"L'air intérieur, une pollution méconnue et sous-estimée"

    Publié le 14 avril 2009 par Propos recueillis par Aude Moutarlier
    Roger Verhote
    Roger Verhote
    Les Français passent en moyenne 80 à 90 % de leur temps à l'intérieur d'espace clos ou semi-clos que ça soit dans les logements, lieux de travail, écoles, espaces de loisirs, commerces, transports... Mais comment définir l'air intérieur ? Un point avec Roger Verhote, spécialiste de ce sujet depuis une vingtaine d'années, conférencier au rectorat de Lille et ancien directeur commercial de la société R.Filtration.
    Maison à part : Vous êtes spécialiste depuis une vingtaine d'années de la qualité de l'air intérieur. Qu'est ce qui vous a conduit dans cette voie ?
    Roger Verhote : Il y a 20 ans, j'ai commencé une activité professionnelle dans la maintenance et l'entretien des systèmes de ventilation. Je me suis vite rendu compte qu'ils étaient indispensables à nombreux titres (santé, respiratoire...) mais surtout qu'ils servaient à renouveler l'air ambiant de tous les locaux quels qu'ils soient. J'ai trouvé de très nombreuses installations de ventilation dans un état pitoyable au point d'apporter plus de problèmes que de confort. Ce qui m'a amené à les étudier, les diagnostiquer, les nettoyer, les améliorer... Mais surtout j'ai voulu sensibiliser les utilisateurs, donneurs d'ordre, installateurs, fabricants, sociétés de maintenance, en les informant sur les risques liés à une installation mal étudiée, mal conçue, mal installée, et surtout mal entretenue. L'air intérieur est une pollution qui est vraiment sous-estimée. Par la suite, je suis devenu une sorte d'expert de la pollution de l'air intérieur, et du service hygiène, sécurité des bâtiments du rectorat de Lille où j'ai donné de nombreuses conférences.
    Maison à part : D'après un tableau édité par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qui dévoile les principales causes de décès dans le monde, plus de 9 millions de personnes meurent chaque année dans le monde de maladies du système respiratoire. Que préconisez-vous ?
    Roger Verhote : En effet, et c'est malheureusement exacte. Les maladies respiratoires ont des causes et des origines diverses. Ce qui est certain c'est que l'être humain respire en moyenne 15.000 litres d'air par jour. Ce qui est important c'est de savoir ce que l'air contient et ce qui peut être nuisible à notre organisme, tels que les bactéries, les poussières, les polluants. Mais il n'y a que l'oxygène qui est indispensable au corps humain car il permet de brûler les sucres des aliments que nous avons ingérés. Le reste nous empoisonne à petit feu. Le problème c'est que nous respirons tout ce que l'air contient sans en faire le tri. Alors que nous choisissons avec soin ce que nous allons boire et manger, nous respirons tout ce que l'air contient sans en faire le tri. La pollution extérieure dépend d'une volonté politique internationale. La pollution intérieure est maîtrisable par le choix des matériaux de construction, de décoration, d'ameublement et des produits d'entretien qui contiennent des formaldéhydes et des composés organiques volatils. Une ventilation bien conçue permettra d'évacuer la pollution intérieure générée par les matériaux et produits que je viens de citer, mais aussi l'excès d'humidité, les poussières, le gaz carbonique, les mauvaises odeurs. Une ventilation sert également à apporter de l'air neuf de l'extérieur mais encore faut-il le filtrer pour qu'il soit propre, sinon la pollution extérieure vient s'ajouter à la pollution intérieure. La ventilation mécanique contrôlée (VMC) aujourd'hui ne suffit plus. Il faut envisager pour tous les locaux, où il y a une présence humaine, une ventilation à double flux régulée.
    Maison à part : Existe-t-il des réglementations en matière de qualité de l'air intérieur ?
    Roger Verhote: Oui, il faut se rapprocher de la réglementation générale concernant l'aération et l'assainissement des ambiances de travail, et surtout de l'article R. 232-5 qui stipule que dans les locaux fermés où le personnel est appelé à séjourner, l'air doit être renouvelé de façon à maintenir un état de pureté de l'atmosphère et d'éviter ainsi les élévations exagérées de température, les odeurs désagréables et les condensations.
    Les règles applicables à l'aération, à la ventilation et à l'assainissement des locaux que je viens de mentionner sont fixées, suivant la nature et les caractères de ces locaux, aux articles R. 232-5-1 à R. 232-5-11. Concernant l'habitat, dans un logement, l'air doit être entièrement renouvelé plus de 7 fois dans une journée. Dans le code de la construction et de l'habitat, le législateur (Art. R 111-9) dit que les logements doivent bénéficier d'un renouvellement de l'air et d'une évacuation des émanations de manière à ce que les taux de pollution de l'air intérieur du local ne constituent aucun danger pour la santé et que puissent être évitées les condensations, sauf de façon passagère. Un arrêté conjoint de plusieurs ministères dont celui de la Santé et de l'Industrie précise les modalités d'application du présent article. Les Arrêtés du 24 mars 1982 et du 28 octobre 1983 fixent les débits des logements.
    Maison à part : Quels sont les enjeux de la qualité de l'air intérieur ?
    Roger Verhote: Le principal est d'améliorer les conditions de vie des individus en préservant leur santé. Je ne le dirai jamais assez, mais l'environnement commence là où vous êtes, maintenant ! Le plus important à retenir et qui doit rester à l'esprit de chacun c'est que l'être humain respire chaque jour en moyenne 15.000 litres d'air pour oxygéner 10.000 litres de sang. C'est suffisant pour se poser les bonnes questions et mettre en œuvre les bonnes solutions.
    Blog de Roger Verhote : www.airconsult.over-blog.com
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