Vases Aerea Studio © Aerea Studio
Aussi connue sous le nom de fabrication additive, l'impression 3D est une technologie de plus en plus utilisée dans le domaine de la décoration d'intérieur. Elle permet de créer des objets, préalablement conçus avec un logiciel, par empilement de couches successives. Longtemps utilisée comme outil de prototypage et de visualisation en architecture et design, elle séduit aujourd'hui de jeunes acteurs pour les possibilités qu'elle offre en termes de création. Si les avantages sont nombreux, son maniement nécessite toutefois une bonne préparation, soignée et précise. C'est ce que nous allons voir dans cet article, avec trois designers qui en ont fait leur outil de prédilection.

Luminaires Julie Mallet Studio © Julie Mallet Studio
La liberté offerte par la fabrication additive est un atout majeur. L'impression 3D ouvre le champs des possibles en termes de formes et de textures pour donner vie à tous les designs imaginables. "
Avec l'impression 3D, on peut créer à peu près tout ! Sa précision, combinée à des formes organiques, permet de concevoir des objets doux et de travailler des textures quasi artisanales", partage Julie Mallet, designer et fondatrice de sa marque Julie Mallet Studio. Elle imprime des luminaires, des vases et des soliflores inspirés de son sud natal. Pour sa consœur Margaux L'Appartien, de mimo-studio, le procédé de fabrication s'est même imposé comme une évidence : "
Il nous permet de concevoir des pièces uniques et sculpturales, sans recourir à des moules ou à une production de masse."
Avec l'impression 3D, les créateurs sont aussi en mesure de contrôler l'ensemble de leur production, de la conception à la fabrication, et ce de manière locale. "
Cette autonomie alimente notre liberté créative au quotidien", poursuit la designer de mimo-studio.

Lampe Bimilie, mimo-studio © mimo-studio
La maîtrise de la production et la bonne gestion des ressources est d'ailleurs un autre argument de poids en faveur de l'impression 3D. "
Cela me permet de donner vie à des pièces impossibles à réaliser par des procédés industriels traditionnels, de maîtriser entièrement ma production et de fabriquer en direct pour mes clients", témoigne Camille Lefer, fondatrice d'Aerea Studio. La designer imprime ainsi des vases, luminaires et bijoux aux effets optiques flamboyants qu'elle considère comme des sculptures.
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Architecte d'intérieur de formation, j'ai travaillé en Fablab pendant quatre ans, où j'ai appris l'impression 3D, mais aussi la découpe laser et la fraiseuse numérique. La première m'a tout de suite conquise pour la possibilité de travailler un bioplastique, le peu de chutes que cela générait, en tant que fabrication additive, et le coût relativement faible d'une imprimante, en comparaison avec les autres machines", complète Julie Mallet. La quantité de déchets générés par l'impression 3D est en effet limitée, l'imprimante ne consommant que la matière nécessaire à chaque objet.
Avoir la main sur l'ensemble du processus de production de manière locale rend aussi possible la production à la demande. En plus d'optimiser la gestion des stocks, les designers sont en mesure d'étendre les possibilités de personnalisation des produits. "
Chaque pièce est réalisée à la demande, dans notre atelier. Ainsi nous pouvons proposer une personnalisation en ce qui concerne les couleurs et nous adapter à certaines demandes spécifiques", déclare Margaux L'Appartien.
Générer moins de déchets est une bonne chose, mais le faire à partir d'un matériau biodégradable est encore mieux ! C'est d'ailleurs ce qui a séduit Julie Mallet : "
Pouvoir imprimer avec un bioplastique est un vrai plus ! J'imprime essentiellement avec du PLA coloré par l'ajout de résidus organiques ou minéraux, comme des coquilles Saint-Jacques, des moules ou du marc de café." Le PLA est un polymère biodégradable, généralement obtenu à partir d'amidon de maïs. Il est aussi utilisé par Bleuu Studio pour l'impression de ses nouvelles lampes Fluffy.

Lampe Fluffy, Bleuu Studio © Bleuu Studio
Si les avantages de l'impression 3D sont nombreux, l'outil n'est pas si simple qu'il en a l'air. "
L'impression 3D est un processus lent et exigeant. Il nécessite des réglages constants, de porter une attention particulière à la température, à l'humidité, au calibrage. Chaque impression demande une intervention humaine, que ce soit pour le lancement, la surveillance ou les éventuelles reprises en cas d'incident", alerte Margaux L'Appartien. Camille Lefer met aussi en avant les années de formation qu'implique ce procédé, ainsi que les mois de conception et de R&D pour créer des pièces uniques et fonctionnelles.
Enfin, les imprimantes 3D elles-mêmes comportent leurs limites, notamment avec des volumes d'impression restreints qui imposent parfois de concevoir les pièces en plusieurs parties. Une contrainte de taille que mentionne Julie Mallet : "
Il faut pouvoir imprimer son objet dans le volume d'impression, ce qui implique de devoir composer certains grands objets en plusieurs parties. Par conséquent, de cette contrainte technique naît la forme. Par ailleurs, on ne peut pas imprimer dans le vide (sauf lorsqu'on veut imprimer des textures particulières). Il faut donc penser les pièces de sorte qu'elles s'impriment du mieux possible sans avoir recours à des supports qui devront être retirés après impression."
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Je finirai par dire que le fait de devoir modéliser ses créations en 3D en amont permet de pousser son idée et de réaliser des formes complexes qu'il serait difficile de faire à la main", reprend Julie pour conclure cet article. L'impression 3D semble alors s'imposer comme une alternative responsable, permettant aux jeunes créateurs de laisser libre cours à leur imagination.