Contrairement aux logements collectifs, l'isolation acoustique n'est pas un sujet traité en priorité dans les maisons individuelles. "
Il existe peu de demandes ou de litiges clients sur ce point. Cela dit, le sujet reste malgré tout important", développe Julien Serri, délégué national aux Affaires techniques au sein de la FFB (Fédération française du bâtiment).
Déjà, parce que les maisons individuelles sont effectivement soumises à la réglementation acoustique, avec des exigences relatives à l'isolement entre les logements, aux bruits des équipements et aux bruits de choc notamment. Les maisons doivent aussi être suffisamment isolées par rapport aux bruits extérieurs venant des routes, lignes ferroviaires ou encore du trafic aérien. Les conditions sont définies par un arrêté daté du 30 juin 1999, relatif aux caractéristiques acoustiques des bâtiments d'habitation.
Isolation acoustique des maisons individuelles : ce que dit la loi
Les exigences se sont même quelque peu durcies. Depuis le 1er janvier 2024, et l'entrée en vigueur du décret du 12 décembre en application d'une ordonnance du 29 juillet 2022 relative au contrôle des règles de construction, certaines opérations doivent être accompagnées d'attestations de conformité réglementaire, y compris sur la performance acoustique. Les maisons individuelles n'y dérogent pas. "
Ces obligations visent à renforcer la qualité des ouvrages et la traçabilité du respect des exigences réglementaires", écrit le Pôle Habitat de la FFB dans une fiche dédiée.
A noter que l'attestation n'est pas demandée pour les maîtres d'ouvrage qui construisent ou rénovent un logement pour leur usage. Cependant, elle est obligatoire pour les bâtiments collectifs, les maisons individuelles non accolées situées dans des secteurs exposés au bruit, les zones proches d'infrastructures classées (article L. 571-10 du Code de l'environnement) et les zones des plans d'exposition au bruit des aérodromes (article L. 112-6 du Code de l'urbanisme). "
Ou, lorsqu'elles font l'objet d'un même permis de construire, les maisons individuelles accolées, ou contiguës à un local d'activité, ou superposées à celui-ci", précise la FFB.
Au moins 30 dB vis-à-vis des bruits extérieurs
Très concrètement, les maisons individuelles et maisons accolées doivent respecter un isolement minimum de 30 dB vis-à-vis des bruits extérieurs. Concernant les moyens pour y parvenir, la maîtrise d'œuvre a les mains libres. "
Si vous avez une composition de mur conforme à la RE 2020 dans le neuf, donc très bien isolée thermiquement et acoustiquement (y compris au niveau des fenêtres, où l'affaiblissement acoustique est moindre, NDLR), le niveau d'isolation vis-à-vis du bruit extérieur sera suffisant", indique Julien Serri.
Toutefois, cette valeur minimale à respecter peut varier. "
Lorsque vous vous trouvez à proximité d'une voie étroite ou d'une infrastructure majeure comme une autoroute ou une voie rapide, la situation change. Ce n'est évidemment pas le cas de la majorité des chantiers, mais pour, disons, les 10 % concernés, le seuil d'isolation requis augmente", décrit Julien Serri. Les exigences varient de 30 dB à 45 dB, en fonction du classement acoustique de l'infrastructure (de 1 à 5) à proximité (route, ligne ferroviaire, aérodrome). Choix des fenêtres, traitement de pose, ventilation, mise en œuvre des façades, intégration d'un traitement acoustique spécifique dès la conception du projet… Les prescriptions techniques peuvent alors évoluer en fonction dudit classement.
Des règles sur l'isolement des bruits intérieurs
En intérieur, dans le cas du neuf, l'arrêté du 30 juin 1999 prévoit des niveaux de bruit à ne pas dépasser pour trois types d'équipements : l'appareil individuel de chauffage, la climatisation et la ventilation mécanique. Dans ce dernier cas par exemple, en position de débit minimal, le bruit ne doit pas dépasser 30 dB dans les pièces principales et 35 dB dans les cuisines. "
Tous les équipements sont eux-mêmes certifiés pour répondre à cette réglementation", expose Julien Serri.
