Habitat zéro carbone : la démonstration grandeur nature

Alors que la RT 2012 entre en vigueur, les organisateurs du salon Batimat ont décidé de mettre l'accent, pour cette édition 2011, sur l'efficacité énergétique des bâtiments. Répondant à l'initiative de Bernard Lechevalier (Editions des Halles), un projet de maison en bois a été mis en place, en fédérant des partenaires institutionnels et industriels dans une démarche de construction durable. Pour l'ensemble des acteurs de l'édification de cet "Habitat Zéro Carbone", il s'agit de démontrer la possibilité d'une réponse économique et écologique aux problèmes de logement. Et la démonstration prend la forme d'un prototype, grandeur réelle, en chair et en os - ou plutôt en charpente et en bois, installé sur le parvis du Hall 1 du salon. L'habitat est un module de 100 m² dont l'ossature est en bois, un matériau durable qui stocke le carbone dans sa structure, compensant ainsi le coût en émissions de gaz à effet de serre des opérations de transformation et de transport. Un mètre cube de bois permet ainsi de capter et de garder près d'une tonne de CO2. Et la performance thermique du matériau permet de réaliser des économies d'énergie : "Habitat Zéro Carbone" est par exemple conforme aux exigences du label BBC Effinergie en anticipant la RT 2012. Dès lors, il n'est pas étonnant de voir l'engouement suscité par ce type de constructions : 20.000 maisons en bois seront construites en 2011, soit environ 10 % du marché total. Il y a une décennie, le nombre de maisons construites en bois n'était que de 5.000 par an.

Des partenaires institutionnels et industriels

Le prototype a obtenu divers soutiens : financiers tout d'abord, avec la participation de deux organismes institutionnels, l'interprofession France Bois Forêt et le Codifab (comité professionnel de développement des industries françaises de l'ameublement et du bois). "Le but de la démonstration est triple, confie Bernard Lechevalier : confirmer la démarche environnementale de la construction en bois éco-certifié, montrer la pertinence du recours aux bois feuillus - très présents dans les forêts françaises - pour certains usages de la construction, et l'intérêt connexe de privilégier des bois locaux pour diminuer les distances de transport et revitaliser l'économie de proximité" . Autres partenaires, les industriels et distributeurs. Ils trouvent là une opportunité pour présenter, en conditions réelles d'utilisation, leurs solutions techniques et leurs produits. On retrouve ainsi Lamichêne (association de neuf scieries) qui fournit ainsi du chêne, du hêtre et du frêne pour les planchers et les pré-cadres de la maison, ou Piveteau Bois qui fournit du Douglas massif et du lamellé-collé. Wolseley France collabore en amenant des bardages de façade, également en Douglas, et des lames de plancher en robinier pour la terrasse. Velux est également impliqué : la société souhaite mettre en avant ses fenêtres-coupoles pour toits plats, tandis que les autres menuiseries sont fournies par Menuiseries 21. Simpson Strong-Tie participe au projet en tant que spécialiste des connexions pour assemblage des éléments de charpente et ancrage des poutres. Et Poujoulat fournit des tuyauteries pour les poêles. "Le choix des partenaires a été réalisé pour asseoir les messages forts que nous mettons en avant quant à la provenance et la certification des bois ", précise Bernard Lechevalier. La construction a été confiée à Charpente Cénomane, le premier charpentier français à avoir réalisé son bilan carbone, traduisant encore une fois le souci apporté à la cohérence du projet. Deux modules, côte à côte, sont séparés par une terrasse. Un des deux modules contient une scénographie autour des bois locaux, préparée par Atlanbois, alors que le second présente l'habitat bois proprement dit, avec toutes les solutions retenues. "Il est habitable, il ne manque que le raccordement à l'eau !". L'opération, qui dure les six jours du salon, sera accompagnée de la publication d'un fascicule de 32 pages, distribué sur place, et contenant le bilan CO2 de la construction du double module, calculé selon la méthode Ademe. La communication s'adresse surtout à la maîtrise d'ouvrage. "Nous trouvions intéressant de mettre l'accent sur les techniques de construction nouvelles (module préfabriqué en atelier) et d'en faire la démonstration. Car la filière de construction bois est intéressante pour le développement durable en France".