De New-York à Paris : un nouveau regard sur la ville

Farandoles de couleurs ou véritables patchworks de paysages urbains ? Si elles sont difficiles à décrire, les photographies de Jérôme Revon présentées jusqu'au 31 juillet au travers de l'exposition "Paris / New York, un regard sur la ville", à la galerie Images de fer, interpellent d'emblée. Sans doute, car elles illustrent des rues et des monuments familiers. Plus encore car, malgré cette reconnaissance, il faut chercher pour reconstituer l'image originale découpée en plusieurs vues. Un procédé artistique qui, loin de perdre le visiteur, redonne au contraire leur force originelle à des fleurons de l'architecture.

La ville en "splits"

Depuis toujours, Jérôme Revon a deux passions : l'architecture et la photographie : "Déjà, à l'âge de 15 ans, je découpais puis je collais les images des villes nées de mon objectif", nous raconte-t-il. Devenu un réalisateur puis un producteur reconnu pour le petit écran, l'artiste est revenu, il y a peu, à ses premières amours : "En fait, je ne les avais pas vraiment quittées. Mon univers de travail intégrait déjà la question du regard, du cadrage, du flou, de la contre-plongée... Autant de concepts communs à la vidéo et à la photo. J'ai suivi la même formation, ou devrais-je plutôt dire, la même déformation artistique dans les deux domaines", s'amuse-t-il. Le terme anglais "split", qui définit le travail de Jérôme Revon, est d'ailleurs utilisé lors des tournages : "Il signifie la superposition d'une image par-dessus l'autre. Un procédé que je reprends à mon compte, dans mes oeuvres. Chaque tableau est en effet réalisé à partir des morceaux de deux photographies", explique l'artiste. Chacune est découpée sous la forme de lames indépendantes de quelques dizaines de centimètres, puis posée en alternance, afin de créer un mouvement inédit.

Une double vue

Jérôme Revon ne prend, en moyenne, que quelques jours pour photographier chaque ville sous toutes les coutures : "Ce laps de temps est amplement suffisant. Je peux repartir avec jusqu'à 3.000 photographies sous le bras. Le plus long est ensuite d'associer deux images. Un mariage qui est soit le fruit du hasard, soit une recherche de couleur ou de forme en complément d'une photo déjà prise", précise-t-il. Au final, la superposition des deux vues révèle une nouvelle vision de la ville : "Associées l'une à l'autre, les deux illustrations de départ créent un troisième paysage représentatif de l'univers urbain tel que je le perçois : beau et fascinant, le plus souvent dépourvu de personnages, fidèle à l'image que l'on s'en fait et pourtant, à chaque instant, renouvelé".