Imbroglio autour du chantier du jardin des Halles

    Publié le 17 mai 2010 par Avec AFP
    jardin halles
    jardin halles © Seura architectes
    De rebondissements en rebondissements, le chantier des Halles n'en finit pas de faire des vagues. Mercredi dernier, le tribunal administratif a suspendu le permis de démolir du jardin du célèbre quartier parisien. Après cette annonce, la mairie de Paris a immédiatement réagi et prévoit d'ores et déjà de déposer un nouveau permis de démolir. Explications.
    "Le juge des référés a ordonné la suspension de l'exécution du permis de démolir du jardin des Halles au motif qu'il y avait un doute sérieux quant à sa légalité", a expliqué Cyril Laroche, avocat de l'Association Accomplir et de deux autres "groupes" qui avaient déposé en recours en urgence pour demander l'annulation du permis de démolir de la mairie de Paris. Ces derniers dénoncent, entre autres, l'abattage de 343 arbres. Cette décision est importante car la démolition-reconstruction du jardin devait donner, au mois de juin, le coup d'envoi de l'immense chantier de réhabilitation du quartier des Halles, qui doit durer au moins quatre ans.

    Riposte de la mairie de Paris

    A l'issue de cette décision, la mairie de Paris n'a pas tardé à réagir soulignant que "la mise en œuvre opérationnelle de l'ambitieux projet de réaménagement des Halles ne sera pas retardée". C'est pourquoi la ville envisage de déposer un nouveau permis de démolir. Dans un communiqué, la mairie de Paris "conteste ce jugement dans la mesure où le Conseil de Paris avait précisément délibéré, lors de sa séance des 6 et 7 avril 2009, pour autoriser le maire à déposer toute demande d'autorisations administratives nécessaires à la réalisation du projet". Malgré ce contretemps, la mairie de Paris annonce que "les premiers travaux des aires de jeux pour enfants commenceront dès l'automne 2010 après obtention d'un nouveau permis de démolir, permettant une ouverture au public de ces aires de jeux à la fin 2011".
    D'un montant estimé à 760 millions d'euros, cet immense chantier d'aménagement du quartier des Halles, situé au cœur de Paris, comportera, entre autres, une gigantesque feuille de verre, recouvrant sur trois niveaux l'actuel Forum, et un nouveau centre commercial. De plus, l'espace public sera réaménagé, selon les plans de David Mangin, pour faciliter la circulation des piétons, un vaste jardin verra le jour sur 4.3 hectares et la place René Cassin, devant l'église St-Eustache, sera préservée dans son esprit actuel.
    Alors que la Ville continuait les travaux malgré la décision du tribunal, invoquant des "travaux de préparation", l'association Accomplir l'ayant fait constater par huissier a évoqué durant la journée un éventuel nouveau recours. La ville a finalement affiché le 18 mai dans l'après-midi un avis de suspension des travaux, indiquant qu'elle "ne procéderait plus qu'à des opérations de mise en sécurité du chantier".

    David Mangin se défend

    A la suite de propos tenus dans un entretien au quotidien le Monde de mercredi par Jean-François Legaret, David Mangin - l'architecte en charge du projet des Halles - s'est déclaré dans un communiqué "étonné" que le maire UMP du 1er arrondissement, ait pu affirmer qu'"l'architecte tient le maire de Paris sous la menace de faire tomber l'ensemble de l'opération des Halles".
    Après la décision du tribunal d'annuler le permis de démolir du jardin, ce dernier a expliqué au quotidien que "si M. Mangin se retire, la mairie devra relancer un appel d'offres pour la réalisation de la Canopée (toit géant) car ce chantier et celui du jardin sont juridiquement indissociables". Pour David Mangin, "cette assertion est évidemment absurde dans la mesure où il n'y a aucun lien juridique entre le jardin et la Canopée". "Il n'est en outre pas dans ma pratique professionnelle d'exercer une quelconque 'menace' sur quiconque", ajoute l'architecte.
    Contrairement à ce qu'affirme par ailleurs Jean-François Legaret, David Mangin fait état de nombreux échanges avec les élus dans le cadre d'une "longue procédure de concertation (...). Un travail de fond a été effectué depuis 2008 sur l'intégration de la place René-Cassin dans le projet", "tenant compte des délibérations du Conseil de Paris à ce sujet, tout en gardant la cohérence d'ensemble". Selon l'architecte, "il s'agit de réaménager profondément le site et non de le laisser en l'état, ce qui est, de fait, l'alternative non assumée de ses détracteurs". Et de conclure : "Ce projet s'intéresse aux usages et à une échelle métropolitaine du lieu, préférant aux surenchères, aux attaques personnelles, aux voltes faces successives, en un mot aux 'caprices' d'une association de quelques dizaines d'adhérents la prise en compte de l'intérêt des centaines de milliers d'usagers franciliens du site des Halles".
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