroute et une voie de chemin de fer ! Toute architecture est contextuelle. Il faut donc rénover à l'échelle de la cité !

    A quoi sert l'Ordre des architectes ?

    Tout architecte en France doit s'inscrire auprès du Conseil National de l'Ordre des architectes (CNOA) pour pouvoir entendre exercer sur le territoire. Réparti sur l'ensemble du territoire en Conseils régionaux, sa mission principale est de veiller au respect des règles déontologiques et défendre ainsi la profession. Il organise également la formation et promeut enfin le métier auprès du plus grand nombre. D'une manière générale, il répond à toute question des architectes comme des particuliers sur l'exercice de leur profession. Pour le particulier, s'assurer de l'appartenance de son architecte à l'Ordre lui permet notamment de garantir que ce dernier est titulaire de toutes les assurances nécessaires et essentielles avant toute mise en œuvre d'un chantier. www.architectes.org
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