Et pourquoi pas un Secrétaire d'État chargé du design ?

    Publié le 7 janvier 2011
    EnSCI
    EnSCI © ENSCI- Les Ateliers - www.ensci.com
    Dans une tribune ouverte publiée dans Le Monde daté du 6 janvier, Alain Cadix, directeur de l'École Nationale supérieure de création industrielle (ENSCI-Les Ateliers) plaide pour une plus grande sensibilisation de la société française à l'importance du design dans nos vies, une discipline aux enjeux économiques et sociaux majeurs. Alors, si cela doit passer par un secrétariat d'État...
    Futile le design ? Une idée reçue qui vient surtout du fait que la plupart des gens donne au design une définition erronée. Souvent rattaché simplement à l'univers de la décoration ou du style, il a perdu au fil du temps dans l'esprit commun son sens véritable. Pour Alain Cadix, directeur de l'École Nationale supérieure de création industrielle (ENSCI-Les Ateliers), il est temps qu'il retrouve sa place au sein de notre société. C'est tout l'objet d'une tribune publiée ce mercredi 6 janvier dans le quotidien Le Monde, intitulé "Pour un secrétaire d'État chargé du design".
    Alain Cadix
    Alain Cadix © Alain Cadix, directeur de l'ENSCI- les Ateliers,DR
     "Le design est un art, complexe, qui n'a rien de superficiel quand on lui donne un sens plus proche de la conception innovante que de la décoration. Même si la décoration est une activité tout à fait respectable. Le design est l'art de concevoir à dessein des objets (créer les concepts) et de leur donner forme (...). La forme, au-delà du bord, de la limite, comme la voyait le mathématicien René Thom, est d'abord l'expression d'une pensée, ensuite le résultat d'une synthèse créative de considérations esthétiques, pratiques, psychosociologiques, technologiques et économiques (...)" explique-t-il. Et il est essentiel que notre société y soit sensibilisée, tant les enjeux économiques et sociaux sont importants. Car, en effet, "Si l'on définit le design comme l'art de produire des concepts pertinents et des formes adéquates d'objets, avec les précautions sémantiques évoquées précédemment, si on ne le réduit pas aux arts décoratifs, élégante tradition française, mais si, en s'appuyant sur elle, on en fait un levier de compétitivité et de qualité de vie, alors il prend une dimension stratégique" poursuit le directeur de l'ENSCI-Les Ateliers, l'une des principales écoles de design française.

    Rôle de l'État

    Et d'ajouter que "Nous avons de grands pas à franchir, dans les secteurs des biens de consommation encore, dans ceux des biens d'équipement ménager et professionnel surtout, ainsi que dans les services, pour nous rapprocher de visions et de pratiques coréennes, japonaises ou scandinaves." Détaillant les différents types d'actions possibles - de la sensibilisation dès l'école à la création de structures incitatives à destination du monde des entreprises, pour ne citer qu'elles - Alain Cadix propose ainsi la création du secrétariat d'Etat chargé du design, placé auprès du Premier Ministre, une initiative qui aurait une portée "politique et symbolique" plus importante que celle de donner cette mission à un simple conseiller. Pour autant ce poste pourrait-il être exercé le temps d'une mission, pour trois ans par exemple, précise-t-il. "Si l'on veut replacer la culture, l'art, la création, au cœur de notre société, ce qui me paraît vital pour notre avenir, une telle initiative en serait une marque singulière dans le champ des objets de notre quotidien, ceux qui répondent aux enjeux sociaux et sociétaux de notre temps, ceux qui créent de la valeur et de l'emploi dans nos entreprises, ceux qui nous sont utiles et qui nous procurent du bien-être ou nous donnent du plaisir."
    Retrouvez cette tribune en ligne sur le site du Monde.fr

    Verbatim

    "Je le soutiens ici : sans négliger la dimension tout aussi capitale de la technologie, où la France se laisse ici et là distancer, notre modernité se jugera notamment à l'aune de notre aptitude à déployer le design dans toute notre économie. Pour renouveler notre offre de produits et de services, à l'intention des ménages, des entreprises, des administrations, pour améliorer notre compétitivité hors coûts, pour regagner des parts de marché en France et hors de France, mais aussi pour améliorer la vie quotidienne des gens. Tout cela vaut bien un maroquin sans doute. Cela semble un peu court pour le prochain ajustement ministériel. Cela sera sûrement possible lors du grand changement de la mi-2012."
    Et pourquoi pas un Secrétaire d'État chargé du design ?
    Articles qui devraient vous intéresser
     
    Recevez gratuitement
    La newsletter Maison à Part
    L'e-magazine de l'habitat sous tous les angles
    Vous pouvez vous désabonner en un clic