Des terrasses pour réunifier Nanterre

Comment aménager une ville en bordure de grands axes dont les quartiers sont séparés par des infrastructures routières et ferroviaires ? C'est à cette question que tente de répondre Nanterre (92) avec le projet d'aménagement Seine-Arche. Située à quelques kilomètres de Paris, la ville de 89.000 habitants, qui accueille le quartier d'affaires de La Défense sur son territoire, a posé mercredi la première pierre de la nouvelle gare Nanterre-Université. Situé sur la ligne du RER A, cette gare doit devenir un pôle multimodal accueillant trains, RER, tramway, bus et vélos. Les travaux doivent durer 15 mois, pour un montant de 11,2 millions d'euros. La gare actuelle continue de fonctionner pendant le chantier, puisque le nouveau pôle multimodal du quartier de l'université sera construit au dessus de la gare actuelle, d'ailleurs restée dans son état des années 1970, alors qu'elle ne devait être à l'époque qu'une gare provisoire ! Mais ce chantier n'est qu'une partie du grand projet de l'EPA Seine-Arche, qui vise à réaménager complètement Nanterre pour en faire "une cité vivant en harmonie avec son environnement et ses habitants". Après avoir fait passer l'autoroute A14 en souterrain il y a plusieurs années, l'établissement public d'aménagement travaille actuellement à la clé de voûte du programme d'aménagement Seine-Arche, les Terrasses. Imaginé par l'équipe d'urbanistes Treuttel-Garcias-Treuttel, ce projet de recomposition urbaine s'articule autour de vingt terrasses paysagères laissant place aux circulations douces et à la végétation, le long desquelles sortent peu à peu de terre les immeubles de logements et de bureaux.

Difficultés liées aux infrastructures

La première séquence de bureaux a été livrée début 2008. Selon Patrick Jarry, maire de Nanterre et président de l'EPA Seine-Arche, les travaux de ces différents programmes ont été retardés, notamment en raison de l'omniprésence d'infrastructures. "Certains chantiers de logements ont nécessité une attention particulière, car il y a dans les sous-sols les tubes du RER et des routes, et il fallait construire par-dessus. Les infrastructures, qu'elles soient enfouies ou aériennes, posent toujours quelques problèmes au moment de construire !" "Les Terrasses permettent de redonner toute leur cohérence à ces quartiers, en repensant l'urbanisme de façon résolument moderne", indique l'EPA Seine-Arche. L'autre symbole de cette réunification des quartiers est la place des Croisées. La bien-nommée est le point central entre les quartiers jusqu'alors séparés des Groues, des Provinces françaises, de la Préfecture et le nouveau pôle-multimodal près de l'université. Les travaux, commencés en 2009, sont en passe de se terminer pour "faire de cet environnement une véritable ville et non plus une succession d'isolats", explique l'EPA.

Projet pilote de coopérative de logements

Enfin, qui dit réaménagement dit quartier durable. Face aux terrasses 1 à 3, un éco-quartier, celui de Hoche, est en train de voir le jour sur 4 hectares. Il accueillera à partir d'octobre 2011 quelques 630 logements de 50.000 m2 au total, chauffés grâce à une chaufferie bi-énergie bois et gaz, également en construction. Dans ce quartier, l'EPA Seine-Arche et la ville de Nanterre ont lancé un projet pilote de coopérative de logements. Le "Grand Portail" a pour objet de diversifier l'offre d'accession à la propriété, tout en faisant participer les habitants à la conception du projet, avec Périclès développement. Au total, 141.600 m2 SHON de logements, 148.600 m2 SHON de bureaux et 36.300 m2 SHON de commerces sont engagés ou déjà livrés dans le cadre du grand programme d'aménagement Seine-Arche. Et d'après Raphaël Catonet, directeur adjoint de l'EPASA, on peut déjà en observer les premières retombées : "Pour nous, c'est un grand plaisir de voir que des investisseurs retournent leurs immeubles et leur donnent leur façade noble du côté des nouveaux programmes d'aménagement".