Philippe Starck : "Je n'ai jamais dit que le design était mort"

Philippe Starck, l'homme touche à tout, considéré comme l'un des - si ce n'est le - plus grands designers des dernières décennies, s'est récemment confié sur sa façon de travailler à un parterre de journalistes et d'invités, à l'occasion du lancement mondial de la collection Axor Organic Starck à Berlin. L'homme s'est montré égal à lui-même, généreux et sympathique, enthousiaste et ouvert... tout autant qu'amoureux de sa femme, sa muse. Verbatim.

- Sur son équipe et son processus créatif :

Parmi les informations délivrées, l'on retiendra que le designer travaille en équipe réduite depuis quelques années. "J'ai toujours essayé de rester le plus petit possible. Pourtant, avec le travail que l'on a, nous pourrions être très nombreux, mais cela finit toujours par des conflits." " Je préfère être en configuration de travail la plus petite possible : un gars nu devant une page blanche, avec son anxiété comme moteur." "Tous les mois d'août, je file dans ma maison dans le roc (...) je travaille seul, jour et nuit, avec ma femme (...). C'est comme cela que l'on reste frais et innovant." "De juin à la mi-septembre, je travaille 8 à 10h/jour, tout est fait dans cette période, après je peux faire des choses stupides !" - Heureux, Starck ? "Je n'ai pas un ADN d'heureux (...) la réponse est que je ne le suis jamais, mais j'essaye ! Je suis pressureproof". "C'est pas 'fun' de créer, il faut être tellement concentré, c'est comme une drogue, une addiction. J'en sors stone, détruit (...) je n'ai plus de cerveau et j'ai mal au bras, une tendinite à force de tenir le crayon (rires)." "Je suis toujours déçu par mes créations, cela marche comme cela : je vois toujours mes erreurs. C'est pourquoi par exemple, je ne vais jamais dans les hôtels que j'ai réalisés. Je vois systématiquement ce qui ne va pas ! C'est aussi pour cela que je continue de travailler !"

- Mort, le design ?

Dans une interview au journal allemand Die Zeit, Philippe Starck avait déclaré que le design était inutile. Pour certains, ces mots avaient été repris et déformés en "pour Philippe Stark, le design est mort." Le designer revient sur ces propos : "Je n'ai jamais dit que le design était mort, c'est une mauvaise traduction de mes mots". "Ce que j'ai dit, c'est que chaque action, chaque projet doit correspondre profondément à son temps sinon, il est inutile. Devant le challenge actuel pour sauver le monde, sa violence, son urgence, peut-être le design n'est-il pas le bon outil. Aujourd'hui, il y a deux sortes de démarches : ce qui est utile - dans le sens qui sauve la vie - et ce qui ne l'est pas. Le design ne sauve pas des vies. " Retrouvez l'article Philippe Starck, pionnier enthousiaste du design sur Maison à part.