Une extension s'immisce entre un arbre et une maison bourgeoise

C'est donc sur un site d'exception, en région lyonnaise, au cœur d'une propriété très arborée que les propriétaires souhaitaient faire agrandir la demeure d'environ 45 m2 pour y loger une cuisine et un nouvel espace de vie donnant sur la nature. Un véritable casse-tête se présente alors aux architectes, qui proposent une solution taillée sur-mesure. "La recherche constante de la plus grande simplicité sur le plan formel et volumétrique a nécessité de dessiner une multitude de détails... et mobilisé beaucoup de matière grise", expliquent-ils. De fait, ils ont l'idée d'un petit parallélépipède rectangle, aux lignes épurées, qui viendrait se glisser entre la maison et un arbre centenaire situé à quelques mètres d'elle.

Après avoir testé plusieurs hypothèses, l'agence Playtime opte donc pour un volume parallèle à la maison, de 5.50 x 9 m et d'une hauteur de 3.60 m, inférieure à celle du rez-de-chaussée. Il est ainsi très ouvert sur ses faces ouest et est, et complètement occulté au sud. En outre, son implantation en saillie permet d'aménager une terrasse accessible depuis la cuisine. Mais ce qui le rend original, c'est sa construction sur pilotis et en porte-à-faux qui le fait gagner en légèreté. "De cette façon, il n'impacte pas le sol", soulignent les architectes. Et pour une unité totale et une intégration parfaite avec la maison, le même principe de décollement par rapport au sol a été adopté. Ainsi, un volume entièrement vitré de plus petite hauteur forme un sas séparant les deux parties. Et c'est là que la cuisine est installée, jouant un rôle de "trait-d'union spatial" dans lequel on profite de deux points de vue sur le jardin.

L'extension est entièrement en métal, offrant ainsi une texture lisse et fine, accentuant encore la légèreté de l'ensemble. "Matériau-peau, cette tôle d'aluminium performée de couleur blanche rajoute une présence assez abstraite", précise l'agence. Depuis l'extérieur, ombres et reflets transforment le pavillon en un objet changeant suivant les variations de la lumière. L'aluminium pré-laqué blanc (RAL 9010) utilisé pour ce volume participe également à cet "effet caméléon", en absorbant les couleurs environnantes. Comme, par exemple, au nord, où le jaune de la maison lui donne une teinte champagne.

L'impression dedans-dehors est à son comble depuis l'intérieur, grâce aux larges baies vitrées qui offrent des cadrages et des vues grandeur nature. Le sentiment alors est d'être dans une cabane dans les arbres. "Ce projet d'extension rejoint à la fois l'image de la cabane dans les arbres, du cabanon, du pavillon, du refuge ou de la folie... dans une écriture contemporaine", s'amusent les architectes.

Sur le plan constructif, l'ouvrage est majoritairement réalisé en filière sèche à partir d'éléments préfabriqués en métal. Mais pour obtenir cette structure en porte-à-faux de 4.20 m, il a toutefois fallu une importante fondation en béton. Quatre poteaux métalliques de 20 cm capotés d'inox forment les pilotis, et sont placés au plus près de la maison. La charpente principale, sur pilotis, supporte la structure poteaux-poutres. Il s'agit d'une ossature industrielle classique à base de profilés laminés en acier galvanisé.

Mais comment conserver la finesse de l'ouvrage et le rendre phoniquement et thermiquement efficient ? "Toute l'énergie et la difficulté consistent à intégrer l'isolation en maintenant toute la finesse du projet", explique l'agence. Ainsi, une attention particulière a été apportée aux détails de mise en œuvre du métal, au dessin des angles et des pliages, au calepinage du bardage...

Et qui dit filière sèche, dit exigences environnementales. Et aussi avantages : chantier plus rapide, moins de nuisances, moins de consommations d'énergie, réversibilité du chantier qui peut se monter et se transformer aisément... Les architectes de Playtime AA ont également souhaité apporter d'autres touches "vertes" à leur projet : toiture végétalisée, sur-isolation pour le confort thermique, plancher chauffant.

A l'intérieur, le mobilier a été dessiné par les architectes. Dans la cuisine, ils ont ainsi pris en charge les rangements, le raccordement avec la maison ancienne et tous les petits détails qui ont été réalisés sur mesure. Usage et ergonomie ont guidé leurs choix, tandis que les matériaux adoptés restent peu nombreux et en harmonie avec la maison.

Extension XS, à Saint-Didier-au-Mont-d'Or (Rhône) Maîtrise d'ouvrage : NC Maîtrise d'œuvre : - Architecte mandataire : Playtime AA - BET structure : Heyberger - Décoratrice d'intérieur : Véronique Lemaire Surface : 45 m2 Coût : 180.000 € HT Livraison : 2015