Les mêmes règles s'appliquent dans les maisons mitoyennes. Toutefois, comme en collectif, l'isolation entre deux logements voisins devra être prise en compte dans ce cas de figure. Une maison est considérée comme le logement "
émetteur" (celui qui fait du bruit) et la maison d'à côté comme le logement "récepteur" (celui qui entend). Le bruit d'impact transmis d'un logement à l'autre ne doit pas dépasser 58 dB dans les pièces principales comme le séjour et les chambres.
En rénovation, chaque situation dépendra de la nature des travaux. « Ce n'est pas du tout la même chose si vous changez l'usage d'un bâtiment - par exemple, si vous transformez une vieille grange en maison habitable. Dans ce cas, vous devrez respecter l'ensemble des règles. » En revanche, dans une rénovation énergétique par exemple, "
aucune obligation particulière ne s'applique. Autrement dit, la rénovation est encore moins encadrée sur ces points que la construction neuve", relève Julien Serri.
Moins d'une seconde de temps de réverbération
L'isolation acoustique intérieure relève avant tout du confort des habitants qui, dans le cas d'une maison individuelle, en neuf comme en rénovation, peuvent faire des choix constructifs afin d'améliorer la performance acoustique entre les pièces. Isover développe par exemple des cloisons avec des plaques Placo Phonique intégrant l'isolant en laine de verre Par Phonique, qui permettent à une cloison d'atteindre un affaiblissement acoustique de 42 dB au minimum, avec 45 mm d'isolant. Au lieu de refaire la totalité de la cloison, l'existant peut également être doublé avec des isolants minces, type Acoustimince d'Isover, un système de 5 cm d'épaisseur offrant des gains de 21 dB aux bruits aériens pour une paroi intérieure et 26 dB aux bruits de choc pour un plancher béton.
En intérieur, c'est aussi la question de la réverbération qui doit être prise en considération. En France, il n'existe pas de règle spécifique concernant la durée de réverbération en maison individuelle. Mais le secteur s'accorde à dire qu'un temps de réverbération entre 0,4 et 0,8seconde dans les pièces de vie offre un bon confort.
Pour réduire la réverbération dans les pièces, au-delà du mobilier, plusieurs solutions existent, notamment les plaques de plâtre perforées. Exemple, les plaques Gyptone® se posent comme du BA13 et n'impliquent donc aucun changement pour le plaquiste. Plus une plaque est perforée, plus son coefficient d'absorption sera élevé. Les panneaux en laine de bois de type Silvatone® sont aussi un bon matériau pour absorber les sons. Plutôt proposés sur de grandes opérations, ils peuvent être préconisés pour de grands séjours de maisons individuelles afin de limiter la réverbération. "
A l'inverse, les chambres présentent rarement ce type de problématique, car leurs volumes plus réduits et leur mobilier atténuent naturellement les phénomènes de résonance", développe Thierry Surville, responsable technique acoustique chez Isover Placo®.
Dans certaines pièces où les résonances sont plus marquées, comme les toilettes ou la salle de bains, le mobilier ne suffit pas toujours à atténuer la réverbération. "
Pour ces espaces, il va falloir agir sur l'isolation", explique Thierry Surville. La tâche n'est toutefois pas simple, car ces locaux sont plus petits qu'un séjour ou une chambre, ce qui limite les possibilités d'intervention. "
Il faut plutôt agir sur la porte : il existe des modèles acoustiques, dits à âme pleine", poursuit-il. Ce type de solution peut améliorer le confort acoustique. Leur efficacité se heurte toutefois à une contrainte fréquente dans les maisons anciennes. En effet, la présence d'une VMC impose de laisser un passage d'air sous la porte pour faciliter la circulation entre les pièces de vie, les chambres et les zones d'extraction que sont les pièces humides. Or, ce jeu, indispensable à la ventilation, impactera l'acoustique. Une question de compromis.