Photovoltaïque : un compteur électrique peut-il tourner à l'envers ?

    Publié le 8 mai 2018
    Compteur électrique à disque
    Compteur électrique à disque © Grégoire Noble
    Les compteurs communicants n'ont pas encore remplacé tous les compteurs mécaniques à disque. Dans certains cas, des consommateurs voient ces vieux dispositifs tourner à l'envers, décomptant peu à peu des kWh. Mais ce phénomène est-il normal ? DualSun, spécialiste de l'énergie solaire hybride, apporte son éclairage sur la question.
    Certaines personnes souhaiteraient voir leur compteur tourner à l'envers, les créditant peu à peu de kilowattheures auprès d'EDF. Ce qui leur permettrait de réduire, voire d'annuler leur facture auprès de l'électricien national. Et ce phénomène est possible... avec d'anciens compteurs mécaniques qui connaîtraient une défaillance, qui auraient été mal branchés ou qui seraient reliés à une installation solaire.
    Au moment où les panneaux produiraient de l'électricité qui serait réinjecté sur le réseau, alors il tournerait dans le sens des aiguilles d'une montre, à l'envers des moments où la consommation électrique serait normale.

    Profiter d'un bug... une pratique illégale !

    Mais cette pratique est illégale, comme le rappelle DualSun. Il s'agit d'une fraude puisque le décomptage de courant électrique pénalise Enedis : "Imaginons que je consomme 1.000 kWh et que je réinjecte illégalement 500 kWh, le compteur comptabiliserait 500 kWh alors qu'en réalité je dois payer 1.000 kWh et que, dans un deuxième temps, je dois toucher les revenus de la vente de mes 500 kWh injectés". La différence de montant existante constitue le délit.
    Pour s'en prémunir, Enedis rend la demande de raccordement obligatoire pour tout type d'installation photovoltaïque, même si elle est conçue pour faire de l'autoconsommation totale, c'est-à-dire même si aucune vente de surplus d'électricité n'est prévue. "A chaque déclaration d'installation solaire, les compteurs sont remplacés au profit des nouveaux compteurs électriques communicants", ajoute DualSun qui précise qu'avec les automates Linky la fraude reste possible - en théorie - mais qu'elle sera détectée plus facilement par le distributeur (chute de tension, baisse anormale de consommation).
    Richard Loyen, délégué général d'Enerplan, rappelle que "se déclarer auprès d'Enedis permet de bénéficier d'un compteur intelligent qui réduit à 0 le coût de raccordement pour réinjecter son surplus pour une puissance inférieure à 36 kVA". Auparavant, ce raccordement était facturé entre 600 et 1.200 €.

    Une pratique qui n'est pas sans danger

    Que risquent les contrevenants ? DualSun précise : "Sur un plan commercial, le fraudeur devra s'acquitter de la facture de régularisation pour la consommation non payée. Elle peut remonter loin dans le temps ! [Il] devra également s'acquitter d'une pénalité pour le déplacement du technicien et de la constatation de la fraude (environ 400 €). En plus de cela, une procédure pénale peut tout à fait être engagée par le distributeur [qui] déposera plainte pour vol d'énergie". La peine encourue atteint les 3 ans d'emprisonnement et les 45.000 € d'amende.
    Le spécialiste des panneaux solaires hybrides recommande donc de déclarer toutes les opérations de branchement sur le réseau, qu'il s'agisse de vente totale de l'électricité, d'autoconsommation avec vente du surplus ou d'autoconsommation totale. Toutes ces fonctions sont prises en charge par le compteur double flux Linky. En novembre 2016, la société avait déjà signé une tribune vantant les bénéfices de cette machine pour l'autoconsommation.
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