Une taxe "surprise" sur les plus-values immobilières les plus élevées

    Publié le 6 décembre 2012 par Sébastien Chabas
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    credit immobilier © MAP
    Une surtaxe "surprise" vient d'être ajoutée, mardi 4 décembre, via un amendement au texte du projet de loi de Finances rectificatives pour 2012 (PLFR). Au final, les cessions de biens imposables (hors résidences principales), actuellement taxées à 19%, devraient voir leur fiscalité alourdie de 3% si elles donnent lieu à une plus-value de plus de 100.000 euros et de 5% si celle-ci dépasse 150.000 euros. Le Gouvernement espère ainsi récupérer 150 millions d'euros pour le logement social. Précisions et réactions de la FNAIM.
    Voici une information qui ne devrait pas rassurer les professionnels du secteur de l'immobilier. Mardi 4 décembre, le Gouvernement a déposé des amendements surprises au projet de loi de finances rectificatives 2012 (PFLR), actuellement, en cours d'examen à l'Assemblée nationale. L'Etat se prépare donc à taxer davantage les plus-values liées à la vente de biens immobiliers. Ce dispositif "permettra de récolter quelque 150 millions d'euros par an à partir de 2014", d'après Les Echos, qui ont révélé mercredi 5 décembre l'existence de cet amendement.
    En effet, après le renoncement de Bercy à taxer les plus-values immobilières au barème progressif, les propriétaires fonciers étaient soulagés. Toutefois, dans le cadre de la discussion du projet de loi de finances rectificative pour 2012, le Gouvernement prévoit de surtaxer particulièrement les grosses plus-values immobilières.

    Les plus-values seront taxées selon trois taux

    Ainsi, à compter de 2014, les plus-values devraient être taxées selon trois taux. Jusqu'à 100.000 euros, le contribuable supportera une imposition de 19 % (le taux actuel). Entre 100.000 et 150.000 euros de gains, le taux passera à 22 % et au-delà de 150.000 euros à 24 %. Si l'on y ajoute les prélèvements sociaux, les taux globaux d'imposition seront respectivement de 34,5%, 37,5 % et 39,5 %.
    L'objectif de ce dispositif est de "contribuer au financement du programme de rénovation urbaine mis en œuvre par l'ANRU et au financement du développement et de l'amélioration du parc de logements locatifs sociaux", explique ce mercredi le Gouvernement dans l'exposé de la mesure.
    La taxe, qui ne s'appliquerait pas aux cessions de terrains à bâtir, "ne concernerait de facto que les contribuables les plus aisés pour lesquels l'importance de la plus-value réalisée traduit un enrichissement conséquent qu'il est légitime (...) de faire participer au financement du programme de rénovation urbaine", fait valoir le Gouvernement.
    Mais, pour "amplifier l'incitation à céder des immeubles en 2013 et participer ainsi au choc d'offre que le gouvernement entend impulser", la taxe "ne s'appliquerait qu'aux plus-values de cession réalisées à compter du 1er janvier 2014".

    Une autre taxe sur les logements sous-occupés

    Par ailleurs, un autre amendement déposé mardi soir a de quoi inquiéter les propriétaires de résidences secondaires. Le Gouvernement veut créer une taxe sur les logements sous-occupés dans les agglomérations connaissant un déséquilibre marqué entre l'offre et la demande de logements, pour inciter les propriétaires à les remettre sur le marché.
    Cette taxe de 5%, calculée sur la valeur locative cadastrale du logement, s'appliquerait aux logements meublés non affectés à l'habitation principale. "En année pleine, ces deux mesures doivent rapporter un peu moins de 300 millions d'euros", estime le quotidien économique Les Echos.
    Par ailleurs, le Gouvernement propose de modifier le dispositif du prêt à taux zéro (PTZ+) pour "renforcer l'aide accordée aux ménages les plus modestes" en la réduisant parallèlement pour les contribuables les plus fortunés, selon un autre amendement rendu public mercredi 5 décembre.

    Un dispositif inapplicable pour la FNAIM

    Interrogé ce mercredi par la rédaction, Jean-François Buet, président de la FNAIM estime que ce dispositif prévu par le Gouvernement est "inapplicable": " Dans un premier temps, nous sommes très surpris d'avoir appris l'existence de cet amendement via la presse ce mercredi et nous n'avons pas du tout été consultés. Le deuxième point : nous nous accordons à dire que trop d'impôts tue l'impôt. C'est une mesure excessive à l'encontre du propriétaire vendeur. Et ce dernier ne va pas pouvoir vendre. De plus, cela ne va pas participer à la baisse des prix des biens. Par ailleurs, une baisse des droits de mutation au bénéfice des collectivités territoriales est à prévoir. Et d'ajouter: " Je ne pense pas non plus que cette taxe va financer concrètement le logement social. En ce qui concerne, la création d'une autre taxe sur les logements sous-occupés et en zones tendues, dont j'ai découvert par surprise l'existence à l'Assemblée nationale, je suis perplexe. Ce sera très difficile, à notre avis, de savoir si un logement est réellement occupé. Si la moitié des bénéfices de la taxe doit servir au recouvrement de la taxe, cela me paraît réellement inapplicable.

    l'Assemblée nationale a voté la hausse de la TVA

    L'Assemblée nationale a voté mercredi soir une hausse de TVA de 7 à 10% à compter de début 2014, assortie d'une refonte des trois taux existants. La mesure, intégrée au projet de budget rectificatif de fin d'année par un amendement gouvernemental, doit rapporter autour de 6,4 milliards d'euros en 2014, qui contribueront au financement des 20 milliards d'euros du crédit d'impôt sur la compétitivité et l'emploi.
    Vote de la surtaxe - Mise à jour au le 7 décembre 2012 18h52 :
    Les députés ont voté vendredi la surtaxe sur les plus-values immobilières dont le montant est supérieur à 50.000 euros. La mesure votée ce vendredi prévoit un élargissement de l'assiette initialement annoncée, en proposant une surtaxe progressive sur les plus-values de biens immobiliers (résidences principales exclues), jusqu'alors taxées à 19% : 2% à partir de 50.000 euros, 3% de 100.000 et jusqu'à 6% pour 250.000 euros. En revanche, le gouvernement n'a finalement pas maintenu son projet d'amendement instaurant une taxe de 5% sur les résidences secondaires dans les zones tendues. "Il n'était pas opportun d'ajouter un impôt de l'Etat sur un impôt local", a déclaré le rapporteur général du Budget, Christian Eckert (PS). (avec AFP)
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