L'architecture malienne à travers les yeux d'un poète

    Publié le 5 novembre 2007 par Fanny Bonnin
    Dans le cadre de la première édition de Photoquai, la Cité de l'Architecture et du Patrimoine présente l'exposition d'Alioune Bâ jusqu'au 25 novembre prochain intitulée "Architecture sans architecte en terre malienne". Portrait du Mali et de son architecture à travers le regard d'Alioune Bâ. Un voyage dans les fondations du Palais de Chaillot.
    Sourire généreux. Voix douce et posée. Alioune Bâ préfère s'asseoir sur les marches rouges rosées de la Cité de l'Architecture pour nous conter son exposition, un appareil photo autour du cou. L'œil toujours réceptif à ce qui l'entoure, il interrompt parfois l'entretien pour photographier des scènes de la vie, des "petits détails". Car ce que préfère Alioune Bâ, ce sont les "détails auxquels personne ne prête attention". Dans le cadre de cette exposition, il nous invite à découvrir une facette différente de son travail, associée à son intérêt pour l'architecture et moins focalisée sur le détail.

    L'histoire

    Lorsque Stéphane Martin, président du musée du quai Branly, a décidé de mettre en place le projet Photoquai, biennale dédiée aux arts visuels non occidentaux, la Cité de l'Architecture a tout de suite accepté d'y participer. Son président François de Mazières a alors confié le projet à Carole Lenfant : "J'ai découvert le travail d'Alioune Bâ grâce au site Internet Afrikimage et j'ai pu le contacter grâce à Afrique in Visu".

    Un artiste du détail

    Quand on connaît l'œuvre d'Alioune, où chaque photographie présente une main plutôt qu'un visage, son exposition se révèle différente des précédentes. Les bâtiments sont souvent présentés en entier, comme la mosquée de Djenné. On retrouve toutefois le souci du détail qui le caractérise, telle que la "Vue au travers d'une ouverture ronde à Djenné", un regard inquisiteur sur le Mali en noir et blanc.
    Le Mali en noir et blanc
    Il préfère le noir et blanc comme il préfère l'argentique. "Imaginez que vous portez un haut bleu, un pantalon jaune et des chaussures rouges... une photographie en couleurs, c'est agressif dans ce cas. Alors que le noir et blanc apaise, quoiqu'il arrive". Et aux murs des fondations du Palais de Chaillot, l'ambiance est apaisante. Le visiteur découvre ces douze photographies relevant de la poésie, une à une, apposées sur les pierres couleur café. "Les fondations se prêtaient bien à cette exposition, c'est la première fois que nous utilisons cet endroit pour exposer" précise Carole Lenfant, la commissaire de l'exposition.
    L'artiste messager
    Alioune Bâ sourcille quand on lui parle de la poésie de ses photographies. Car son ambition va bien au-delà. Il a exposé dans différents pays et transporte avec lui le même message : "Je défends la cause du continent tout entier". Il souhaite "donner une image plus positive de ce continent". C'est ainsi qu'il a sillonné le Mali, rapportant de son voyage 3.000 négatifs de 1997 et focalisant son travail sur l'architecture "en dehors de la présence humaine". Carole Lenfant a sélectionné de façon subjective 12 photographies de l'artiste sur les 200 clichés qu'il lui a présentés.
    Une sélection pour un voyage en terre malienne. Pierres fissurées et paysages désertés par l'homme pour ne laisser de place qu'à l'architecture. Alioune Bâ, qui travaille de façon thématique, la définit ainsi : "l'architecture, c'est le passé et le futur".

    Architecture sans architecte en terre malienne

    Photographies d'Alioune Bâ
    du 31 octobre au 25 novembre 2007
    Cité de l'Architecture et du Patrimoine à Paris
    Entrée Libre tous les jours de 12h à 20h, les samedi et dimanche de 11h à 19h. Nocturne le jeudi jusqu'à 22h. Fermeture le mardi
    L'architecture malienne à travers les yeux d'un poète

    Le photographe malien Alioune Bâ

    photographe malien Alioune Bâ
    photographe malien Alioune Bâ © F.B.
    Né en 1959 à Bamako, Alioune Bâ a fait de la photographie sa profession et l'exerce depuis 1983 au musée national du Mali. Il s'est assigné une mission, "celle de montrer une image plus positive du continent africain". Il a exposé dans différents pays, notamment au Japon et aux Etats-Unis. Parmi ses nombreux projets, il a réalisé en 2006 une exposition pour sensibiliser les jeunes à la maladie du sida : des photographies de mains, de pieds. Il aime généralement s'attarder sur le détail "Photographier une main est, selon moi, plus parlant qu'un portrait".
    Le photographe malien Alioune Bâ

    Main - L'architecture malienne à travers les yeux d'un poète

    archi sans architecte mali
    archi sans architecte mali © Architecture sans architecte - Alioune Bâ
    La plupart des photos ont été choisies "en dehors de la présence humaine" pour mettre en avant l'architecture des bâtiments. Cette photographie est ainsi caractéristique du travail d'Alioune Bâ, représentant des parties du corps d'un malien.
    Main - L'architecture malienne à travers les yeux d'un poète

    L'architecture en terre malienne

    archi mali alioune Bâ 3
    archi mali alioune Bâ 3 © Architecture sans architecte - Alioune Bâ
    "Terriens nous sommes et, pourtant, rien ne nous rapproche plus de cette genèse que lorsque nous considérons l'oeuvre de l'homme dans son rapport à la terre. Alioune Bâ ne transforme pas l'image de cette architecture de terre qu'il photographie. Il la respecte trop cette terre-là, mère-nourricière et protectrice, pour se permettre avec elle la moindre manipulation. Son audace tient toute dans cette extrême retenue." Carole Lenfant, commissaire de l'exposition.
    L'architecture en terre malienne
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